Cette année, les parents d’Anne-Laure Arruebo, une des victimes des attentats du 13 Novembre 2015, sont privés des habituelles cérémonies nationales d’hommage organisées à Paris. A leur tristesse immense s’ajoute une grande déception.
Ils auraient souhaité être tous ensemble à Paris, unis dans la douleur comme chaque 13 novembre. Mais la crise sanitaire et le risque d’attentat en ont décidé autrement. Cette année, les parents d’Anne-Laure Arruebo, l’une des victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, sont contraints de rester chez eux dans la banlieue toulousaine. Privées d’une cérémonie nationale à laquelle ils sont attachés.
Jean-Bernard Arruebo, le père d’Anne-laure, se confie avec retenue : « notre tristesse est accentuée car nous ne pouvons aller nous recueillir à Paris sur la place en face de la terrasse de la Belle équipe. » La terrasse du café La Belle équipe, rue de Charonne à Paris, où ce vendredi 13 novembre 2015, Anne-Laure Arruebo, 36 ans, inspectrice des douanes était attablée avec une amie et collègue. Les deux femmes seront mortellement touchées par les balles des terroristes.C’est une tristesse immense qui s’ajoute à notre habituelle douleur.
Jean-Bernard Arruebo ne veut pas polémiquer mais n’accepte pas de ne pas avoir obtenu de dérogation pour une journée. Leur présence aux cérémonies nationales a en effet été refusée, malgré une demande des associations de familles de victimes auprès du président de la République, du Premier ministre et de la maire de Paris.
Une cérémonie pour les « officiels » uniquement
Les parents d’Anne-Laure Arruebo vivront donc ce douloureux moment chez eux, à leur domicile de Quint-Fonsegrives. Ils n’ont appris qu’hier en fin d’après-midi qu’une « tolérance » et non une autorisation avait été accordée aux familles par la maire de Paris pour se rendre sur les différents lieux des attentats.« Les familles parisiennes iront se recueillir après les cérémonies officielles mais pour toutes les familles qui n’habitent pas sur place, c’est trop tard. Nos filles qui travaillent à Paris n’ont pas eu d’autorisation d’absence de leur employeur cette année. » Jean-Bernard Arruebo ajoute d’une voix lasse : « les ministres iront de site en site avec les présidents de deux associations de victimes mais où sont les familles ? ».
Cette année, cela fait 5 ans. Nous sommes un vendredi comme en 2015 et nous sommes privés de cérémonie, cela fait beaucoup….
Une lettre pour ne pas oublier
Alors les époux Arruebo ont choisi d’écrire une lettre publiée sur le site internet de la mairie de leur commune, Quint-Fonsegrives. La voici :Vendredi 13 novembre 2015, vendredi 13 novembre 2020 : 5 ans déjà remplis de tristesse diffuse.
“Il faut aimer la nuit parce qu’elle est porteuse de lumières” écrivait Georges Mandel résistant proche du Général de Gaulle. Puisse le sacrifice de toutes les victimes innocentes des attentats terroristes aider nos dirigeants à prendre les bonnes décisions.
La mémoire est un moyen de ne pas oublier notre vie passée. “Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir” Maréchal Foch.
Anne-Laure est, pour nous ses parents et ses sœurs Christelle et Marie-Eve, toujours présente. Elle continue à vivre grâce à ses amis, ses collègues, ses proches.
Elle était inspectrice des Douanes. Elle avait 36 ans. La peinture, les expositions, les spectacles, la couture, les voyages faisaient partie de sa vie.
Nos remerciements vont à la commune de Quint-Fonsegrives et à ses habitants pour toutes leurs marques de soutien et d’affection à notre égard comme peut en témoigner la médiathèque qui porte le nom d’Anne-Laure ARRUEBO.
La perspective du procès
Le soir du 13 novembre 2015, des commandos jihadistes ont fait 131 morts et 413 blessés à l’extérieur du Stade de France, sur des terrasses de Paris et dans la salle de spectacle du Bataclan. L’organisation Etat islamique revendique alors les attaques. Le seul membre des commandos encore en vie, le Franco-belge Salah Abdeslam est arrêté quatre mois plus tard, à Bruxelles.Il doit être jugé début 2021 à Paris ainsi que 19 autres suspects (logisticiens, convoyeurs et intermédiaires présumés), dont cinq - probablement morts en zone irako-syrienne - en leur absence.
Un procès que les parents d’Anne-laure Arruebo attendent et appréhendent tout autant.