C'est une question de taille au cœur d'un combat judiciaire mené depuis des années par un collectif de clubs de pêche à la mouche de Haute-Garonne. L'association entend préserver la truite fario. Pourquoi et comment ? Explications.
Depuis plus d'une dizaine d'années, un collectif de clubs de pêche à la mouche se bat pour faire annuler des arrêtés émis en Haute-Garonne. Au cœur de ce combat : les autorisations de prélèvement de la truite fario dont la taille minimale a régulièrement été rabaissée. Le 25 janvier 2024, la cour administrative d'appel de Toulouse a signé la victoire du collectif de pêcheurs en rejetant une requête du ministre de la Transition écologique.
"Une truite de plus dans le panier"
Tout commence avec la décision prise en 2008 par la fédération de pêche de Haute-Garonne et la préfecture de descendre la taille de capture des poissons, de 23 à 20 cm sur la Garonne et ses affluents. Quel est l'intérêt ? "À l'époque, le directeur a dit que les pêcheurs auraient, avec cette diminution de taille, une truite de plus dans le panier, sans se soucier de la préservation de l'espèce", nous répond Jean-Pierre Jenn.
Sauf que les temps ont changé. "La truite sauvage, on n'en a pratiquement plus", explique le directeur des clubs de pêche à la mouche de Haute-Garonne. Plus question de pêcher à l'ancienne, de pratiquer une "pêche alimentaire" si l'on veut préserver ce loisir.
On est là pour préserver l'espèce. Ça ne sert à rien de prendre une truite de 18 cm. En coupant la tête et la queue, je ne sais même pas s'il en reste 15 à mettre dans une poêle.
Jean-Pierre Jenn,président du collectif des clubs mouche 31
Pour le directeur du collectif des clubs de pêche à la mouche de Haute-Garonne, la réglementation en vigueur était tout simplement en contradiction avec les études menées. La loi française précise en effet qu'il faut que la truite se soit reproduite au moins une fois avant qu'elle soit pêchée. C'est une question de préservation.
Une question de taille
Une étude de croissance des poissons menée en 2022 va notamment déterminer qu’"à la taille de 20 centimètres, sur toutes les parties aval de trois cours d'eau du Ger, du Job et de la Pique, les truites ne s'étaient pas encore reproduites une fois", résume Jean-Pierre Jenn. Qui plus est, la taille et l'âge de maturité de la truite changent en fonction de l'altitude. La taille de capture du poisson ne devrait donc pas être la même dans tous les cours d'eau du département.
"Nous, on avait demandé qu'il y ait une taille de capture suivant l'altitude, poursuit d'ailleurs le président du collectif. Sur la partie amont de la Garonne, où quand la truite a une taille de 23 centimètres à sa première reproduction. Et à l'aval du Gers, il faudrait indiquer 25 centimètres."
La menace du réchauffement climatique
La préservation des ressources halieutiques des principaux cours d'eau de Haute-Garonne et de leurs affluents figure dans les statuts du collectif des clubs de pêche à la mouche 31. "Entre des tailles inférieures à la première reproduction, plus la prise autorisée de 10 poissons par jour, et la pêche à l'asticot pour attraper du poisson blanc, ce n'est pas tellement protection des milieux aquatiques", estime Jean-Pierre Jenn. Et il faut aussi faire face au réchauffement climatique.
"Si vous voulez, pour le moment, tant qu'il y a de l'eau, ça va. Tant qu'il y aura de l'eau fraîche, tout ira bien", déclare le président du collectif.
Avec ce réchauffement climatique, on a moins de neige, on a des eaux qui se réchauffent, il y a des portions de rivières où on aura des soucis avec la préservation de cette espèce.
Jean-Pierre Jenn,président du collectif des clubs mouche 31
"Au-dessus de 23, 25 degrés consécutifs, ça va être compliqué", dit-il encore. Pour l'heure, la truite fario échappe quelque peu à la menace grâce aux lâchers des barrages qui compense l'élévation de température en période estivale.
Le 25 janvier 2024, la justice a donc donné raison au collectif des clubs de pêche à la mouche de Haute-Garonne. La requête déposée par la ministre de la Transition écologique après l'annulation d'un arrêté préfectoral, a été rejetée par la cour administrative d'appel de Toulouse. L'État devra verser une somme de 1500 euros à l'association.