Vendredi 13 novembre 2015, 90 personnes perdaient la vie au Bataclan suite à une attaque terroriste. Baptiste Chevreau, 24 ans, originaire de Tonnerre dans l'Yonne, faisait partie des victimes. Cinq après le drame, famille et proches lui rendent hommage dans un texte publié sur les réseaux sociaux.
Les mesures sanitaires liées au confinement comme l'interdiction de rassemblements publics réduisent les commémorations des attentats de Paris et Saint-Denis au minimum. Cela complique la tenue des hommages pour les victimes d'attentats, et ceux du 13 novembre, dont on commémore ce vendredi les cinq ans.
Malgré tout, les familles s'organisent pour, à leur façon, honorer la mémoire de ceux qui ont été frappés par la barbarie terroriste. Comme Philomène Petitjean et Marc Chevreau, les parents de Baptiste, un Icaunais originaire de Tonnerre, qui a perdu la vie au Bataclan. En raison de la crise sanitaire, la cérémonie publique prévue aujourd’hui au kiosque à Baptiste a été annulée.
Mais ce matin, à 11 heures, les parents de Baptiste ont quand même décidé de commémorer la mémoire de leur fils en petit comité devant le kiosque qui porte son nom situé dans le parc du Patis à Tonnerre. Une commémoration qui s'est tenue en présence du maire de la ville, Cédric Clech. Pour l'élu, "cette cérémonie a une raisonnance par rapport àce qui a été consrtuit, par ce kiosque consrtuit avec la mobilisation des habitants. Aujourd'hui, il faut être derrière la famille, respecter cet hommage. C'était important de se retrouver aujourd'hui."
Pour rendre hommage à Baptiste, la famille les proches ont également choisi de publier, sur les réseaux sociaux et notamment la page Facebook de l'association Le Kiosque à Baptiste, un texte qui selon eux "permettra peut-être à chacun de se recueillir à sa façon". Une quarantaine de lignes qui invitent à "se souvenir de l'effroi, de l'indicible" et "ne pas oublier que ces horreurs ont été commandées, organisées".
Après cinq ans d'horreur, c'était important de rappeler ce qui s'est passé et que personne n'oublie ça".
Pour Philomène Petitjean, la maman de Baptiste, "ce texte est important. C’est une étape. Après 5 ans d’horreur, c’était important de le rappeler et que personne n’oublie ça. Ce texte a été écrit avant de savoir qu’on ne pourrait pas faire de cérémonie normale. Il n'a même pas été réadapté. Il va être lu durant la cérémonie et c’est pour cela qu’on l’a partagé sur les réseaux sociaux. C’était pour que tout le monde puisse le lire, l’écouter, le voir et le partager."
Parce qu'on ne peut pas oublier
Ce texte en hommage à Baptiste a suscité beaucoup d'émotions et de réactions sur les réseaux sociaux. Lu ce matin lors de la cérémonie, il rappelle qu'il faut "se souvenir de Baptiste, et des 130 autres victimes décédées ce jour-là. Parce qu’on ne peut pas oublier".
"C’est le but de ce texte, c’est ça ! Surtout de ne pas oublier ce qu’il s'est passé et ce qu’il continue de se passer," rappelle Philomène Petitjean. "Nous, on n’a pas de risque d’oublier car à chaque attentat, cela nous remet une piqûre de rappel et malheureusement, il y en a beaucoup. C’est terrible que cela n’en finisse pas".
Le kiosque à Baptiste, un lieu de mémoire qui demande du respect
L’importance tragique de ces événements dans l’histoire a trouvé une traduction concrète à Tonnerre dans l’espace public, à travers la rénovation et la reconstruction du kiosque de la ville.
Comme le rappelle sur sa page facebook l'association du Kiosque à Baptiste, "ce monument sera érigé contre la bêtise, la violence et la haine, et portera les valeurs que Baptiste soutenait : la tolérance, l'amour de la musique, de l'art et des artistes, l'Amour tout court" .
Dans le texte publié sur les réseaux sociaux, la famille et les proches de Baptiste souhaitent que "ce lieu, qui mérite le respect, soit là pour rappeler ce qui est arrivé mais aussi, pour que la fête, les arts et la culture perdurent." Pour Philomène Petitjean, "il a été construit en hommage à Baptiste et évidemment, il a un grand sens même pour la ville et ce qu’il représente, c'est-à-dire la continuité des arts de pouvoir continuer à vivre presque normalement en faisant venir de la musique, des concerts, des spectacles. C'est ce qu'on veut défendre."
Car Baptiste Chevreau était un passionné de musique. Le jeune homme jouait de la musique depuis l'âge de trois ans. Avec ce kiosque, sa maman veut faire en sorte
que ce lieu de mémoire reste un lieu de vie. "Il peut se transformer en lieu de vie quand il y a des concerts et faire partager des choses importantes pour tout le monde."
Des réponses attendues au procès
Le procès des attentats du 13 novembre est très attendue par les familles des victimes. Il devrait commencer au début de l'année 2021. La famille de Baptiste le rappelle dans le texte. "Cinq ans sont passés, ponctués par de nouvelles barbaries. La vie a continué, malgré un grand vide et des tas de questions. Le procès à venir va peut-être nous apporter quelques réponses. Pour ce qui est du vide, il sera en nous pour toujours."
Le reportage de Marie-Charlotte Roupie et Claude Heudes