En comité européen puis en comité central d'entreprise en France, Airbus a annoncé la suppression de 2500 postes d'ici mi-2026. Une "réduction de postes qui rend les syndicats très vigilants mais pas plus inquiets que ça. Selon eux : "il n'y aura pas de licenciements secs".
C'était dans l'air du temps depuis plusieurs mois et c'est désormais officiel : Airbus annonce la suppression de 2 500 postes dans sa branche Defence & Space. Dans un contexte difficile, le géant industriel européen a dit vouloir "rationaliser son organisation pour améliorer la compétitivité à l'avenir".
#BREAKING Airbus to cut up to 2,500 jobs in space, defence unit: source close to the matter pic.twitter.com/SPUmSIJSjv
— AFP News Agency (@AFP) October 16, 2024
Chez Airbus, le dialogue social est plutôt bon et le géant européen n'en est plus à sa première turbulence. Les syndicats n'étaient pas conviés ce mercredi 16 octobre 2024 au comité européen, pas plus qu'au comité central d'entreprise qui s'est tenu en France. Ils ont donc appris la nouvelle via un communiqué de la direction : "Airbus Defence and Space annonce son intention d'adapter l'organisation et les effectifs de la Division à la lumière d'un environnement commercial toujours complexe, en particulier dans le segment des systèmes spatiaux où des charges financières importantes ont été enregistrées en 2023 et 2024. Les mesures envisagées comprendront la création d'une organisation plus efficace et efficiente."
Des réductions de postes mais pas de licenciements secs
Le chiffre de 2500 suppressions de poste a été donné mais il n'inquiète pas pour l'instant outre mesure les syndicats. "Compte tenu des résultats financiers assez catastrophiques qu'on a eus, on se doutait bien qu'il allait se passer quelque chose de ce genre", a déclaré à l'AFP Hervé Pinard, coordinateur CFDT pour l'ensemble du groupe.
Même analyse chez Florent Veletchy, coordinateur pour la CFTC. "Les salariés ont conscience de la situation de l'entreprise et veulent de la simplification. On ne parle pas de plan social, on n'est pas dans le dur. On va s’atteler à ce que les choses se fassent dans une bonne intelligence sociale. Nous avons des garanties : il n'y aura pas de licenciements secs."
2 500 pour une branche Defence & Space qui représente 35 000 salariés, ce n'est encore qu'un "ajustement". Evidemment le problème c'est la crise (définitive ?) des satellites telecom. Mais l'A400M est aussi en bout de piste, il va falloir des commandes ! https://t.co/G27hx8SAeA
— Thomas Schumacher (@PaxAquitania) October 16, 2024
Pour FO, la vigilance est aussi de mise mais pas d'affolement pour l'instant dans les propos de Jean Damien Bloquet : "Ce n'est pas la première fois que l'entreprise traverse de telles difficultés. On a toujours pris nos responsabilités pour accompagner les salariés et qu’ils ne restent pas sur le bord du chemin. On a évité des licenciements secs à plusieurs reprises."
Des négociations à venir
Aucune précision n'a été donnée sur le détail de ces suppressions de postes. On ne sait pas encore si le site toulousain sera touché. En revanche, il n'y a pas de départs volontaires prévus pour l'instant, selon le PDG d'Airbus Defence & Space (ADS) Mike Schoellhorn : "les détails de ce plan seront précisés en concertation avec les partenaires sociaux de l’entreprise. Aucune action obligatoire n'est prévue, Airbus travaillera avec ses partenaires sociaux pour limiter l'impact en s'appuyant sur toutes les mesures sociales disponibles."
ADS c'est 35 000 emplois dans le monde et un peu plus de 4 000 sur son plus gros site qui se trouve à Toulouse sur la ZI du Palays.
Le secteur des satellites en pleine crise
Les fabricants européens de satellites Thales Alenia Space et Airbus sont en situation très critique sur leur marché historique des satellites géostationnaires de communications. Car Elon Musk et la constellation Starlink sont arrivés sur le marché en 2020. Près de 4 700 satellites de Space X sont actuellement en orbite et un autre géant se profile : Amazon avec sa constellation Kuiper.
NEWS: SpaceX has set another record for the number of launches completed by a single company in a year, breaking its own record it set last year (96) with two months left tin 2024. https://t.co/KqoEXKLu4Z
— Sawyer Merritt (@SawyerMerritt) October 16, 2024
Pour faire face à cette nouvelle donne, Airbus avait annoncé fin juin une nouvelle provision exceptionnelle de 989 millions d'euros après celle de 600M€ en 2023. Soit un montant total d'1,5 milliards. Par ailleurs, son concurrent Thales Alenia Space avait décidé en mars la suppression de 1.300 postes, dont 1.000 en France.
Rumeurs de fusion avec Thales
L'éternelle question vieille de plusieurs dizaines d'années d'une fusion entre ADS et Thalès redevient d'actualité. "Si l'entreprise va mal et continue d’aller dans le mur, là il peut y avoir de la casse sociale, reconnaît Florent Veletchy de la CFTC. Il y a 3 gros prestataires : OHB, ADS et Thalès Alenia Space. Ces rumeurs de fusion entre ces 2 derniers sont un peu plus présentes ces derniers temps. On nous a annoncé des discussions à haut niveau. Il est nécessaire de transformer cette unité. S'il n'y a pas de mobilisation et des changements dès maintenant, ça ne sert à rien de fusionner. C'est comme mettre un plâtre sur une jambe de bois."
ESPRIT module for Lunar Gateway orbital outpost set for a significant upgrade ⤵https://t.co/b7nUivooIE@thalesgroup @Leonardo_IT @esa @esaspaceflight @NASAArtemis pic.twitter.com/e5IVpVKGaC
— Thales Alenia Space (@Thales_Alenia_S) October 14, 2024
Airbus entend prendre les devants en annonçant ces premiers aménagements. Une attitude qui n'inquiète pas pour l'instant les syndicats en attendant d'avoir plus de précisions. "Nous produisons de magnifiques satellites, les meilleurs au monde, affirme Florent Veletchy. Une image sur deux que l'on retrouve sur Google vient d'ADS. Avec ces images satellites, on peut avoir une précision à 30 cm. Si on pouvait retrouver un peu de sérénité et poursuivre ce beau travail."
Cet été, l'armée allemande a signé un contrat de plus de 2 milliards d'euros avec Airbus Defence and Space.