Taxe de 5€ si vous posez un lapin à votre médecin : pas assez cher payé pour ceux "qui volent des rendez-vous à d'autres patients", selon un syndicat

L'annonce d'une série de mesures destinées à favoriser l'accès aux soins de ville par Gabriel Attal, ce samedi 6 avril 2024, fait grincer des dents du côté des syndicats de médecins. Exemple : l'Union française pour une médecine libre évoque de "l'affichage et du bricolage". Entretien.

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Poser un lapin à son médecin pourrait bientôt vous coûter cinq euros de pénalité. Voici l'une des mesures dévoilées, ce samedi 6 avril 2024, par Gabrial Attal auprès de la presse quotidienne régionale, afin de favoriser l'accès aux soins en ville. L'objectif annoncé est de "reconquérir du temps médical". Mais certains médecins crient déjà au loup. Jérôme Marty est médecin généraliste à Fronton en Haute-Garonne. Il est le président de l'Union française pour une médecine libre. Et les déclarations du Premier ministre ne sont pas vraiment de nature à apaiser cette organisation syndicale.

Taxe "lapin" : "une somme assez modique"

Dans les cabinets médicaux, l'annonce d'une sanction financière pour les patients qui ne viennent pas à leur rendez-vous est globalement bien accueillie. Malades et soignants s'accordent à dire qu'il faut effectivement responsabiliser les patients. "Cette taxe "lapin", on la porte depuis 2018, explique Jérôme Marty. Là, on nous parle de cinq euros qui seraient prélevés sur les plateformes de rendez-vous, ce qui est assez étonnant. La somme est assez modique, estime également le président de l'UFML-S.

On rappelle que c'est une pénalité pour des patients qui font preuve d'incivisme et qui, en quelque sorte, volent des rendez-vous à d'autres patients.

Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre

Sur ce point, l'organisation syndicale attend de voir les modalités d'application de cette taxe sanction. Donc, on attend d'avoir toutes les modalités de cette fameuse taxe lapin. La somme pourrait être retenue via l'empreinte bancaire par les plateformes ou par les soignants eux-mêmes. La mesure pourrait entrer en vigueur dès 2025 après examen d'une loi par le Parlement.

Accès à un spécialiste sans passer par un généraliste

"C'est une folie", nous rétorque immédiatement, Jérôme Marty. "Parce que le médecin généraliste est le médecin de premier recours. Celui qui filtre en quelque sorte les entrées chez les spécialistes, rappelle-t-il. Ce qui n'empêche pas des délais d'attente de plusieurs mois, voire un an, avant d'obtenir un rendez-vous.

"Là, si on fait des entrées directes, ça passera à deux, trois ans", craint le président de l'AFML-S qui estime cette mesure hors de propos et incohérente.

"Ce n'est pas le rôle des pharmaciens que de jouer au docteur"

Permettre au pharmacien de délivrer des antibiotiques sans ordonnance, cette mesure-là fait littéralement bondir Jérôme Marty. "Les pharmaciens ne sont pas médecins. Les médecins ne sont pas pharmaciens, ce ne sont pas les mêmes métiers", met-il en avant. "Quand on prescrit un médicament, c'est qu'on a fait un diagnostic différentiel. Les pharmaciens n'y sont pas formés."

Le médecin généraliste s'étonne également de la capacité des pharmaciens à être disponible pour cette prise en charge. "Les pharmaciens travaillent avec dix à quinze médecins. Comment se fait-il que dans la tête des politiques, le pharmacien qui est seul pour quinze médecins, lui, n'est pas débordé", s'interroge Jérôme Marty.

"Politique de destruction du tissu sanitaire privé"

La série de mesures ne se résumerait-elle pas à un simple effet d'annonce ? "Disons que l'ensemble des déclarations du Premier ministre, Gabriel Attal, tiennent de l'affichage et du bricolage. Et c'est assez dangereux au regard de notre système sanitaire", nous répond le président de l'Union française pour une médecine libre.

Et le médecin généraliste de Haute-Garonne voit surtout dans la démarche du gouvernement "une attaque en règle contre la médecine libérale" avec l'organisation de fermeture des établissements de santé privé. "Le gouvernement mène une politique de destruction du tissu sanitaire privé", écrit l'UFML-S dans un communiqué publié ce dimanche 7 avril 2024.

(Propos recueillis par Auriane Duffaud)

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