Qui dit rentrée des classes dit préparation des fournitures scolaires. Pour les parents, cela représente du temps mais surtout de l'argent. Les listes fixées par les professeurs sont parfois énormes : c'est un coût qui pèse sur le budget des familles, et un matériel qui entraîne plus de déchets. Parents et professeurs en ont bien conscience.
C'est un rituel annuel obligatoire pour les parents d'élèves. Au moment de la rentrée, il faut prévoir les fournitures scolaires : stylos, cahiers, classeurs, tubes de colle, ou même protège-cahiers. La liste est longue - parfois trop longue - et impacte directement à la fois le budget de parents et l'environnement.
"Ah bon, il faut des fournitures pour la maternelle ?"
Chaque professeur est tenu de fixer sa propre liste de fournitures. Mais parfois, elle semble disproportionnée : 10 tubes de colle, 10 crayons à papier, ou encore huit feutres ardoises. Un nombre de fournitures conséquent.
Devant l'école élémentaire publique Amidonniers à Toulouse, Noémie et Aurélie discutent entourées de leurs enfants. La première apprend par la seconde qu'il y a une liste de fournitures pour leurs enfants... de maternelle ! "Ah bon ? Il faut que je les prépare alors" sourit-elle. La liste est moins longue que pour son enfant de primaire. Heureusement pour ces deux mères, les cahiers et les livres sont fournis pour les aînés.
Comment justifier ces listes, parfois à rallonge, avec des dizaines d'équipements réclamés ? "Les professeurs font cela pour être certains que les élèves aient leur matériel pour travailler" amorce Franck Calmels, sécretaire départemental du SE-UNSA. "C'est une quantité estimée. C'est plus simple que de demander des fournitures tous les mois, et ça permet de ne plus s'en soucier pendant l'année. C'est le moins mauvais système." Il rappelle aussi que ce qui n'est pas utilisé est conservé pour l'année suivante.
150 euros en fournitures pour deux enfants
Pour Christopher Gautier, du syndicat enseignant FO 31 lycées et collèges, des efforts vont dans le bon sens. "Depuis quelques années, on est sensibilisé notamment sur la lourdeur des cartables : on demande deux cahiers, au lieu d'un gros" donne-t-il pour exemple. L'enseignant n'a jamais rencontré de parents qui se plaignaient de la lourdeur des fournitures.
Autre question crispante : le prix. Lorsqu'on l'évoque devant l'école des Amidonniers, Noémie sourit un peu jaune. "Ce n'est pas donné quand même" reconnaît-elle. Plus loin, une autre maman confirme. "C'est vrai que cela a augmenté" avoue cette mère, qui a dépensé 150 euros de fournitures pour ses deux enfants en primaire.
"Les fournitures, c'est quelque chose qui grimpe de plus en plus. Et c'est souvent de plus en plus lourd pour le budget des familles" pointe Éric Pinot, président de la FCPE Haute-Garonne, qui voit plus loin que ces seules fournitures. "L'école, c'est un fondement de la République qui est censée être gratuite mais elle l'est de moins en moins." C'est aussi ce que condamne Franck Calmels, qui répète à plusieurs reprises que "normalement, on ne devrait rien demander aux familles".
"Pas de notre faute si les tubes de colle sont emballés dans tout ce plastique"
La FCPE réflechit à des solutions pour limiter ces coûts qui peuvent atteindre plusieurs dizaines d'euros, voire des centaines pour des familles à plusieurs enfants. "On propose des kits de fournitures à des prix intéressants. Les collectivités s'occupent de la gestion de l'établissement, mais pourquoi ne pas réfléchir à des fournitures gratuites ?" s'interroge le président, qui invite les parents à davantage s'investir dans la vie de l'école pour participer à cette réflexion.
À Toulouse, la question du prix des fournitures est arrivée aux oreilles de certains représentants municipaux. François Briançon, élu socialiste, a proposé "un débat au conseil municipal sur la prise en charge des fournitures scolaires, au delà de la dotation pédagogique" sur Twitter le 3 septembre, en relayant le tweet d'une autre élue. Cette dernière dénonçait le prix des fournitures pour un enfant entrant en classe de CE2 : 160 euros.
Le retour du débat sur la gratuité
La dimension écologique est également centrale dans l'achat des fournitures. Christopher Gautier note un changement à ce sujet. "On essaie de demander au mieux et au plus juste pour éviter le gaspillage" assure-t-il. Même rengaine pour Franck Calmels, qui se dit sensible à ce questionnement environnemental. "On fait attention, on ne jette rien à la fin de l'année" promet-il.
Ce dernier avoue néanmoins son impuissance face aux quantités de plastique et de carton utilisés pour ces fournitures. "Quand je vois tous les emballages jetés à la poubelle, ça m'attriste. Mais je ne peux rien faire. Ce n'est pas de notre faute ni de celle des enfants si les tubes de colle sont emballés dans tout ce plastique" regrette-t-il, invitant à imaginer "une organisation collective" pour acheter les fournitures avec le moins de déchets possible.
En classe, les élèves sont eux-mêmes intégrés à des projets autour de l'environnement, notamment pour éviter le gaspillage de papier ou de nourriture. Et pourquoi pas de fournitures ? Elles aussi sont parfois inutilisées. Voire gâchées.