Brexit : les Britanniques d'Occitanie invités à demander un titre de séjour pour pouvoir rester en France

Ils ont choisi l'Occitanie pour leur travail, leur retraite ou pour y fonder une famille. Mais pour pouvoir rester après le Brexit, les sujets de sa Majesté vont devoir désormais posséder un titre de séjour. Un site internet vient d'être créé pour faciliter leurs démarches. L'ont-ils déjà adopté ?

Les Britanniques installés en France avant la fin de la période de transition née du retrait de la Grande-Bretagne de l'Union européenne et la date effective du Brexit, le 1er janvier 2021, devront détenir un titre de séjour, au même titre que les Français installés en Angleterre. Pour les quelques 25 000 Britanniques installés en Occitanie, il va désormais falloir se lancer dans les démarches administratives.

Des démarches simplifiées

Ces titres d'une durée de 5 ou 10 ans ne seront obligatoires qu'à partir du 1er octobre 2021, mais le gouvernement français invite les Britanniques à anticiper leur demande. Il vient de lancer un site unique "conçu pour être simple d’usage et limiter le nombre de documents demandés". Les Britanniques expatriés ont jusqu'au 1er juillet 2021 pour enregistrer leur demande. Ils recevront ensuite un courriel de leur préfecture pour prendre rendez-vous pour la prise des empreintes digitales et la réception de la photographie.
Depuis le lancement du site, le 19 octobre 2020, 15 603 dossiers ont été déposés en quatre jours au niveau national. Et 3016 pour la seule Occitanie. Logique, quand on sait que notre région est la deuxième de France en terme d'accueil de ressortissants britanniques, d'après une étude de l'Insee.

"Easy as pie"

Rob Wilson vit en France depuis 2001. Il est installé à Toulouse depuis presque 18 ans et ce mardi, il a franchi le pas en validant sa demande de carte de séjour en ligne. "C'est très simple. Quand, comme moi, on vit en France depuis plus de 5 ans, c'est vraiment une formalité. Il faut juste une preuve de sa date d'entrée en France, une preuve de sa résidence actuelle et une copie d'un passeport valide. Je pense que c'est beaucoup plus compliqué pour des personnes qui vivent ici depuis moins de 5 ans et qui ont très peu de revenus ou qui les touchent en Angleterre, comme beaucoup de retraités."

J'ai apprécié la facilité car je connais l'administration française et je pensais que ce serait beaucoup plus compliqué. Je trouve que c'est vraiment sympa de la part de la France de rendre ça aussi simple, surtout quand on voit qu'il n'y a pas de réciprocité de la part anglaise. Le gouvernement britannique n'est pas du tout dans la même démarche : c'est beaucoup plus compliqué pour les Français ou d'autres citoyens européens de prouver aujourd'hui leur résidence en Angleterre.

Rob Wilson

Si techniquement, cette démarche était "easy as pie" (la version anglaise de "comme une lettre à la poste"), pour Rob, elle est quand même un peu dure à avaler. "Cela ne me fait pas plaisir", dit-il et "ce n'est pas contre la France mais toute cette histoire de Brexit, ça me degoûte".

Etre là depuis 20 ans et devoir faire la demande comme si je venais d'arriver, comme si je n'étais pas installé ici, ça fait quelque chose de bizarre. 

Rob Wilson

Ceux qui prennent leur temps

Lindsey a été moins rapide que Rob. Sa carte de séjour, elle ne s'en est pas encore occupée : "pour l'instant, j'ai la flemme..." dit-elle avant de s'exclamer en riant : "Je suis vraiment une Britannique indigne !" A côté d'elle, son amie Elizabeth n'a pas fait les démarches non plus mais ce n'est pas parce qu'elle n'avait pas envie de s'y atteler. "Tout peut changer tant qu'il n'y a pas le décret." explique-t-elle "Il faut tout renseigner sur le site, les revenus, les salaires, et il y a un minimum pour le RSA. Tant qu'il n'y a pas le décret, les minimas pourraient changer. Je préfère attendre pour ne pas faire les documents deux fois". Elizabeth est aussi très inquiète des négociations en cours entre l'Europe et le Royaume-Uni.

J'hésite à faire la demande de carte de séjour parce qu'à mon avis, les négociations sur le Brexit pourraient ne pas aboutir. J'ai peur que les choses changent s'il n'y a pas d'accord.

Elizabeth Opie

Et ceux qui vont plutôt faire le choix de la naturalisation

Pour sa part, Sophie Bacou a décidé de ne pas demander de titre de séjour. Cette Anglaise est installée dans le Lot depuis plus de 30 ans. "Ma carte de séjour est périmée depuis longtemps ! D'ailleurs, on n'en avait même pas besoin à l'époque." dit-elle. Si elle a un temps été partagée, elle a finalement tranché : "Mon mari est français, mes enfants sont français, je vais plutôt demander ma naturalisation, c'est plus logique". Elle qui a déjà été conseillère municipale aimerait aussi pouvoir continuer à s'investir dans le pays qu'elle s'est choisi. "C'est dommage de ne pas pouvoir participer pleinement à la vie en France".
Car, à compter de la date de retrait, les ressortissants britanniques qui ne sont pas binationaux ne pourront plus voter ou être candidats aux élections municipales et européennes organisées en France, comme le prévoit l’accord de retrait.
Ceux qui choisissent la naturalisation devront quand même s'armer de patience. Il faut 3 ans pour que la procédure aboutisse. Et le dossier est beaucoup plus long et beaucoup plus compliqué à constituer que pour un titre de séjour...
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