On connaissait les perles du bac, voici celles concernant les appels au 17. À l'autre bout du fil : Philippe Baccus, un policier de Toulouse. Pendant plusieurs années, il s'est amusé à noter quelques expériences vécues au centre de gestion des appels au numéro d'urgence de la police. Son livre vient d'être publié.
Philippe Baccus est dans la police depuis 18 ans. Après des années sur le terrain, il est affecté au centre d'information et de commandement de la Haute-Garonne où il est chargé du traitement des appels au 17. Le numéro des urgences police.
Chaque jour, ce sont 800 appels reçus. Pour des agressions, des vols, etc. Mais arrivent aussi au standard, des appels quelque peu farfelus. "On m'a profané des insultes", "j'ai subi des services corporels". Des fautes de langage qui font rire le policier qui décide alors de les noter pour s'en souvenir et les partager le soir avec sa femme. Un jour, il s'aperçoit qu'il a plus de 600 notes, et une amie lui suggère l'idée d'un livre. "Police, j'écoute !" de Philippe Baccus vient de sortir en librairie.
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La perle des perles
En prenant les appels, Paul Baccus en a entendu des vertes et des pas mûres. L'appel le plus mémorable ? "Mon préféré en termes de "waouh, lui, il n'est pas sur la même planète." C'est un monsieur qui se faisait pirater le cerveau par les ondes émises par Facebook et qui espéraient qu'on vienne poser des brouilleurs chez lui ou remonter l'adresse IP parce que c'est un complot mondial", nous raconte le policier. Lui, il était vraiment tracassé, vraiment inquiet. Parce que dans son délire, c'était hypercohérent et du coup, pour lui, il y avait réellement un besoin de la police."
Au bout de quinze appels, j'ai fini par lui suggérer de fabriquer un casque en aluminium.
Philippe Baccus, auteur de "Police, j'écoute !"
"Je lui ai dit, vous voyez bien, c'est interdit d'en mettre dans un micro-ondes, c'est parce que ça repousse les ondes. Et donc l'argument était tellement bon que ça l'a satisfait." Mais le meilleur reste à venir. Une heure plus tard, le monsieur rappelle. "Il me dit : j'ai fait trois pharmacies, ils n'en vendent pas." Philippe Bacchus avoue que ça, ça l'a beaucoup fait rire. D’autant plus qu'une fois rentré chez lui, et racontant l'histoire à sa femme, il s'est imaginé le final : "ce monsieur en train de se faire un moulage du crâne avec ses feuilles d'alu."
Psychologie de l'appel
Toujours rester poli, même s'il se permet parfois un soupçon d'ironie. Et surtout, pas question de se moquer. Dans ce recueil des perles du 17, l'anonymat des appels est d'ailleurs préservé. La plupart du temps, "à l'autre bout du fil, des gens qui sont perdus, qui sont paniqués, qui ont perdu leurs repères et qui ne savent pas gérer une situation, explique Philippe Baccus. Ils ont juste besoin d'un peu de sang-froid. On les remet sur les rails et ça roule."
Le policier nous apprend qu'au sein de la police, il existe des formations, en plusieurs modules, pour gérer ce genre d'appels. "Il y a une semaine entière dédiée à la psychologie de l'appel et de l'urgence."
Parfois, on a des gens qui se disent que ça n'a pas l'air bien grave alors qu'au contraire, la situation est dramatique. Parfois, c'est complètement l'inverse. La personne est en panique pour pas grand-chose.
Philippe Baccus, policier à Toulouse, auteur de "Police, j'écoute !"
Pour le policier à l'autre bout du fil, il est particulièrement important d'évaluer la situation : "identifier rapidement si c'est une urgence ou si c'est quelqu'un qui se fait un film." Et le tri des appels doit être particulièrement efficace.
"On est là pour mettre fin à des choses illégales, des violences, des délits... Quelqu'un qui n'est pas d'accord sur le choix de film du soir avec sa femme, il n'y a pas besoin d'une intervention de la police. Il arrive aussi qu'on soit appelé parce qu'il y a des cris et tout, alors qu'il s'agit juste d'un couple heureux de se revoir. Ça nous fait perdre du temps sur d'autres missions."
Un livre au profit des orphelins de la police
"Police, j'écoute !" est paru le 4 octobre 2024. Philippe Baccus n'a pas encore de chiffres sur les ventes réalisées, mais une chose est sûre, les bénéfices seront reversés à l'association Orpheopolis qui vient en aide aux orphelins de la police.
"Je ne voulais pas gagner de l'argent sur des appels que je reçois au travail et pour lequel je suis déjà payé, nous confie Philippe Baccus. Et on a tous des copains qui sont morts en service ou qui se sont suicidés. Et il y a beaucoup de jeunes orphelins. L'association les aide à retrouver une stabilité, en participant à des sorties, en bénéficiant de soutien scolaire par exemple."
Le policier a également convaincu son éditeur, les éditions de l'Opportun, de reverser à l'association un euro par livre vendu.