Un coup de main à un ami: Pierre-Henry Broncan, ex-entraîneur de Castres, a accepté la proposition d'Eddie Jones, d'intégrer le staff de l'Australie le temps du Mondial-2023 et tenter le pari fou de remporter le titre avec les Wallabies, opposés aux Fidji ce dimanche à Saint-Étienne.
Au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, Broncan aurait d'ailleurs pu être dans le camp adverse. En février, lorsque le Néo-Zélandais Vern Cotter a démissionné de son poste de sélectionneur, la fédération fidjienne avait pensé à lui pour le remplacer. Trop tard. Eddie Jones avait déjà sollicité son ami Broncan. Les deux hommes se sont connus lorsque l'Australien dirigeait le XV de la Rose et que le Français entraînait à Bath, en Angleterre. "Lorsqu'il a été nommé avec l'Australie en janvier, Eddie m'a demandé de rejoindre son staff pour la Coupe du monde. Mais j'étais encore en poste à Castres", raconte Pierre-Henry Broncan. Limogé un mois plus tard par le club vice-champion de France 2022, l'ancien demi de mêlée a rappelé Jones et accepté la mission qu'il lui avait confiée. "Ça a été très vite", explique-t-il. "Même lorsque j'étais encore à Castres, l'idée de disputer une Coupe du monde me plaisait énormément. Et puis j'avais très envie de travailler quelques mois avec Eddie".
Déjeuner à la campagne
"Eddie" et lui ne se sont plus vraiment quittés depuis un déjeuner prolongé dans la campagne de Bath il y a quelques années durant lequel les deux hommes ont partagé leur vision du rugby.
"En terminant le déjeuner, Eddie me dit qu'on va se revoir" se remémore-t-il. "Le soir même, il m'envoyait un message. Depuis, nos échanges sont pratiquement quotidiens."
La saison dernière par exemple, fraîchement limogé par la fédération anglaise, Jones a passé une semaine au sein du Castres Olympique, chez Broncan, faisant même le déplacement de l'équipe à Montpellier pour un match de championnat. Chez les Wallabies, Broncan, nommé en mai, est officiellement consultant chargé des mauls, une mission très spécifique au sein d'un encadrement pléthorique. Officieusement, sa mission est beaucoup plus large. "C'est une relation de confiance que j'ai avec Eddie. Je suis à côté de lui lors des matches, pendant les entraînements. Ça ne se résume pas aux mauls." Jones, qui a lui-même dû bâtir un groupe à la hâte avec le moral au plus bas après des résultats en baisse constante depuis deux saisons, a d'abord demandé à son ami de changer la mentalité des joueurs. "L'Australie perdait beaucoup et les joueurs se sont habitués à la défaite. Il a fallu leur redonner confiance et leur réinculquer la culture de la gagne", explique Broncan.
Trop loin de chez lui
Dénicheur de talents lorsqu'il officiait à Bath puis à Castres, Broncan a retrouvé de vieilles connaissances chez les Wallabies, comme le troisième ligne Rob Leota. "Je l'avais fait signer à Castres pour pallier le départ d'Anthony Jelonch", a expliqué l'ancien manager du CO jeudi lors d'une conférence de presse. "Mais deux mois plus tard, Rob m'appelle pour me dire qu'il est sélectionné chez les Wallabies. Il n'est jamais venu à Castres" révèle-t-il en tapant l'épaule de l'imposant troisième ligne tentant de se faire tout petit devant un parterre de journalistes hilares. Sa gêne disparue, Leota raconte ce que le Français de 49 ans apporte aux Wallabies: "Il est à fond dans sa manière d'entraîner, d'être avec les joueurs. On sent qu'il veut tirer l'équipe vers le haut."
Suffisant pour conquérir un troisième titre mondial, alors que l'Australie ne fait même pas figure d'outsider ? "On progresse de semaine en semaine" assure Broncan. "Il faut se qualifier pour les quarts, après on verra: entre les blessures, les cartons, la réussite d'un buteur lors d'un match, le climat, il y a des choses que tu ne contrôles pas", explique Broncan.
Victoire ou non, à l'issue de la Coupe du monde, Broncan ne repartira pas avec les Wallabies et restera chez lui, dans le Gers, au pied des Pyrénées, où il a promis d'animer quelques séances d'entraînement de joueurs amateurs. "Je profite de chaque instant. J'ai passé quelques mois en Australie, c'est un magnifique pays, mais il est très loin de mon Gers", conclut-il. Le bonheur est en effet dans le Gers pour