Découverte par hasard dans la région toulousaine en avril 2014, la "Judith tranchant la tête d'Holopherne" sera exposée à partir du 7 novembre à la pinacothèque de la Brera de Milan. L'occasion sans doute, de dire si oui ou non ce tableau est bien l'oeuvre du Caravage.
La "Judith tranchant la tête d'Holopherne", est-elle vraiment l'oeuvre du Caravage ? Ce tableau découvert il y a deux ans dans les combles d'une vieille bâtisse près de Toulouse, sera exposé dans quelques jours à la pinacothèque de la Brera de Milan, nous apprend le Journal des Arts pour qui cette exposition sera aussi l'occasion de procéder "aux confrontations que la France s'était engagée à faire" et peut-être donc enfin de l'authentifier.
Dès le 7 novembre, la toile sera exposée "pour un dialogue" avec un autre tableau du Caravage : "La Cène à Emmaüs". L'occasion aussi d'un autre dialogue, entre les experts, cette fois. Car depuis sa découverte fortuite, suite à un dégât des eaux dans le grenier d'une maison de la région toulousaine en avril 2014, ce tableau enthousiasme autant qu'il divise. Pour l'antiquaire Eric Turquin, à qui les propriétaires l'ont confié, il ne fait aucun doute que ce tableau est une deuxième version de la "Judith et Holopherne" peinte par le Caravage à Rome, vers 1604-1605. Il a consulté une vingtaine de spécialistes, au Louvre et en Italie et s'appuie sur de nombreux documents anciens.
Selon le Journal de l'Art, Nicola Spinosa, le responsable scientifique de la Brera, "est un fervent partisan de l'attribution du tableau toulousain à Caravage". C'est lui qui va s'occuper des confrontations entre spécialistes. Il va aussi présenter au cours de cette exposition plusieurs copies du Caravage par Louis Finson (1580-1617) et notamment une Judith réputé être une copie par ce peintre d'un Caravage perdu. "Certains de mes collègues estiment que Finson est l'auteur du tableau de Toulouse et de la copie de Naples, d'où l'importance de les confronter" explique-t-il.
Pour Carole Blumenfeld, l'auteur de l'article, cette confrontation et les expertises qui vont en découler "promettent un moment marquant dans l'histoire de l'art". Elles marquent aussi le revirement du Ministère de la Culture qui avait pris le 31 mars dernier un arrêté estimant que l'oeuvre devait "être retenue sur le territoire comme un jalon très important du caravagisme, dont le parcours et l'attribution restent encore à approfondir". La France avait alors 30 mois pour authentifier ce tableau estimé à 120 millions d'euros et éventuellement l'acheter. Il semble qu'elle y ait renoncé.