"Bien trop petit", le roman jeunesse de l'auteur Toulousain serait-il à caractère pornographique ? C'est ce que lui reproche le Ministère de l'Intérieur qui a publié un arrêté pour l'interdire près d'un an après sa parution. L'auteur et son éditeur réagissent.
Le roman pour adolescents du Toulousain Manu Causse, intitulé "Bien trop petit", a été censuré par Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur lui reproche des pages à caractère pornographique.
Censuré par le Ministère de l'Intérieur
Manu Causse a appris la nouvelle il y a 10 jours. Le couperet est tombé. En vertu de la loi de 1949 qui prohibe les publications "à caractère pornographique destinées à la jeunesse", son roman "Bien trop petit", destiné aux 15/25 ans a été censuré par le Ministère de l'intérieur.
"Il y a des passages explicites dans ce livre", reconnaît Manu Causse. "Mais ils sont mis en perspective par l'histoire. Il s'agit des délires érotomanes d'un jeune homme, de fantasmes qui se traduisent par un pastiche du porno des années 80. Ces passages sont là pour questionner le bouillonnement hormonal d'un adolescent et de ses traumatismes."
Déjà déconseillé au moins de 15 ans
"Bien trop petit" raconte l'histoire d'un adolescent complexé par la taille de son sexe et victime de moqueries de la part d’un élève de son lycée. Il a été publié en octobre 2022 dans la collection "l'ardeur" chez Thierry Magnier. Une collection érotique "éclairée", destinée selon l'éditeur "à dissiper certains malentendus autour de la sexualité et à en donner une image plus positive et plus ouverte".
"L'ouvrage était d'ailleurs déconseillé au moins de 15 ans depuis sa sortie", admet Manu Causse, qui rappelle aussi que "d'autres livres destinés à la jeunesse contiennent des scènes de sexe explicites, comme les mangas ou la Dark Romance, sans pour autant être interdit aux moins de 18 ans."
Retour à l'ordre moral ?
Depuis l'annonce de cette censure, une partie du monde de l'édition et du public est en émoi. la Ligue des Droits de l'Homme, qui soutient l'auteur et son éditeur pourrait bien entamer une action contre la loi de 1949. L'éditeur, lui, a dû se plier à la sentence. Les livres ont tous été estampillés d'un sticker "Interdit aux moins de 18 ans".
Le roman "nouvelle version" devrait être très vite de retour dans les bacs des libraires : "Cette affaire n'a en aucun cas fait baisser les ventes", explique l'auteur, qui voit plus dans cette décision "une volonté politique de vouloir donner des gages à un certain électorat" alors que son livre est "progressiste voire déconstructiviste" sur des questions de société majeures aujourd'hui, comme la maltraitance, le viol ou les droits des femmes.