En 2019 suite à une manifestation gilets jaunes, la militante Odile Maurin avait notamment été accusée d’avoir foncé dans des policiers avec une arme bien particulière… son fauteuil roulant. Mercredi 10 mai, quatre ans après les faits et alors qu’elle avait été condamnée à deux mois de prison avec sursis, elle a finalement été relaxée par la Cour d’appel de Toulouse.
C’est une affaire judiciaire dont l’issue était attendue depuis quatre ans : la militante aux multiples casquettes, Odile Maurin, a été innocentée en appel mercredi 10 mai. Lors de son procès au tribunal correctionnel de Toulouse, en 2019, elle avait été condamnée à deux mois de prison avec sursis et à un an d’interdiction de manifester en Haute-Garonne.
“La justice a lavé mon honneur après quatre ans d’attente insupportable. [...] C’est un soulagement que cela soit enfin reconnu."
Odile Maurin
Elle était poursuivie pour des faits de violences à l’encontre de policiers au moyen de son fauteuil roulant motorisé, accusée d’avoir délibérément foncé sur eux lors d’une manifestation gilets jaunes en mars 2019, à Toulouse. “La justice a lavé mon honneur après quatre ans d’attente insupportable. [...] C’est un soulagement que cela soit enfin reconnu”, a-t-elle réagi après la décision.
Une condamnation lourde de conséquences
Dans un communiqué, son avocate en appel, Me Lucie Paupard, tient tout de même à souligner les préjudices induits par cette condamnation pénale “lourde de sens mais également de conséquences” : l’interdiction effective de manifester pendant un an qui lui a valu au bout de 11 mois une amende de 500 euros pour la participation à une manifestation, des frais de justice non remboursés et l’exploitation de l’affaire avant son élection en tant conseillère municipale de gauche à Toulouse.
Elle ajoute : “Madame Maurin s’est injustement vue attribuer un rôle de ‘casseuse de flics’”, tout en lui faisant “endosser pendant plusieurs années le portrait d’une militante agressive, plutôt que celui de victime du comportement de certains policiers.”
Lors de la manifestation à l’origine cette affaire, elle s’était retrouvée projetée contre un camion de police par un agent qui avait pris les commandes de son fauteuil roulant. La défenseuse des droits des handicapés avait subi de nombreuses fractures au pied avec arrachements osseux. Pourtant, son avocate rappelle que l’enquête a été marquée par le refus d'auditionner des témoins ou de prendre en compte une vidéo de la scène.
La possibilité d'avancer
Maître Lucie Paupard salue donc “la rigueur juridique de cette décision”. De son côté, Odile Maurin, espère désormais que ceux qui ont “exploité politiquement” sa condamnation et qui “n’ont eu de cesse de [la] diffamer vont reconnaître leurs torts”, confie-t-elle.
Devenue mascotte locale du mouvement des gilets jaunes, elle était également concernée par plusieurs autres chefs d’accusation : outrage aux forces de l’ordre, incitation à porter atteinte à l’intégrité physique d’une commissaire et entrave à la circulation d’un véhicule de secours, pour s’être positionnée devant le canon à eau utilisé pour le maintien de l’ordre. Pour ces faits, elle avait été déclarée non coupable dès 2019. De l’histoire ancienne, donc, tout comme pourra désormais le devenir la peine qu’elle risquait.