Viol : pour les enquêteurs, démêler le vrai du faux

Une adolescente de 16 ans a porté plainte à Nîmes disant avoir été violée dans un camping au Grau-du-roi. L’enquête a démontré que ces accusations étaient infondées. Vrai ou faux viol, des affaires sensibles à appréhender, comme nous le confime le procureur de Nîmes, Eric Maurel.

Un homme de 20 ans en garde à vue suspecté du viol d’une adolescente dans un camping du Grau-du-roi (Gard)… L’enquête sous la houlette du parquet de Nîmes révélera rapidement que les faits ne sont pas avérés.

Viols, agressions sexuelles. Policiers, gendarmes et magistrats sont confrontés chaque jour à des vraies ou fausses victimes, des accusatrices de bonne foi qui dénoncent des faits impossibles à prouver… Si le viol est dramatique pour une vraie victime, il peut l’être tout autant pour une personne injustement accusée. 

Le doute, clé de voûte de l'enquête

« Les investigations et les interrogatoires ont mis en évidence des incohérences et des contradictions du témoignage de l'adolescente. Un bon enquêteur doit toujours douter et vérifier tout ce qu’on lui raconte. Cette fiction inventée a entraîné la garde à vue d’un jeune homme mais grâce aux techniques d’interrogatoire,on a pu mettre en évidence ces incohérences", précise Eric Maurel procureur de Nîmes.

«Depuis que j’exerce ce métier, j’ai pu constater que

Même des personnes qui avaient avoué un viol, et avaient été placées en détention étaient finalement innocentes .

Eric Maurel, procureur de Nîmes



Cela a a été le cas d’un jeune homme qui avait eu une relation consentie auparavant avec la victime présumée et qui s’est senti obligé d’avouer un viol qu’il n’avait pas commis. Les investigations avaient alors démontré qu'il n'était pas présent sur les lieux au moment des faits.

Si on dépose une fausse plainte pour viol, on risque des poursuites pour dénonciation de faits imaginaires et dénonciation calomnieuse. Jusqu'à 45 000 euros d'amende et 5 ans de prison.

La zone grise du viol


Une soirée arrosée, un consentement qui n’en est pas vraiment un , on parle alors de zone grise du viol.

"Quand une femme, dit « non », elle dit « non ».


La vraie difficulté pour la justice, la question centrale, c'est la question du consentement. "Nous avons aussi besoin de preuves sur la matérialité du viol, des faits. Il nous faut des éléments objectifs : des examens médico-légaux et éventuellement gynécologiques, ce sont éventuellement des témoignages, des confidences à une tierce personne… Il faut que l’on ait la matérialité de l’acte car pour qu’il y ait viol il faut qu’il y ait une pénétration sexuelle de quelque manière que ce soit. Certaines victimes d’agressions sexuelles qui sont de bonne foi, se considèrent comme ayant été violées, ce que nous pouvons comprendre mais juridiquement ce n’est pas un viol", précise encore Eric Maurel.

Qui dit vrai ?

Sur la question du consentement, notamment au sein d’un couple le but et la difficulté, c’est d’arriver à savoir qui dit vrai.
« On est confrontés à de fausses plaintes pour viol avec des victimes de bonne foi qui pensent voir été violées".
Le chef du parquet de Nîmes fait ici référence à deux jeunes femmes en discothèque après une soirée alcoolisée qui ont été persuadées qu’on avait versé des produits dans leur verre pour ensuite avoir fait l'objet d’abus sexuels. "Elles en étaient persuadées même si elles ne savaient pas par qui, quand et où cela s’était passé, que c'était la vérité".

Viol, vengeance...

 Enfin il y a des victimes de toute bonne foi qui portent plainte pour viol mais on ne sait pas s’il s’est passé quelque chose. il y a celles qui deposent plainte pour viol alors qu’il ne s’est jamais rien passé dans le cadre d’une vengeance, souvent dans des procédures de divorce. Dans ce cas, il est extrêmement difficile pour les enquêteurs de démêler le vrai du faux avec des personnes qui mentent délibérément.
C'est là qu'intervient tout l'art de l'interrogatoire.
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