Le socialiste et maire sortant, Jean Denat, a été officiellement réélu maire de Vauvert, ce dimanche 5 juillet lors d'un conseil municipal tendu, à l'image d'une campagne houleuse. Battu de 155 voix, son rival du RN entend toujours déposer un recours pour annuler le résultat de l'élection.
Le maire sortant, Jean Denat (PS), a été réélu à 65 ans à la mairie de Vauvert (17.000 habitants) à la suite d'un conseil municipal tendu, ce dimanche 5 juillet.
Son rival du Rassemblement national, Jean-Louis Meizonnet, a été battu de 155 voix au second tour des élections municipales au terme d'une campagne houleuse ponctuée par des polémiques et plaintes en séries.
"C'est une victoire à la Pyrrhus, puisque vous avez réussi à arracher péniblement les voix qui nous séparent. Mais vous avez gagné, concède le candidat du RN, à présent dans l'opposition municipale. Sans doute auriez-vous aimé être plébiscité dès le premier tour, à l'image de vos collègues du RN tant décriés de Béziers et Beaucaire, mais nous en sommes loin", poursuit-il dans un tacle au nouveau maire, le premier d'une longue série, après avoir affirmé n'avoir "aucune amertume".
Une campagne "pourrie"
Les deux élus se sont largement attaqués l'un l'autre lors de leurs discours respectifs. Jean Denat a accusé "un parti agressif" et a accusé le candidat du RN d'avoir mené une campagne "délétère".
Ce à quoi Jean-Louis Meizonnet a répondu "La campagne a été pourrie, oui mais par qui ? La crainte de perdre vous a fait perdre les pédales et vous avez utilisé les moyens les plus déloyaux et alternant attaque et victimisation."Vous resterez celui qui a conduit la campagne la plus pourrie et nauséabonde de toute l'histoire locale.
Car le candidat malheureux ne lâche pas l'affaire, et devrait déposer un recours devant le Conseil d'Etat pour annuler l'élection de Jean Denat.
Un recours pour annuler l'élection
Jean-Louis Meizonnet accuse en effet son rival d'avoir commis des infractions au code électoral lors de la campagne, pour lesquelles il a porté plainte.Une semaine avant le second tour, une candidate au premier tour des élections municipales accusait dans une vidéo le maire sortant de lui avoir promis un "poste d'Etat" contre son soutien.Nous avons un dossier qui est assez étoffé et qui peut permettre sans rougir d’être porté au tribunal administratif. Il s'agit d'une tentative de débauchage et d'achat de voix dont nous avons l’enregistrement et qui a été diffusé sur les réseaux sociaux par une personne qui se disait lanceuse d’alerte. Il y a le fait que les bureaux de vote aient fermé à 20 heures, ce qui est inhabituel dans le Gard. Il y a d’autres éléments relatifs au cahier d’émargement, à des demandes de procuration sur des cas particuliers... Dans la mesure où 150 voix ce n'est pas beaucoup, nous pouvons demander un recours.
Jean Denat a de son côté nié et affirmé que cette déclaration de Lina Casablanca était téléguidée par le RN. "Je n’ai rien reçu du tribunal administratif, mais si il y a un recours, je serai particulièrement serein. Nous sommes déterminés et nous serons là pour 6 ans", a-t-il ajouté ce dimanche.
Durant la campagne, le maire a également déposé plainte contre le candidat adverse pour diffamation dans deux autres affaires : l'une pour des propos tenus en ligne par son rival, l'autre pour une lettre anonyme envoyée à la presse, au procureur, au ministère de l'Intérieur et au Parlement, faisant état de rumeurs d'ordre privé.
"Menaces" et "propagande"
L'élu du Rassemblement national a par ailleurs accusé Jean Denat de "menaces" et "d'intimidations", d'avoir utilisé le magazine municipal "comme un instrument de propagande" et le porte-à-porte "pour mentir sur les positions du Rassemblement national".Des "manoeuvres politiciennes", selon Jean-Louis Meizonnet, dont il affirme se tenir bien loin. "Ces affaires ne sont pas de notre fait, puisque moi je suis pas un politique. J’ai 6 ans de politique derrière moi, avant ça j’ai passé 45 ans dans un cabinet médical. M. Denat en a 35 et a un parcours politique chaotique et tortueux", accable-t-il encore, avant d'exprimer une certaine lassitude. "Quand on vit ce genre de chose, auxquelles on n’est pas préparées, ça ne donne pas spécialement envie de continuer."
Pour le maire PS reconduit ce dimanche à la mairie de Vauvert, la commune a néanmoins bien tranché. "Ici, 150 voix, ça compte. En 2008, nous avons perdu les élections pour 16 voix", note Jean Denat, avant de relativiser le pourcentage d'abstention particulièrement haut. "La participation a Vauvert a été moins forte qu’en 2014, mais il y a un virus qui est passé par là aussi, et elle est beaucoup plus forte que dans d’autres collectivités, puisqu’ici on a eu 57% de votants."
Le début de 6 ans de tensions ?
Cette campagne devrait marquer durablement les relations entre la majorité et l’opposition municipale de Vauvert. "On avait placé la précédente mandature sous le signe du respect, estime le maire. Mais à partir de maintenant, ça sera sûrement différent, parce qu’on se sent souillés, salis par ce qui a pu être dit, écrit, par les comportements. Mais il faut faire confiance au temps." Le camp du RN compte néanmoins rester "dans une opposition constructive, et pas systématique, comme nous l'avons fait depuis 2014".
Au-delà des tensions entre élus, c'est sûrement une campagne qui restera ancrée dans l'histoire de la commune et dans la mémoire des habitants. L'édile dit vouloir "rassembler" les Vauverois "autour de la République, l'égalité et la fraternité". "Notre préoccupation maintenant ce sont les Vauverois, ceux qui ont voté pour et contre nous", a-t-il déclaré lors de son discours, dans lequel il dit vouloir "plus de participation citoyenne" à Vauvert.
Crise sanitaire oblige, le conseil municipal n'était pas ouvert au public. Il a été retransmis sur le site de la mairie en différé, à défaut d'être en direct à cause de problèmes techniques. Le maire a annoncé que les futurs conseils municipaux seront également rediffusés en ligne pour "que les Vauverois puissent mieux comprendre le rôle des élus".