Un militaire de 45 ans a fait une chute mortelle samedi matin dans les hauteurs de Bagnères-de-Luchon (31). Ce drame remet sous les feux de l'actualité combien les caprices de la météo dans les Pyrénées, accroissent les dangers encourus en haute altitude par les randonneurs insuffisamment équipés.
Il fait beau, avec des températures anormalement douces pour la saison sur la chaîne des Pyrénées : des conditions météorologiques inhabituelles en plein coeur de l'hiver, manifestation concrète du réchauffement climatique... Mais jusqu'à un certain point seulement.
Car ce beau temps est un piège !
Certes au pied des pistes des stations de ski le manteau neigeux est minimal et les températures sont printanières en milieu de journée.
Il gèle la nuit
Mais au-dessus de 2 000 mètres d'altitude la neige est plus épaisse, et surtout composée de plusieurs couches avec des températures différentes.Le premier danger c'est celui des avalanches : une couche plus molle qui s'affaisse sous une épaisseur plus dure, entraîne un glissement qui va en s'accentuant et peut provoquer des coulées très importantes, qui emportent tout sur leur passage, comme le montre cette vidéo publiée samedi par "Météo-Pyrénées".
Plus vicieux encore, l'autre danger provient de la nature même de la surface du manteau neigeux.
En effet au-dessus de 2 000 mètres la surface de la neige peut fondre en cours de journée sur plusieurs centimètres d'épaisseur, mais à cette altitude il gèle la nuit suffisamment fort pour la transformer en une pellicule de glace.
Plus cette couche est épaisse, plus elle est solide, résistante au poids d'un randonneur, et glissante comme une patinoire.
C'est ce piège qui s'est refermé sur le militaire palois âgé de 45 ans, qui randonnait samedi matin avec 2 amis en direction du refuge de Venasque, au-dessus de la station de Luchon "SuperBagnères".
Chaussures à crampons et piolets obligatoires
Pour diminuer les risques face à ce type de danger de glissade - qui en l'occurence s'est avérée mortelle - les militaires secouristes du Peloton de Gendarmerie de haute-Montagne (PGHM) insistent sur les mesures minimales de précautions à prendre : s'équiper de chaussures à crampons et d'un piolet.Seuls ces équipements peuvent permettre de s'accrocher profondément dans l'épaisseur de la glace et d'éviter une glissade qui devient très vite incontrôlable.
Samedi matin la victime a fait au départ une simple chute, mais n'a pas été en mesure de la contrôler; il n'a cessé de glisser jusqu'à tomber dans le vide d'une hauteur de 100 mètres. qui s'est achevée au pied d'une barre rocheuse.
Ses deux amis, qui l'avaient perdu de vue, ont alors donné l'alerte : l'hélicoptère de Tarbes et un médecin du SMUR 65 se sont rendus immédiatement sur place et ont localisé le corps, qui a pu être évacué.
Les PGHM 31 et 65 ainsi que les sapeurs-pompiers sont sur le qui-vive H/24 en cette période de vacances scolaires, comme on peut le voir sur notre reportage réalisé à la mi-janvier.