Qui ne connaît pas le Bikini à Toulouse (Haute-Garonne) ? La salle de concert désormais mythique est née il y a quarante ans de la passion d'un homme pour le monde de la nuit. A 68 ans, il feuillette avec nous l'album de ses souvenirs, rempli de gloire avec les stars mais aussi de galère.
Qui ne connaît pas le Bikini à Toulouse ? La salle de concert désormais mythique est née il y a quarante ans de la passion d'un homme pour le monde de la nuit. A 68 ans, il feuillette avec nous l'album de ses souvenirs, rempli de gloires avec les stars mais aussi de galères.
Débuts en Comminges
Il a l'air bougon au premier abord. Un fort caractère et un franc-parler qu'Hervé Sansonetto revendique volontiers. Mais derrière l'image se cache un homme passionné et passionnant.
Depuis tout jeune, il aime le milieu de la nuit. Son premier projet Hervé Sansonetto le crée à Aulon près de Saint-Gaudens ( :"C'était un petit café de campagne sans prétention, mais je voulais un lieu où je pouvais faire venir des artistes". Une sorte de laboratoire qui préfigure ce que deviendra le Bikini : "En 1982, j'ai appris que la guinguette La Mandragore était à vendre en bord de Garonne à Toulouse. J'ai commencé par ouvrir une boite de nuit et le Bikini est vite devenu une salle de concert."
Les années 80
"On retourne à la préhistoire de la musique dans les années 80", s'amuse Hervé Sansonetto. "A l'époque il y avait peu de tournées en province. A Toulouse, il a fallu faire sortir les gens, se faire connaître. C'était une super époque mais ça a été laborieux aussi".
Hervé le voit bien : la jeunesse de l'époque est avide de découvertes. Alors il fonce ! il mise sur la clientèle, qui n'est pas fan de boite de nuit et se branche sur les tournées européennes des petits groupes de l'époque : "Cela peut paraître fou mais Coldplay s'est produit devant une salle quasi vide pour la sortie de son premier album" se souvient le maître des lieux. "Idem pour les Rita Mitsouko, les Beruriers noir ou encore noir Désir".
Au bord de la piscine, artistes et public profitent de la douceur de vivre. Plus qu'une salle de concert, le Bikini est un lieu où il fait bon vivre.
L'homme qui avait du flair
Hervé Sansonetto ne refuse aucun genre musical. C'est probablement la recette du succès pour le Bikini, qui se fait un nom au fil des années.
Repérée par les tourneurs étrangers, la salle verra passer avant le changement de siècle des artistes comme Muse, Placebo, les Pogues, ou encore Blur grâce au festival des Inrockuptibles. Les mêmes qui 15 ans plus tard rempliront des stades dans le monde entier.
"On était ouvert à toutes les musiques, le reaggae, la pop, le métal ou la techno qui arrivait", raconte Hervé Sansonetto. "A l'époque c'était de la pure découverte. On a eu de la chance que le lieu et ces groupes collent avec leur époque. Le public n'était jamais le même chaque soir. On a eu des hauts et des bas mais on se remettait en question de façon permanente".
Le Choc AZF
Le 21 septembre 2001, l'usine AZF explose, faisant 30 morts et des centaines de blessés. Le Bikini est à quelques centaines de mètres du lieu de la catastrophe. La salle est totalement détruite.
Commence alors une longue traversée du désert : "Il a fallu 6 ans pour s'en remettre", explique Hervé Sansonetto. "Mais on a eu beaucoup d'aide des autres salles, comme le Ramier, le Rio ou le Havana qui nous ont permis de sauver la programmation en cours. On avait la hantise de voir cette si belle aventure se terminer, alors on s'est accroché avec le soutien de Bleu Citron production". Toute l'équipe, une vingtaine de personnes s'est mobilisée et le Bikini a pu renaître de ses cendres en 2007 dans un complexe flambant neuf au bord du canal du midi à Ramonville-Saint-Agne.
40 ans déjà
Des années 90 où Manu Tchao et Zebda assuraient le spectacle gratuitement, à Christophe ou Big Flo et Oli plus récemment, le Bikini c'est aussi l'histoire d'amitiés, nouées en cuisine, l'antre d'Hervé, où le chef fait découvrir les délices de la cuisine du Sud-Ouest : "C'est vrai qu'il y a des artistes qui sont devenus de vrais amis, reconnaît Hervé Sansonetto. "D'autres sont malheureusement partis". Mais ceux qui restent sont toujours partants pour revenir faire un boeuf, ou un concert de plusieurs heures à l'occasion de chaque anniversaire de la salle.
"Le Bikini c'est comme mon 3ème enfant", raconte Hervé qui continue à 68 ans à accueillir les artistes. Le projet d'une vie pour cet éternel rockeur, qui prépare déjà le 50ème anniversaire.