Aéronautique : la chaine de production de l'usine Latécoère menacée de délocalisation

La chaine de production du sous-traitant aéronautique Latécoère de Montredon pourrait être délocalisée au Mexique et en République Tchèque. Elle concernerait presque 150 salariés, qui devraient être reclassés d'après une source proche du dossier.

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Seulement six ans après son inauguration, est-ce déjà la fin de “l'usine du futur” ? La chaîne de production de Latécoère du site Montredon, spécialisée dans la sous-traitance aéronautique, pourrait être délocalisée au Mexique et en République Tchèque d’ici à fin 2024. L'annonce a été faite lors d'un CSE extraordinaire organisé le 25 janvier dernier. Si des rumeurs circulaient à ce sujet selon Florent Coste, le délégué syndical CGT, “ça a été la stupéfaction”

Toutefois, une source proche du dossier nuance le projet. "C'est une petite partie des activités qui partent pour l'étranger. On veut regrouper les services du bassin toulousain au même endroit, c'est-à-dire à Montredon. Nous regrouperons les activités du site de Colomiers et de Labège ainsi qu'un nouveau centre de développement qui devrait être opérationnel à la fin du semestre".

Usine flambant neuve inaugurée en 2018, la promesse de ce projet était celle d'une usine ultra-moderne, 100% automatisée et digitalisée, "une usine 4.0" comme la qualifie la Région. Après cette annonce, sa présidente Carole Delga (PS) n'a pas manqué de réagir "L’annonce de la délocalisation des activités d’usinage par la direction représente un choc pour les salariés. Je tiens à leur témoigner mon total soutien et à leur dire que la Région est à leurs côtés.". L'investissement estimé entre 25 et 30 millions d'euros et qui faisait tourner depuis presque six ans entre 150 et 200 salariés. 

Je tiens à leur témoigner mon total soutien et à leur dire que la Région est à leurs côtés [...] L’entreprise fondée par Pierre-Georges Latécoère est un symbole de l’aéronautique toulousaine et un fleuron de l’industrie française.

Carole Delga, présidente (PS) de la région Occitanie

Quid des 145 salariés ?

En cas de délocalisation, 145 salariés (105 à Montredon et 36 à Labège) seraient concernés. Notre source proche du dossier assure toutefois qu’il ne devrait pas y avoir de licenciement. "En terme de réduction de poste, c'est extrêmement faible, ce sont beaucoup de départs négociés [...] Qu'ils aient des craintes, c'est légitime, mais ils se rendront compte au fur et à mesure des réunions que nous faisons cela pour être plus efficaces et mieux satisfaire le client". 

En cas de besoin, les salariés seraient donc reclassés au moyen d’un dispositif de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP) afin de leur proposer des formations et de les accompagner au mieux dans leur réinsertion. Cette source proche du dossier promet également que ce reclassement se fera au maximum au sein même de l’Occitanie. “Mais les reclasser où ? Y’a que 63 postes ouverts dans la région et pour la plupart, ce sont des postes de cadres. A Montredon, nous avons surtout des machinistes …” déplore Florent Coste. 

D’après le représentant syndical, une réunion était organisée avec les trois syndicats ce mercredi 8 février, à la demande du personnel. “Il y aura sûrement des mobilisations de protestation puisqu’ils refusent catégoriquement la délocalisation. Aucune machine et aucune personne ne sortira”. 

Concurrence trop importante sur fond de sortie de crise sanitaire

Toujours selon notre source proche du dossier, il y a deux raisons qui expliquent cette délocalisation. La première est liée aux difficultés rencontrées par l'aéronautique depuis la crise sanitaire, obligeant alors plusieurs constructeurs à réduire leurs cadences de production. Pourtant, le secteur donne l’impression de doucement se relever puisqu’Airbus prétend aujourd’hui parvenir à la création de 7 000 emplois et 6 000 remplacements dans l’optique de répondre à la demande et d'augmenter à nouveau les cadences de production. "On doit malgré tout trouver le meilleur moyen pour rendre l'organisation plus efficace dans un contexte de reprise. La question du coût reste importante."

La seconde raison est liée aux difficultés rencontrées par le programme du long-courrier 787 de Boeing. Le groupe américain avait en effet dû stopper ses livraisons pendant plus d’un an en raison de plusieurs malfaçons. Il se trouve que l’usine de Montredon produit une grande quantité de pièces de ces engins. “En termes de chiffre d'affaires et de volume d’activité, c’était un de nos rares chantiers rentables” admet Florent Coste. Mais tout ne serait encore qu'à l'état de projet puisque plusieurs réunions devraient se tenir entre direction et syndicats à partir de la mi-février.

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