REPORTAGE. Réouverture des bars et restaurants, un souffle de liberté retrouvé dans la ville de Revel près de Toulouse

"C’est génial de voir des gens au bar, au restaurant, incroyable", s’exclament trois jeunes filles qui échangent dans une rue de Revel près de Toulouse. En ce jour de réouverture, ce n'est pas l'euphorie sur la place centrale, mais un léger parfum de liberté souffle néanmoins sur la ville.

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A l’heure du déjeuner sur l’emblématique place centrale de Revel près de Toulouse, la quasi-totalité des commerces bars et restaurants ont rouvert leur porte après des mois de fermeture en raison de la crise sanitaire.

Il n’y a pas foule sous les arcades ou dans les rues adjacentes, mais les terrasses de restaurants affichent complet malgré une météo capricieuse et un petit 16°. "Aujourd’hui les gens sont dans les grandes villes, ils sont allés acheter le vêtement dont ils rêvent depuis six semaines" nous confie une commerçante attablée au restaurant en compagnie d'une amie. "Pour nous c’est une manière de dire au restaurateur "on est là, l’occasion aussi de se retrouver, de voir des visages, d’échanger, c’est le côté humain qui prime", renchérit son amie.

Le bonheur de rouvrir 

Placée sous les arcades face à la halle, la terrasse du restaurateur Arnaud Sastre affiche complet. Cet établissement accueille une clientèle de Revélois tout au long de l’année et propose une cuisine à base de produits frais et "faits maison". Toute l’équipe ressentait une terrible envie de retravailler, nous confie Arnaud Sastre :

La terrasse est pleine, c’est trop de plaisir de rouvrir. De voir aussi des clients heureux de se rasseoir et de commander juste un petit café, un vrai bonheur.

Proche de l’entrée de la salle du restaurant à l’abri de la pluie, quatre copines déjeunent. Elles n’auraient manqué pour rien au monde ce rendez-vous, ce petit moment de liberté entre amies "on a réservé la veille pour être sûres d’avoir une place. On était surexcitées à l’idée de manger au restaurant", raconte Cloé.

Les jeunes femmes travaillent toutes chez un opticien à Revel en Haute-Garonne et rêvaient de prendre un repas en extérieur, "pour faire enfin une vraie coupure, dans le magasin on n’est pas dans l’ambiance on mange sur les tables de ventes et puis c’est enfin l’occasion de découvrir la ville", rajoute Gaëlle en poste depuis septembre.  

"C’est la libération, il fait un peu froid mais ce n’est pas grave on avait prévu", renchérit Aurélie dans un large sourire, "j’ai 20 ans, les bars les restaurants, les boites de nuit cela me manque terriblement".

Une reprise en demi-teinte cependant. Sur les visages et dans les regards, on peut encore lire tout le poids des mois de fermetures. La crise sanitaire a laissé des traces, c’est un plaisir retrouvé mais qui reste cependant fragile, il y a beaucoup de retenue dans les propos avec une sensation d'état éphémère, la peur d’un nouveau confinement est palpable.

"J’ai peur qu’après l’été à nouveau l’épidémie reprenne, on nous a tellement promis qu’il faut rester prudent", dit Cloé.

Il y a du stress quand même pour cette réouverture explique le restaurateur Arnaud Sastre :

Six mois d’arrêt, là on lance une nouvelle carte, la qualité doit être au rendez-vous, il faut se remettre dans le bain, retrouver les bons réflexes, c'est important.

 

"C’est le travail qui me manquait"

Au bar des Arcades, le percolateur a repris du service, la bonne odeur de café embaume la terrasse où des amis se sont retrouvés pour l’ouverture. "On s’est pas vu depuis trois mois", dit Julien un habitué.

Ca fait revivre le cœur de la ville, le matin il y avait pas autant de monde, les pauvres cafetiers depuis six mois ils n’ont pas trop travaillé, ça fait du bien, marre de tourner en rond dans l’appartement, à part parler à mon chat…

Son ami Balou acquiesce, "et puis c’est important de retrouver du contact humain avec les gens c’est cela qui manquait le plus, on va laisser tomber le canapé et la télévision".

Jean-Luc Monet le gérant du bar des Arcades, l’un des plus anciens cafés de la place, est lui aussi très heureux de reprendre du service, la terrasse n’est pas pleine mais depuis ce matin les amis et clients fidèles sont venus profiter d’un moment de convivialité. 

"Là c’est la première journée c’est pour cela que c’est calme, aujourd’hui c’est une mise en jambe c’est bien de reprendre en semaine, ça nous met en forme pour le marché de samedi et pour la saison qui va commencer et ce jusqu’en septembre".

Le plus important pour le gérant était de reprendre au plus vite l’activité "on a tenu grâce aux aides on a eu des mois de galère, on espère que ça va repartir".

Une réouverture difficile pour les petits commerces

Marie-Claire et Catherine tiennent une boutique de créateur à quelques pas du restaurant où elles ont décidé de se retrouver ce mercredi 19 mai. Après six semaines de fermeture, les deux artistes ont aussi levé le rideau de leur boutique aujourd’hui mais disent "mal vivre" le protocole sanitaire imposé par le gouvernement. "Il faut voir dans quelles conditions on ouvre à nouveau, on va avoir 30% de public si on respecte les règles, un protocole pas vraiment suivi dans les grandes surfaces on a tous fait l’expérience, les dirigeants ne savent pas ce que c’est que le petit commerce, c’est absurde, ridicule de nous avoir obligé à fermer nos petits commerces", explique agacée Catherine.

"Je le vis très mal ce déconfinement", rajoute Marie-Claire.

Je suis atterrée, on nous a tellement assoiffés qu’aujourd’hui quand on nous donne quelques miettes on arrive à s’en contenter, presque à se dire c’est merveilleux, dramatique d’en arriver là.

Un sentiment de soumission partagé par Catherine, "on fait tellement peur aux gens qu’ils trouvent incroyable de retrouver des libertés".

Les fermetures successives liées à la crise sanitaire ont fragilisé les petits commerces notamment en milieu rural. Certaines boutiques ont mis la clé sous la porte, d’autres résistent encore mais les protocoles imposés ont mis à mal l’essence même de la profession, le lien étroit qui lie leur activité au client et qui donne du sens à leur métier.

Aujourd'hui, un léger parfum de liberté a réveillé la Bastide endormie. Le fameux marché qui se tient sous la halle ce samedi 22 mai devrait ranimer toute la place centrale, sûr que le petit café pris en terrasse ce jour-là aura une toute autre saveur.

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