Dans le cadre du centenaire de la naissance du photographe toulousain, Jean Dieuzaide, l’Abbaye de Flaran dans le Gers présente une sélection éclectique de grands formats. Une production limitée, rarement montrée. L'exposition invite à se glisser dans le jardin secret de l’artiste.
Jean Dieuzaide, le photographe toulousain humaniste et militant, aurait eu 100 ans cette année. Pour lui rendre hommage, l’Abbaye de Flaran dans le Gers propose une sélection éclectique des ces œuvres. Des compositions graphiques aux natures mortes faites en studio, de l’architecture aux portraits, des paysages aux vues aériennes, le cloître abrite des tirages grands formats sur papier baryté.
Une production extrêmement limitée, des photographies rarement montrées et peu connues du grand public. Des morceaux choisis dans la partition foisonnante du photographe par la Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées en collaboration avec Michel Dieuzaide, le fils du photographe.
Une exposition originale, une invitation à regarder autrement le travail de cet artiste militant curieux et audacieux. Les visiteurs peuvent plonger tout en douceur dans l’intimité du photographe à l’image de la dune voluptueuse photographiée du ciel, et pénétrer un temps, dans son jardin secret.
Grands formats
Depuis une semaine, le cloître de l’ancienne abbaye cistercienne de Flaran dans le Gers abrite les grands formats de Jean Dieuzaide. Portraits, paysages aux vues aériennes, natures mortes, compositions graphiques, architecture, pendant près de soixante ans le photographe toulousain a tout tenté, tout essayé et s’est affirmé comme l’un des photographes les plus originaux de la seconde moitié du XXème siècle.
"Il y a très peu de grands formats", explique Michel HUE, directeur de l'Abbaye de Flaran et Conservateur départemental du Patrimoine et des Musées du Gers. "On expose le jardin secret de Jean Dieuzaide. C’est surtout un procédé technique particulier qui lui a fait concevoir tout un laboratoire dans son atelier pour pouvoir tirer sur papier baryté ces grandes images que l’on a autour de nous".
Ces photographies ont un autre intérêt, elles montrent le travail mené par Jean Dieuzaide tout au long de sa vie de façon très éclectique. On peut retrouver toutes ses thématiques de prédilections sur une chronologie d’œuvres de 1954 au milieu des années 80.
Le papier baryté : le combat de toute une vie
A la fin des années 70, Jean Dieuzaide s’est battu pour empêcher la disparition du papier baryté.
Le papier baryté est à l’origine un papier photo destiné au tirage argentique en noir et blanc. C'est un support épais qui garantit une plus longue longévité des tirages, sans jaunir.
Tout au long de sa vie, il a imposé la continuation de l’utilisation de ce papier. Ce qui nous conservateurs nous va très bien car c’est un papier de qualité, quand on a une énorme conservation sur la durée, ad vitam aeternam, j’espère!
La photographie aérienne
La photographie aérienne est aussi une découverte dans l’éclectisme de son travail à travers le monde et les époques.
"Il a été un fervent utilisateur de la photographie aérienne, on le voit sur cette dune magnifique. On voit que c’est aussi une recherche formelle et claire y compris des logiques du clair-obscur autour de cette ligne de crête", explique Michel HUE, directeur de l'Abbaye de Flaran et Conservateur départemental du Patrimoine et des Musées du Gers.
"C’est aussi le cas sur cette photo où il voit dans ces champs cultivés une cigogne blessée. On est là sur quelque chose de phantasmée mais toujours sur ces tirages relativement durs et sur ce fameux papier qui sont là, on ne le dira jamais assez, les caractéristiques de son travail".
L’éclectisme de Jean Dieuzaide
Jean Dieuzaide a fondé le premier musée de photographie de France, la Galerie du Château d’Eau à Toulouse. Militant, Il a été à l’origine de nombreux mouvements, Jean Dieuzaide a notamment été l’un des créateurs des rencontres photographiques d’Arles.
"Il est connu pour ses portraits et son travail sur l’architecture religieuse. Il faut rappeler tout le travail mener tout au long de sa vie, il a été moteur lui-même sur des tas de problématiques. On pense à l’archéologie aérienne car il a fait énormément de vues aériennes. On voit aussi un travail en hommage à l’artiste Hans Hartung, puis d’autres œuvres plus intimes prises dans son jardin, une dune au Sahara, une racine de saule…".
C’est évident quand on les voit réunis ici, c’est un travail sur l’éclectisme, un travail très intellectuel sur l’esthétisme de la photographie.
Les grands formats de Jean Dieuzaide sont à découvrir jusqu’au 26 septembre à l’abbaye de Flaran dans le Gers. De nombreuses manifestations destinées à marquer l’année anniversaire de la naissance du photographe sont en cours. La ville de Toulouse prévoit une grande exposition ainsi que le Château-de-Seix en Ariège, à partir du 19 juin prochain.