Une dent néandertalienne, vieille de 70000 ans, vient d'être découverte lors d'un chantier de fouilles entrepris dernièrement sur le site archéologique de Montmaurin, en Haute-Garonne.
Une dent humaine de 70 000 ans retrouvée dans la grotte de "Coupe-Gorge". L'information pourrait inspirer un auteur de polar préhistorique. Elle fait surtout le bonheur de l'équipe de chercheurs ayant entrepris cet été des travaux de fouilles sur le site de Montmaurin, en Haute-Garonne.
Une incisive de 70 000 ans
Pour Amélie Vialet, maître de conférences en paléo-anthropologie et responsable du programme de recherches sur les grottes préhistoriques de Montmaurin, "c'est un cadeau de bienvenue offert par cette grotte de Coupe-Gorge qui a l'air satisfaite qu'on vienne un peu l'occuper !"Le 11 août dernier, seulement quelques jours après la reprise de fouilles abandonnées dans les années 60, les pinceaux et autres pinces de dentiste des chercheurs exhumaient une incisive humaine, vieille de 70 000 ans, ayant appartenu à un individu adulte vivant à l'époque de Néandertal.
A cette époque, les hommes vivant sur ce territoire commingeois sont encore nomades. Mais la grotte de Coupe-Gorge semble être un lieu qui balise leur passage. Ils s'y retrouvent pour y amener des carcasses animales, pour les débiter avec des pierres taillées, pour s'y nourrir. Les fouilles entreprises par Louis Méroc dès 1946 avaient déjà permis d'exhumer un squelette de lion des cavernes, ou encore une mandibule d'enfant, datée de l'ère pré-neandertal.
Il faut imaginer qu'à cette époque, il pouvait y avoir des restes humains au milieu des restes de repas, c'est surprenant aujourd'hui mais c'est assez commun à l'époque, on l'a constaté sur d'autres sites néandertaliens du début de la glaciation
La dent dotée d'une racine assez haute, de grande dimension (plus de 2 cm) est typique de l'homme néandertalien. Son usure, également caractéristique de cette époque, nous éclaire également sur son utilité, pas seulement alimentaire.
"Ces populations se servaient de leurs dents comme d'une troisième main. C'était pour eux comme un outil pour mastiquer et travailler le cuir par exemple. Ce qui explique qu'elle sont très usées", poursuit Amélie Vialet, qui restera avec une équipe d'une dizaine de personnes sur site jusqu'à la fin de ce mois d'août pour poursuivre les recherches.
Une analyse plus poussée en laboratoire, réalisée au Muséum national d'Histoire naturelle, va désormais permettre grâce à un scanner d'étudier la composition de l'intérieur de la dent, et tenter de déterminer, entre autres, l'âge de son propriétaire.