Dans la commune de Luscan (Haute-Garonne), les tirs de mine opérés par Socli, l'usine de production de chaux, sont bien connus des riverains. Mais le 22 février, plusieurs rochers sont tombés à proximité d'une maison et sur la route. La mairie a porté plainte.
La carrière à ciel ouvert de l'usine de production de chaux Socli est située juste au-dessus de sa maison. Le 22 février, depuis sa fenêtre, Mireille Ribes, une habitante de Luscan (Haute-Garonne), voit dévaler de la montagne un rocher de plus d'un mètre. Par chance, il termine son chemin dans son jardin. Trois autres rochers atterrissent sur la route départementale en contre-bas. Comme les riverains, la mairie s'inquiète de cet accident et a décidé de porter plainte contre l'usine exploitante.
"J’ai entendu un gros bruit, comme un tremblement de terre"
"J’ai entendu un gros bruit, comme un tremblement de terre, et j’ai vu de la poussière, de la fumée. J’ai vu un gros rocher dévaler la montagne et sectionner le chêne juste devant. J’ai eu très peur. Il aurait pu tomber sur ma maison", explique Mireille Ribes, encore sous le choc. Au même moment, de l'autre côté de la montagne, Charles Godot, éleveur de bovins, entend "une explosion. C'était un tir de mine, comme d'habitude. J'ai vu les cailloux monter avec le souffle de la mine et redescendre en direction de la route. Je suis allé voir s'il n'y avait pas de blessé."
Selon les riverains, les débris ont été ramassés dans la demi-heure qui a suivi. Pour la mairie, il est hors de question qu'un tel accident se reproduise. "Certains habitants de Luscan nous avaient dit que lors des tirs de mine il y avait des secousses et des fissures sur les murs de leurs maisons", lance Marie-Thérèse Castex, maire (DVG) de Luscan. "Je ne veux pas entendre que le risque zéro n’existe pas."
La carrière évolue et s’agrandit au fur et à mesure de l’extraction de la pierre.
Jean-Michel Gonzalez, directeur de l’usine Socli
Si la zone de la montagne concernée (côté est) est exploitée depuis peu, les tirs de mine sont autorisés depuis l'arrêté préfectoral initial datant de 2003. Mais avant de procéder aux tirs, l'usine devait respecter une procédure de sécurité. "Des études particulières avec des bureaux géotechniques ont été menées. Nous avons aussi posé des écrans pare-pierres l’année dernière", explique Jean-Michel Gonzalez, directeur de l’usine Socli. Le 22 février, un arrêté de voirie prévoyant l'installation de quatre barrages était également mis en place pour éviter un potentiel accident. "La carrière évolue et s’agrandit au fur et à mesure de l’extraction de la pierre. On va renforcer les filets de sécurité et établir un plan d’accès quand on aura les conclusions de ce qu’il s’est passé."
La question environnementale
Au-delà des tirs de mine à répétition, le processus d'extraction à ciel ouvert dérange sur le plan écologique. "On voit une montagne disparaître de jour en jour et personne ne dit rien. La montagne va être réduite de moitié, c’est le projet. En plus, nous sommes au bord des Pyrénées, cela abîme le paysage, ça se voit. On ne demande pas la fermeture, il y a des gens qui vivent de la carrière", lance Philippe Godot, conseiller municipal.
Après avoir déposé une plainte, la mairie de Luscan envisage de lancer une pétition en ligne pour pousser l'usine à envisager une autre méthode d'exploitation.