“On a massacré cette rivière” : des truites gisent à nouveau dans la Loue, le cri d’alarme d’un garde-pêche

Dans le Doubs, une nouvelle mortalité de truites a été observée ces derniers jours. Les poissons sont atteints de la saprolégniose. Les pêcheurs pointent du doigt notamment les rejets de la filière Comté.

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Entre Ornans et Mouthier-Haute-Pierre dans la vallée de la Loue, des truites ont revêtu un étonnant manteau blanc. Bien mal en point. Elles sont atteintes de saprolégniose, une maladie fongique qui affecte principalement les poissons, particulièrement ceux qui sont affaiblis.

Jean-Marc Bertacchi, garde-pêche dans le secteur a constaté ces derniers jours de ses yeux le macabre tableau. “On a une mortalité importante” assure-t-il. “C’est la bactérie la saprolégniose. Les truites viennent de frayer, de se reproduire, elles grattent le fond pour déposer leurs oeufs. Elles se blessent. Si l’eau est propre, il n’y a pas de souci” explique-t-il à France 3 Franche-Comté. Mais la Loue souffre depuis des années. 

La saprolégniose vient du fait qu’il y a des épandages massifs sur le plateau de Pontarlier. Via le karst, tout s’écoule dans la Loue.

Jean-Marc Bertacchi, garde-pêche

L’hiver dernier, la saprolégniose s’était faite discrète, le niveau de la rivière était haut. Ce n’est pas le cas actuellement avec un débit de 11 m3 au lieu de 35 m3. Le garde-pêche est inquiet pour les truites, et pour les ombres qui vont se reproduire à leur tour. Ils sont encore plus rares dans le lit de la Loue. 

Des truites atteintes de saprolégniose, une maladie fongique qui affecte principalement les poissons. © Document remis

“On a des truites d'un côté et une filière comté à 600 millions d’euros par an !”


Le garde-pêche ne cache pas sa colère. L’impression que rien n’avance alors que la problématique est connue. Selon lui, la filière Comté a fait quelques efforts, mais il faut aller plus loin. “La consommation de Comté a baissé de 6% en 2024, mais cela ne suffira pas… On n’enlève pas le principal problème, le lait de la vache qui fait ses rejets, des rejets qu’on met dans les champs”. Et puis, “il faut stopper la mondialisation, qu’on arrête de vendre du Comté jusqu’en Asie !” gronde le garde-pêche.

Le dérèglement climatique n’aide pas non plus cette rivière à retrouver sa splendeur d’antan


La Loue était autrefois le paradis des pêcheurs. Depuis 2009-2010, les mortalités de poissons ont commencé, rappelle Gérard Mamet. Ce membre du collectif SOS Loue rivières comtoises note que des mesures ont été prises, mais elles ne sont pas à la hauteur du problème, selon lui. Les taux de nitrates et phosphates sont trop élevés. S’ajoute à cela le réchauffement climatique. Un cocktail fatal : rejets et hausse des températures. Tout ce qui peut nuire à la bonne santé des poissons. 

Lire aussi : Pollution de la Loue : trop de nitrates et phosphates, des scientifiques fixent les seuils à atteindre pour sauver la rivière

Un nouveau cahier des charges pour le Comté


Montrée du doigt par les défenseurs de l’eau, la filière Comté a pris quelques mesures pour réduire son impact sur l’environnement. Le nouveau cahier des charges approuvé par l’INAO en novembre 2024 prévoit de limiter la taille des fermes à une production maximale de lait de 1,2 million de litres par an. “C’est une quantité de production excessive” estime Gérard Mamet. “Le tourisme est mis à mal par ces pollutions. C’est l’intérêt de tous que la situation de la Loue de cette rivière trouve une solution”.

Pour préserver l'état des rivières, la justice travaille aussi à son niveau, plusieurs fromageries de Franche-Comté ont été condamnées pour des rejets polluants ou des installations non conformes. 

Contactée par France 3, l’interprofession du Comté n’était pas joignable ce vendredi après-midi pour s'exprimer sur cette pollution touchant les truites de la Loue.  

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