Odile Maurin a été condamnée à deux mois de prison avec sursis et à l'interdiction de manifester pendant un an en Haute-Garonne pour des faits de "violences" sur des policiers lors d'une manifestation de gilets jaunes. Mais la militante toulousaine en fauteuil entend continuer de se battre.
"J’ai honte de mon pays et de sa justice", réagit ce samedi la militante toulousaine Odile Maurin, présidente de l'association Handi-Social et mascotte locale des gilets jaunes.La veille, la manifestante en fauteuil bien connue pour ses actions surprises a été condamnée à deux mois de prison avec sursis et à l'interdiction de manifester pendant un an en Haute-Garonne pour des faits de "violences volontaires" sur des policiers lors d'une manifestation du mouvement social le 30 mars dernier.
"C’est une manière de m’intimider", conclut-elle au lendemain du jugement qui lui interdit désormais de participer à un rassemblement pour soutenir les causes qui lui tiennent à cœur.
Je suis déjà entravée tous les jours dans mes déplacements, et maintenant on veut m’empêcher de manifester, ce qui est mon droit le plus constitutionnel. Mais on ne me fera pas taire.
- Odile Maurin
Elle dénonce "une décision politique"
La fervente militante pour les droits des handicapés était accusée d'avoir blessé un policier aux genoux et un brigadier à la cheville en les bousculant avec son fauteuil roulant motorisé lors d'un face-à-face tendu le jour de la manifestation.La quinquagénaire a affirmé lors du procès qu'il s'agissait en fait d'une mauvaise manipulation d'un des deux policiers qui aurait actionné les commandes de son fauteuil pour l'écarter.
"On a le droit de manifester dans le respect des lois, mais à mon avis Mme Maurin s'est mise hors la loi", a déclaré le procureur, qui avait requis contre elle une amende et deux ans d'interdiction de manifester.
"Cette décision est politique. Le juge n’a pas voulu regarder la vidéo que j'ai fourni et qui prouve ma version des faits", déplore-t-elle. Le jugement la condamne également à indemniser les policiers de 400€. "Des policiers qui n'ont pas fait constater leurs blessures et n'ont eu aucun jour d'ITT alors que j'ai eu cinq fractures du pied et ma plainte n'a toujours pas été instruite", rappelle-t-elle.
Continuer ses combats... sous une autre forme
Son avocat, Me Pascal Nakache, a déjà annoncé que sa cliente ferait appel. Il avait plaidé la relaxe et compte faire de même devant la cour d'appel. "Il ne peut pas en être autrement, je ne suis pas en tort", explique la militante.En attendant, Odile Maurin veut faire savoir qu'elle ne s'avoue pas vaincue, mais garde secret ce qu'elle compte faire par la suite. "Il va falloir définir ce qu’on entend par manifester", lance-t-elle comme un défi.
Ce samedi 7 décembre, au lendemain de sa condamnation, elle s'est exprimée à distance à travers un haut parleur lors de la manifestation des gilets jaunes qui a rassemblé quelques centaines de personnes.
Odile Maurin est effectivement connue pour sa pugnacité. Ses faits d'arme ; le blocage d'un TGV dans la gare Matabiau en octobre 2018 ou encore son irruption sur les pistes de l'aéroport Toulouse-Blagnac en décembre de la même année. Des faits pour lesquels elle sera jugée, aux côtés d'autres militants, le 24 mars 2020.