Affiche anti-vaccin à Toulouse : pour le virologue Jean-Michel Mansuy, "C'est du grand n'importe quoi !"

Jean-Michel Mansuy, praticien hospitalier au laboratoire de virologie au CHU de Toulouse (Haute-Garonne), commente l’affiche anti-vax placardée dans la Ville rose et qui fait polémique. Pour le virologue cette démarche est irresponsable.

"Un accident cardiovasculaire pour 100 injections." C’est avec une attention mêlée d’incompréhension que le praticien au laboratoire de virologie au CHU de Toulouse Jean-Michel Mansuy lit l’affiche anti-vax qui a fleuri dans la Ville rose.

Le poster qui fait polémique est l’œuvre d’un auto-proclamé Conseil scientifique indépendant, connu également sous le nom de Réinfo Covid, opposé à la vaccination contre le coronavirus en raison des effets secondaires qu’elle provoquerait selon eux.

Je suis attristé par le message, c’est scandaleux. On est dans un pays où existe la liberté d'expression certes, mais en voyant ça, on se demande comment on peut afficher des désinformations de ce type sur de si grandes affiches. C'est du grand n'importe quoi. C'est comme si on disait "le tabac ne tue pas, continuez de fumer."

Dr. Jean-Michel Mansuy

"Qui sont ces gens, d'où sortent-ils leurs données ?"

Le praticien hospitalier au laboratoire de virologie pense qu’il s’agit "probablement de théoriciens du complot. Ceux qui disent que nous allons être pucés et bénéficier de la 5G lorsqu'on est vacciné, on devrait leur interdire d'afficher des données fausses. Je ne comprends pas leur intérêt. Qui sont ces gens, d'où sortent-ils leurs données ?"

Comme le rapporte le quotidien Le Monde, dans un article paru en octobre 2021, "emmené par Louis Fouché (ancien médecin réanimateur à Marseille (Bouches-du-Rhône)), ce réseau propage de fausses informations sur le vaccin et la pandémie." L'un des membres de groupe, le docteur Olivier Soulier a accueilli plusieurs militants de RéinfoCovid dans sa résidence de villégiature dans l'Aveyron. 

Le docteur s’interroge également sur la source du financement d’une telle campagne.

C'est une réinterprétation des choses qui est fausse. C'est du racolage facile, rapide et il n'y a aucune source scientifique derrière. C'est grave. Ils auto-valident leurs propos. Des effets secondaires sont possibles comme lors de l'administration de n'importe quelle substance étrangère car on sort du physiologique. Mais la vaccination demeure une mesure de santé publique et en particulier adaptée aux situations épidémiques.

Dr. Jean-Michel Mansuy

Aucune preuve de causalité

Sur le site américain de la CDC (Centers for Disease Control and prevention), on peut lire ceci : "Les rapports de décès après la vaccination contre le Covid-19 sont rares (…) Les prestataires de soins de santé signalent tout décès après la vaccination au COVID-19 même s'il n'est pas clair si le vaccin en était la cause." Plus de 604 millions de doses de vaccins COVID-19 ont été administrées aux États-Unis du 14 décembre 2020 au 3 août 2022. Et pendant cette période, "15 799 rapports préliminaires de décès ont été reçus parmi les personnes qui ont reçu un vaccin contre la COVID- 19". Soit 0,0026%.

À partir de la commercialisation de chaque vaccin, Covid-19 ou pas, les agences sanitaires européennes et américaines sont chargées de suivre ses effets secondaires. En France, c’est l’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments) qui reçoit et traite les signalements de professionnels ou de patients.

La santé de nos enfants est bien sûr primordiale et personne n'avance le contraire. Leur permettre l'accès à la vaccination les protège, protège leurs parents, grands-parents et par là, les sujets fragiles.

Dr. Jean-Michel Mansuy

Un accident pour 100 vaccins, "c'est faux"

Dans l’Hexagone, environ 150 millions de doses de vaccins ont été administrées au total depuis le début de la campagne, dont près de 9 millions chez les enfants âgés de 5 à 11 ans, pour qui la vaccination est recommandée. Chez cette tranche d’âge, moins de 5 000 effets secondaires auraient été rapportés, dont plus de 97% sans gravité.

Le vaccin évolue avec les virus qui circulent; de fait il se peut qu'il soit modifié un jour.

On peut tout entendre et discuter de tout, mais encore faut-il que ce soit basé sur des faits vérifiés et vérifiables. Or, là, on nous assène un accident pour 100 vaccins, c'est faux. Ou alors, il faut prouver le contraire.

Dr. Jean-Michel Mansuy

La préfecture interpellée par l’Ordre des médecins

"Il faut avoir des débats constructifs et argumentés. Les faits réels sont publiés dans des revues scientifiques nationales ou internationales. Ces vérités-là sont posées, discutées, écrites. Or ici, il n’y a rien, c’est de l’auto-information. Quelqu'un devrait porter plainte pour ça", déclare Jean-Michel Mansuy.

L'Ordre des médecins assure avoir alerté la préfecture à ce sujet. Contactée, cette dernière n'a pas répondu à la sollicitation de France 3 Occitanie. La Ville, quant à elle, dit ne pas pouvoir faire plus que saisir le service juridique : les affiches sont placardées sur des panneaux situés dans le domaine privé.

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