L'ancienne ministre nîmoise rend hommage à Robert Badinter, son collègue au gouvernement entre 1981 et 1986, décédé le 9 février à 95 ans. Ministre de la Justice sous François Mitterrand, il avait porté devant le parlement la loi sur l'abolition de la peine de mort.
"Le mot que j'ai le plus envie de lui dire, c'est 'merci' !" Au moment d'évoquer son ami Robert Badinter, on sent chez Georgina Dufoix de l'émotion et beaucoup d'admiration. Cette Nîmoise, ancienne ministre des Affaires sociales, a été la collègue de Robert Badinter au gouvernement, entre 1981 et 1986.
Ce dernier, qui avait porté devant le parlement la loi sur l'abolition de la peine de mort en tant que ministre de la Justice, est décédé ce vendredi 9 février, à 95 ans.
Nommé garde des Sceaux en 1981, après l'élection de François Mitterrand, il était devenu le fer de lance de cette cause. L'abolition de la peine de mort, très impopulaire, était une promesse de campagne de François Mitterrand.
À cette époque, Georgina Dufoix vient d'être nommée secrétaire d'État en charge de la Famille, avant de devenir trois ans plus tard ministre des Affaires sociales.
"Il défendait la vie"
Robert Badinter, alors jeune avocat, s'était vu chargé de défendre l'abolition de la peine capitale après l'une de ses plaidoiries, remarquée pendant le procès d'un meurtrier. "Il plaide non pas la liberté pour ce monsieur, il plaide déjà l'abolition de la peine de mort, en disant : 'Si vous coupez un homme en deux, le problème ne sera pas résolu pour autant'. Ça, ça avait marqué, quand même", se souvient Georgina Dufoix.
Celle qui faisait alors son entrée au gouvernement se souvient des mots adressés par le président de la République à son ministre de la Justice, alors que celui-ci s'apprêtait à défendre l'abolition devant les parlementaires : "Mitterrand a dit : 'Badinter, vous ne plaidez pas ! Vous défendez une très belle cause, mais ne plaidez pas !'".
Il défendait la vie, et pas la vie de quelqu'un de propre ou de sale ; la vie en tant que telle.
Georgina Dufoix, ancienne ministreà France 3 Occitanie
Le discours du ministre marquera son époque. "Moi, je me suis appuyée toute ma vie sur ce discours qui, en fait, m'a touché parce qu'il défendait l'humanité. Il défendait la vie, et pas la vie de quelqu'un de propre ou de sale ; la vie en tant que telle", évoque l'ancienne ministre. "Il a défendu toute sa vie ce à quoi il croyait. (...) Il a été cohérent. C'est un homme qui n'a pas eu de problème avec #MeToo, pas eu de problèmes avec des histoires financières. Il a eu une vie très, très cohérente. Chapeau !", lance-t-elle.
Un hommage national sera rendu à Robert Badinter, mercredi 14 février à midi, sur la place Vendôme, à Paris.