Dans une lettre ouverte envoyée le 26 février, le collectif contre la privatisation de la gestion de l'aéroport de Toulouse-Blagnac interpelle Bruno Le Maire, ministre de l'économie. Ses auteurs souhaitent le rencontrer pour discuter des enjeux qui entourent la gestion de cet aéroport.
Eux aussi espèrent avoir voix au chapitre. Les membres du collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac interpellent le ministre de l'économie, Bruno le Maire, dans une lettre ouverte publiée le 26 février. Ils souhaitent échanger avec lui à propos de ce qu'ils considèrent être "un enjeu de souveraineté nationale", au moment où le Chinois Casil Europe, actionnaire à 49,99%, s'apprête à revendre ses parts à un tarif 60% plus élevé que son prix d'achat il y a 4 ans.
Le collectif présente dans sa lettre les trois sujets qu'il souhaite évoquer avec le ministre de l'économie. En premier lieu, il est question de demander à la justice d'annuler la vente par l'État, en 2015, de 49,99% de ses parts à Casil Europe. Les opposants au projet ont déjà lancé une pétition pour saisir la justice afin de demander l'annulation de la transaction pour "dol". Ce terme juridique désigne une manipulation ou un mensonge, au moins par omission, servant à convaincre un contractant. Ce grief peut, dans certains cas, engendrer l'annulation du contrat. En parallèle, le 22 février, trois syndicats de Haute-Garonne (CGT, FSU et Sud) se sont tournés vers le tribunal de commerce de Paris pour demander une mise sous séquestre des actions de Casil Europe. Cela, afin d'éviter la revente annoncée pour mai 2019. En second lieu, les auteurs de la lettre souhaitent évoquer le contrôle de la gestion de l'aéroport. L'État a toujours assuré qu'il resterait entre les mains des actionnaires majoritaires, ou autrement dit, entre ses mains. Mais selon des documents publiés par Mediapart, le pacte d'actionnaire qui fixait les conditions de la transaction en 2015 octroyait de fait le contrôle gestionnaire de l'aéroport au groupe Casil Europe, même minoritaire. La confirmation par l'État de l'existence de cette condition se fait toujours attendre. Le collectif antiprivatisation espère qu'elle viendra de Bruno le Maire.
Enfin, les signataires de cette lettre souhaitent y voir plus clair sur le projet de développement mis en avant par Casil Europe au moment du rachat des parts de l'État. Les acquéreurs avaient en effet mis en avant un argument massue : un investissement de 850 millions d'euros sur 30 ans, pour donner une nouvelle dimension à l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Une promesse dont les contours sont toujours restés très flous.
Le collectif antiprivatisation espère pouvoir rencontrer le Ministre de l'économie à l'occasion d'une visite aux collectivités locales prévue en mars.