Fin février, le gouvernement a publié son "Plan loup" pour les années 2024 à 2029. En dehors d'une procédure simplifiée pour les tirs de défense et d'une hausse des indemnisations, il fait aussi la part belle aux aides pour les chiens de protection. Quels sont les avantages et inconvénients de ces gardiens à quatre pattes ?
Quand un inconnu s'approche de l'enclos... même en compagnie du berger, les chiens de protection donnent l'alerte. Ils aboient en restant à distance.
Ils ont vu que l'on continuait à avancer alors ils se signalent. Ce ne sont pas des chiens de défense ou d'attaque mais des chiens de protection. Il ne va pas au contact.
Frédéric Ehret, éleveur et berger, référent local chiens de protection
Le patou, chien de protection du troupeau
Sur cette parcelle viticole, exploitée en écopâturage et entourée d'une clôture électrique, ils sont deux à monter la garde. Des chiens croisés, mélange de patou des Pyrénées et de leur cousin italien des Abruzzes.
"Ce sont des chiens, nés et élevés en bergerie jusqu'à deux mois. Donc, ils ont déjà le contact aux bêtes. Et ils sont issus de parents qui étaient déjà sur l'exploitation" détaille le berger.
Et il apprécie surtout leur effet apaisant sur le troupeau.
Le chien, il naît avec des bêtes, il passe sa vie avec elles. Quand il y a des naissances, il est là aussi en protection. Il est omniprésent pour le troupeau.
Frédéric Ehret, éleveur et berger. Référent local chiens de protection.
Pour l'achat de ces chiens, le dressage et les soins vétérinaires, l'éleveur reçoit une aide qui couvre à peine la moitié de ses dépenses sur l'année.
Dans cet autre élevage, à Cannes-et-Clairan, éloigné des habitations, deux patous veillent avec un chiot en apprentissage sur 700 brebis en bordure d'un chemin. Le voisinage n'a rien à craindre. Les chiens ont appris à ne pas franchir le filet électrique.
Le berger n'ouvre l'enclos que pour déplacer le troupeau vers un autre pâturage.
Vers un statut juridique des chiens de troupeaux
L'an dernier, un loup s'est introduit dans l'un des enclos malgré la présence des chiens et il a attaqué plusieurs bêtes. Pourtant, la présence du patou est très dissuasive et pas seulement pour les loups.
Je suis beaucoup plus serein par rapport aux sangliers. Avant d'avoir les chiens, ils défonçaient et cassaient les clôtures et les brebis pouvaient s'échapper. Ils sont aussi utiles contre les vols d'agneaux.
Matthieu Voissier, éleveur et berger à Cannes-et-Clairan
Un atout pour la dissuasion mais aussi une contrainte en période d'estive sur les chemins de garrigue.
"Là, je dois surveiller, les brebis, les chiens et voir de loin si des randonneurs ou des cyclistes approchent. Je vais rapidement à leur rencontre avant que les patous n'arrivent vers eux pour qu'ils n'aient pas peur et qu'ils n'essaient pas de les caresser" explique Matthieu Voissier, éleveur et berger.
Le nouveau plan loup 2024-2029 prévoit la création d'un statut de chien de troupeaux qui dégage les bergers de leur responsabilité en cas d'accident avec les patous.
Marc Fesneau en octobre 2023 a promis : "Il y aura un texte législatif sur le statut du chien patou. Je vais essayer de le produire à l’automne". Le ministre de l’Agriculture a précisé : "Il faut en faire un chien de travail, ce qui permettrait de dire que ça ne peut pas être un chien en divagation".
Un statut qui, espère-t-il, "permettrait de limiter la responsabilité de l’éleveur en cas d’accident" avec une tierce personne, comme un randonneur. Ce changement de statut est prévu dans le Plan loup 2024-2029.
Écrit avec A. Rozga.