Airbus dévoile l'empreinte carbone de ses avions

Airbus vient de rendre publique l'empreinte carbonne des appareils produits. Une initiative "volontaire" selon l'avionneur européen qui entend montrer son "engagement à promouvoir la décarbonation du secteur".

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La totalité des avions produits par Airbus en 2020 émettront autant de CO2 sur leurs deux décennies d'exploitation que la France en un an. En jouant la transparence, l'avionneur européen donne des gages sur la promesse du secteur aérien de réduire ses émissions.

Airbus a dévoilé vendredi pour la première fois l'empreinte carbone qu'auront ses avions tout au long de leur vie. Entre mouvement "flygskam" incitant à ne pas prendre l'avion pour lutter contre le réchauffement climatique et attentes croissantes des investisseurs en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la pression est forte pour que le secteur aérien respecte son engagement de diviser par deux ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'ici 2050 par rapport à 2005. Il représente actuellement 2% des émissions mondiales de CO2, selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
 

"Promouvoir la décarbonation du secteur"

Airbus a donc adopté le standard de comptabilité international "Greenhouse Gas Protocol (GHG)", qui mesure notamment les émissions issues de l'utilisation des produits d'une entreprise par le consommateur final (périmètre dit "scope 3").
Par cette initiative "volontaire", une première pour un fabricant majeur d'avions, "nous voulons vraiment démontrer notre engagement à promouvoir la décarbonation du secteur", explique à l'AFP Julie Kitcher, vice présidente exécutive d'Airbus, chargée notamment du développement durable.

L'avionneur a ainsi calculé que les 863 appareils qu'il a livrés en 2019 émettront un total de 740 millions de tonnes de CO2 au cours de leur durée d'utilisation par les compagnies aériennes, estimée à 22 ans. Sur ce total 130 millions de tonnes proviennent des émissions liées à l'extraction, au raffinage et à l'acheminement du carburant nécessaire à leur exploitation.

Cela représente 66,6 grammes de CO2 par passager au kilomètre, selon Airbus qui s'est fondé sur un taux d'occupation moyen des avions de 82,5%, constaté en 2019 par l'Association internationale du transport aérien. Les calculs de l'avionneur ont fait l'objet d'un audit externe.
Les 566 avions livrés en 2020 -un chiffre en baisse reflétant l'impact de la crise du Covid-19- devraient eux émettre 440 millions de tonnes de CO2 au cours de leur exploitation et 63,5 grammes par passager au kilomètre.

Cela correspond aux émissions de CO2 émises par la France pour la seule année 2019 (441 millions de tonnes quand l'Allemagne en émettait 805 millions selon les données officielles).

"Identifier des leviers pour réduire les émissions"

Le transport aérien commercial émettait une moyenne de 90g/km par passager en 2019, reflet d'une flotte mondiale hétérogène dont les avions les plus anciens sont plus gourmands en carburant, selon les données de l'ONG International Council on Clean Transportation (ICCT), les automobiles mises sur le marché en 2019 en Europe émettant elles une moyenne de 122g/km (à diviser par le nombre de passagers).

Cet état des lieux permet de mieux identifier les leviers pour réduire les émissions mais ne constitue qu'une "photo à un instant T" de la situation, nuance Julie Kitcher. Elle ne tient pas compte par exemple d'une utilisation accrue à l'avenir de carburants durables d'origine non fossile.

 "Les avions livrés en 2019 sont certifiés pour voler avec 50% de carburants d'aviation durables" (SAF) et devraient l'être au cours de la prochaine décennie pour pouvoir brûler uniquement des biocarburants ou carburants de synthèse, explique-t-elle. Or ceux-ci sont encore trop chers, donc pas rentables pour les compagnies aériennes, et trop peu disponibles.
Voler avec 50% de carburants durables permettrait d'ores et déjà de réduire les émissions des appareils de 40%, plaide-t-elle. "Nous prenons notre part de responsabilité, mais la décarbonation du secteur fait partie d'une transition plus vaste et plus complexe, à savoir la transition énergétique mondiale".

Tenir l'objectif de 2050 et ainsi tendre vers le "zéro émission" équivaut à une flotte d'avions 90% plus efficace que celle de 2005.

Outre les développements sur les SAF et l'hydrogène (50% des gains à attendre), la feuille de route technologique du secteur comprend donc des recherches sur l'amélioration de la gestion du trafic aérien (8% des gains, selon Airbus) et des avancées technologiques sur les avions et les moteurs (42%).
Cela a déjà commencé : les A320 produits actuellement émettent 20% de moins que ses anciennes versions, grâce notamment à de nouveaux moteurs.
Le motoriste et équipementier Safran a lui aussi annoncé jeudi qu'il comptabiliserait cette année les émissions directes de CO2 liées à l'utilisation de ses moteurs.
   

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