Témoignage. "On ne peut plus soigner comme il le faut" : le cri d'alarme d'un médecin généraliste à bout

Publié le Écrit par Sixtine Boyer et Alexandre Grellier

Manque de médecins traitants, manque de soutien du gouvernement, lenteur de l'accès aux soins et aux spécialistes : un médecin généraliste à bout dénonce les défaillances du système de santé français.

David Costa est médecin généraliste à Nîmes depuis 20 ans. Pourtant passionné par son métier, il dénonce un système de santé à bout de souffle et des médecins qui s'épuisent. Ces conditions réunies le tentent même d'arrêter d'exercer.

Rébellion

"Si je ne peux pas continuer à soigner les gens correctement dans de bonnes conditions et que je n'arrive plus à exercer mon métier comme il le faut, je pense que j'irais faire autre chose", déclare le médecin lorsqu'on lui demande s'il envisage réellement d'abandonner son métier.

En effet, pour lui, prendre cette décision, c'est "un signal d'alarme fort pour la population de dire qu'on ne peut plus les soigner comme il le faut".

Mon message c'est de dire aux gens, manifestez-vous, allez voir les associations de patients, faites quelque chose pour que votre santé sois prise en compte dans ce pays.

David Costa - médecin généraliste

Revalorisation

La prochaine revalorisation du tarif de la consultation (de 26,50 à 30 euros à partir de décembre 2024 a priori) ne suffit pas à réduire le malaise présent chez les professions médicales.

La question n'est pas du tout sur la rémunération. On manque de médicaments, les délais de spécialistes sont trop longs, il y a plein de gens qui n'ont pas de médecin traitant. Alors qu'on soit un peu plus payés, ça va attirer un peu plus de jeunes dans ce beau métier mais pas suffisamment.

David Costa - médecin traitant

Selon le Nîmois, si augmenter le nombre d'étudiants qui arrivent en médecine est une bonne initiative, elle n'est pas suffisante : "on n'a pas augmenté le nombre de cours ni le nombre de professeurs et de personnel administratif".

Manque de médecins traitants

Aujourd'hui, au moins 15 000 habitants de Nîmes n'auraient pas de médecin traitant. Et les conséquences sont désastreuses.

J'ai vu quelqu'un qui avait un mélanome en urgence et du coup il y a eu un retard dans les soins et ça, ça n'est pas possible. On nous a aussi demandé de prendre un patient qui a une greffe de cœur qui est sans médecin traitant.

David Costa - médecin généraliste

Si "97% du territoire est couvert aux horaires de permanence des soins", selon le généraliste, il faut "réfléchir à un système pour prendre soin des gens."

On est complètement dans une médecine à plusieurs vitesses, il y a beaucoup d'inégalités et je pense qu'elles vont se creuser.

David Costa - médecin généraliste

Comme à Alès par exemple où la maison médicale de garde fonctionne lorsque les cabinets ferment le soir, les jours fériés et les week-ends. Pour David Costa, cette solution apporte une réponse concrète à la problématique de l'accès aux soins.

Et les spécialistes ?

Aujourd'hui, c'est aussi le manque de soutien de la part du gouvernement que dénonce le médecin. D'après lui, les services de l'état font fausse route en poussant les patients à consulter directement les spécialistes.

Les annonces de Gabriel Attal, pour moi, c'était un coup de poignard. Dire "vous allez voir les spécialistes en accès direct", c’est nier l'essence de la médecine générale, c'est dire nous n'avons plus besoin de vous, c'est dire vous n'êtes bon qu'à prescrire des dolipranes et à remplir des ordonnaces.

David Costa - médecin généraliste

Il justifie son point de vue en affirmant qu'au lieu de fluidifier le parcours d'accès aux soins, cela va créer des embouteillages. "Imaginez : vous avez quelque chose à la poitrine alors vous décidez d'aller voir le cardiologue. Finalement, ça n'était pas lui qu'il fallait aller voir mais peut-être plutôt le pneumologue ou quelqu'un d'autre. Vous aurez pris une consultation un peu inutile", démontre-t-il.

Avant d'ajouter "moi quand j'envoie un patient chez un spécialiste, il arrive avec un courrier très détaillé alors je fais gagner beaucoup de temps au spécialiste et il y a beaucoup de situations où c'est important que nous faisions la synthèse du parcours de soins, c'est notre plus-value, notre spécialité."

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