La gestionnaire d'un compte créé en août dernier vient de recevoir une lettre de mise en demeure de fermer son compte Twitter de la part des avocats de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Elle a décidé de ne pas y obéir.
"Je ne fermerai pas ce compte, c'est à la fois une atteinte à la liberté d'expression et une tentative d'intimidation". La gestionnaire du compte Twitter "Aéroport Toulouse Stop Nuisances Aériennes" vient de recevoir un courrier de plusieurs pages adressé par un cabinet d'avocat de Bordeaux, agissant au nom de la société ATB (Aéroport Toulouse Blagnac), gestionnaire de la plateforme aéroportuaire de Toulouse.Dans ce courrier, les avocats mettent en demeure la gestionnaire de...
La gestionnaire du compte Twitter, créé en août 2018, est tombée des nues à la réception de ce courrier :...bien vouloir immédiatement supprimer l'intégralité des tweets émis par l'intermédiaire du compte Twitter (...) ainsi que plus généralement ledit compte Twitter lui-même ; plus généralement cesser tout acte de dénigrement, de diffamation, d'insulte et/ou toute menace à l'endroit de la société Aéroport Toulouse Blagnac et/ou de ses dirigeants et/ou actionnaires, vous abstenir à l'avenir de publier sur tous supports des propos dénigrants, diffamants, insultants et/ou menaçants à l'endroit de la société Aéroport Toulouse-Blagnac et/ou de ses dirigeants et actionnaires.
Ils s'en prennent avec beaucoup de violence à un compte qui n'a que 58 abonnés. Mais en faisant cela, ils dépassent les bornes : ce sont eux les agresseurs et moi l'agressée. Et puis c'est contre-productif : ils donnent ainsi une image épouvantable de l'entreprise en s'en prenant à ceux dont les activités sont rythmées, toute la journée, la soirée et la nuit, par le passage des avions au-dessus de leur domicile.
Elle habite dans une zone soumise au bruit des avions. Elle a décidé de créer ce compte sur Twitter car elle estime qu'il y a une forme d'omerta à Toulouse. "J'ai des voisins dont les enfants travaillent chez Airbus ou la Chambre de commerce et d'industrie (NDLR : actionnaire minoritaire d'ATB), or, ils n'osent pas dire ce qu'ils pensent, les nuisances qu'ils subissent de peur de gêner l'industrie aéronautique, dont le poids est considérable".
Les avocats de l'aéroport reprochent au compte Twitter de dénigrer l'entreprise ATB à travers ses publications. Ils évoquent également la diffamation, mais, a priori, aucune plainte en ce sens n'a encore été déposée contre le compte Twitter et sa gestionnaire. Enfin, ils lui reprochent des "menaces de mort" envers l'un des dirigeants de Casil Europe, Mike Poon, à travers le tweet suivant, dont la capture figure dans le courrier de mise en demeure.
Elle affirme aujourd'hui n'avoir aucune intention de supprimer son compte. "Leur réaction est disproportionnée mais elle montre surtout la volonté de faire taire ceux qui s'expriment et qui souffrent des nuisances".
Cette mise en demeure aura-t-elle un effet inverse en faisant une bonne publicité pour ce compte Twitter dont l'audience est pour le moment confidentielle ?