Le Festival TV de Luchon (Haute-Garonne) n'aura sans doute pas lieu en 2024. L'association en charge du festival est en proie à d'importantes difficultés financières. Face à l'importance des impayés un collectif de commerçants de Luchon a déposé plainte pour "escroquerie et abus de confiance".
L'édition 2024 du Festival des créations télévisuelles de Luchon (Haute-Garonne) est fortement compromise pour l'hiver prochain. La situation financière de l'Union Francophone, association en charge de l'organisation de ce festival télé, est en proie à d'importantes difficultés financières.
Elle aurait accumulé de nombreuses dettes et n'a toujours pas payé beaucoup de ses intervenants.
Rien n'est encore formellement décidé mais nous nous dirigeons vers une possible annulation du festival pour 2024 au regard de la situation financière actuelle. Cela nous paraît difficile d'organiser sereinement une nouvelle édition. Les décisions seront prises très vite.
Eric Azémar, maire de Bagnères-de-Luchon
Dépôt de plainte pour escroquerie et abus de confiance
Des dettes qui ont mis en difficulté les commerçants de Bagnères-de-Luchon. À tel point que le collectif du Haut-Comminges, collectif qui rassemble plus d'une vingtaine de prestataires et de commerçants, comme des hôtelliers, des restaurateurs ou des transporteurs, a déposé plainte jeudi 20 juillet contre le Festival TV de Luchon et son président Christian Cappe pour escroquerie et abus de confiance suite à de nombreux impayés.
Deux hôtels et quelques prestataires restent encore à payer sur l'édition 2022. Quant à l'édition 2023, c'est simple, Christian Cappe n'a payé quasiment personne. Cela fait des mois que nous alertons. Nous en sommes déjà à plus de 218.000 euros d'impayés au total et nous n'avons pas contacté tous les prestataires du Festival TV de Luchon.
Christophe Deschamps, porte-parole du collectif du Haut-Comminges
Au moins 218.000 euros d'impayés
"Ces défauts de paiement oscillent entre 2.000 euros pour certains jusqu'à plus de 20.000 euros pour d'autres. Des ardoises qui créent de gros soucis de trésorerie. Moi, je n'ai pas été payé pendant un mois, j'ai dû vendre mon mini bus, il me manquait 5.000 euros dans ma trésorerie. Le village Cap soleil qui a hébergé pendant le Festival, par exemple, attend 23.000 euros de paiement. Et Christian Cappe et sa société ne nous répond plus", poursuit Christophe Deschamps.
Face à de telles difficultés, le collectif a décidé de porter plainte pour réussir à obtenir des paiements.
Nous ne souhaitons pas nuire à l'image de la ville ou à celle du festival, au contraire, mais il y a un réel souci de gestion qui met beaucoup de monde en difficulté. Nous aimerions une réunion où tout le monde puisse se mettre autour de la table, commerçants, mairie, Département, Région et Christian Cappe pour trouver des solutions et payer tout le monde.
Christophe Deschamps, porte-parole du collectif du Haut Comminges
En 2023, la mairie de Luchon a débloqué une subvention de 100.000 euros pour l'Union Francophone qui organise le festival. Le dernier tiers de cette subvention a servi à payer directement une partie de la facture des hôteliers qui ont travaillé pour l'édition 2023.
En revanche, la subvention du Département de la Haute-Garonne de 100.000 euros n'est jamais arrivée. Quant à celle de la Région Occitanie, elle n'a jamais été promise.
Le budget du Festival TV de Luchon est essentiellement basée sur des subventions. Christian Cappe se refugie derrière le non-versement de ces subventions pour expliquer ces difficultés financières.
Une trésorerie à 0
Dès le mois de mars, le directeur ne niait pas que le festival avait eu des retards et des difficultés dans sa trésorerie. "Ce n'est pas nouveau. J'ai repris la production en 2022 avec une trésorerie à zéro. Nous sommes en train d'imaginer une solution de financement avec les collectivités, pour payer rapidement les prestataires", expliquait alors Christian Cappe à ce moment là.
Des subventions ont été promises ou adoptées par des collectivités publiques mais elles ne sont jamais arrivées. L'Union Francophone a déjà annoncé qu'elle suspendait l'organisation de l'édition 2024 tant qu'un financement pérenne n'a pas été trouvé. L'association se bat et continue par tous les moyens de trouver les financements, pour payer les éditions précédentes et pour financer l'éventuelle édition à venir, mais ce n'est pas facile. L'Union Francophone plaide la bonne foi. Elle fait tout pour payer ses prestataires.
Maria Cornaz Bassoli, avocate de l'Union Francophone
Dans ces conditions, difficile pour ces commerçants de se projeter sur l'édition 2024. "On n'a plus confiance. Nous, les commerçants, on pense qu'il n'y aura pas de festival 2024. On peut très bien faire un festival de télévision l'hiver à Luchon, ce n'est pas un problème. Mais il faut que cela soit organisé par des gens compétents, pas par de mauvais gestionnaires".
Une perte de retombées pour la ville
Du côté de la mairie, on accuse le coup. Le Festival des créations télévisuelles de Luchon génère chaque année d'importantes retombées économiques pour la ville.
"C'est un grand dommage pour Bagnères-de-Luchon, la ville est victime d'un dommage puisque la réputation du festival est entâché, ce n'est pas très bon non plus pour l'économie locale et l'image de la ville. Ce n'est pas de bonne augure pour l'avenir", nous précise Eric Azémar, le maire de Bagnères-de-Luchon.
Une réunion devrait se tenir prochainement entre la mairie, l'association et le Département de Haute-Garonne pour tenter de trouver des solutions de financement. La dette s'élève pour le moment à 218.000 euros pour les seuls prestataires luchonnais mais elle n'inclut pas celle des prestataires externes à la ville. Nous n'avons pas réussi à connaître le montant total des impayés.