Vincent Amalric avait 19 ans quand il a vu son patron et un de ses collègues se faire tuer par Valentin Marcone dans la scierie où ils travaillaient tous les quatre. Le jeune homme a longuement déposé à la barre de la cour d'assises à Nîmes.
Vincent Amalric a eu la vie sauve. Appelé à la barre lundi 24 janvier dans l'après-midi, le jeune homme aujourd'hui âgé de 22 ans a raconté la scène agrippé au pupitre. Il était à quelques mètres de Valentin Marcone lorsque celui-ci a abattu leur patron Luc Teissonnière et Martial Guérin un autre employé de la scierie des Plantiers (Gard) où ils travaillaient tous les quatre.
Il évoque le ton qui monte entre les victimes et l’accusé qui n’aurait pas dit "bonjour".
"Luc a dit à Valentin : "la moindre des choses c'est que le matin on se dise "bonjour" tout simplement et ça a dégénéré". "Valentin lui a répondu "ferme ta gueule, j'ai dit bonjour". Et puis Martial lui a lancé : "t'as vraiment un pète au casque !" Alors Marcone nous a dit : "Vous aussi fermez vos gueules". Il a ouvert sa combinaison et il a tiré".
Il a tiré deux fois sur Luc, c’était tellement rapide et deux fois sur Martial.
J’ai vu que les deux avaient pris une balle dans la tête.
Vincent AmalricTémoin
"Quand tu as vu Luc tomber tu as compris qu’il était mort ? demande son avocat Rémy Nougier. Oui j’ai vu son sang sortir de sa tête.
J’ai pensé que j’allais mourir avec eux, j'ai pensé que j'allais y passer. Les images resteront à vie.
Vincent AmalricTémoin
Luc était plus un collègue qu’un patron. Martial, c’était un ami, un grand frère", souffle le jeune homme à la barre.
L'ambiance à la scierie
Au cours de son audition, on en apprend un peu plus sur l’ambiance à la scierie. Luc Teissonière, est décrit comme un patron paternaliste "qui n’y allait pas par quatre chemins quand il avait quelque chose à dire". Martial Guérin était un autre employé avec qui le jeune homme s’était lié d’amitié mais n'appréciait pas trop Valentin. Valentin Marcone était à part " dans son coin". Il ne prenait jamais le café et les croissants à la pause avec les autres.
Pas de licenciement envisagé selon le témoin
Luc Teissonière a-t-il eu l’intention de licencier Marcone. "Il faisait des erreurs dans son travail mais ne projetait pas de le licencier car c’est difficile de recruter dans ce secteur", a ajouté le témoin.
Vincent affirme avoir imploré l'accusé de l'épargner : "Je t'en supplie, ne me tue pas", aurait-il lancé à l'accusé qui ne s'en souvient pas.
La cavale
Après le double homicide Valentin Marcone repart, s'arrête chez lui, raconte à sa femme ce qu'il a fait et s'enfuit dans la forêt. " Je me suis demandé en sortant de la maison si je n'allais pas me mettre une balle dans la tête. De loin, j'ai vu ma femme et ma fille et j'ai changé d'avis. Je me suis déplacé dans la forêt car j'avais peur de me faire tuer. Le dernier jour, je me suis caché dans un trou de sanglier. Quand j'ai vu qu'il n'y avait plus que deux gendarmes, j'ai décidé de me rendre", raconte l'accusé.
Aurait-il pu tirer sur des gendarmes ? " Non je m'étais débarrassé des armes. Partir dans la forêt avec une carabine d'est débile.
Tirer sur deux personnes c'est horrible. J'ai explosé. C'est difficile même pour moi de comprendre ce que j'ai fait.
Valentin MarconeAccusé
On se sent sale et dégueulasse d'avoir tué deux personnes pour rien, d'être un meurtrier", conclut-il.
L'audience se poursuit ce matin avec l'audition des experts et l'après-midi avec celle des proches de Valentin Marcone.
Le verdict sera rendu le 29 janvier.