Gilles Bertin, ex-chanteur punk, ex-braqueur de la Brink's en 1988 à Toulouse, a été condamné ce mercredi 6 juin 2018, par la cour d'assises de Haute-Garonne, à 5 ans de prison avec sursis. En 2016, il s'était rendu de son plein gré, après 28 ans de clandestinité.
Gilles Bertin, braqueur de la Brink's en avril 1988, est venu solder ses comptes mercredi devant les assises de la Haute-Garonne après avoir passé 28 ans en cavale. Il ressort avec 5 ans de prison avec sursis.
30 ans après
Jean et chemise grise, cheveux châtains clairs et frisés, Bertin est arrivé libre à l'audience. Il s'est refusé à toute déclaration à son arrivée avant d'apparaître nerveux sur le banc pendant la lecture de l'ordonnance de mise en accusation.
Dans cette affaire qui se présente d'une façon "un peu particulière", c'est-à-dire sans enquêteur ni témoin, l'accusé s'est montré très précis. Et n'a réfuté aucune responsabilité.
Retour sur un casse parfait
Les faits remontent au 27 avril 1988, sous fond de crainte du sida et d'une envie de brûler la vie, même si, a avoué Bertin, de cette maladie, finalement "on en parlait peu, on gardait la tête en bas".
Les braqueurs, bien préparés, avaient enlevé et séquestré deux responsables et leurs épouses pour se faire ouvrir les locaux. Ils avaient ensuite vidé la chambre forte. Enfin, ils avaient téléphoné, hilares, au quotidien régional pour annoncer leur forfait, lequel n'avait nécessité aucun coup de feu.
"Nous nous savions recherchés pour une tentative de braquage à Nantes, alors nous sommes partis à Toulouse. Ensuite DidierBachère (décédé) m'a contacté pour ce coup. Nous l'avons préparé ensemble. Nous étions amis", a expliqué Bertin, racontant toute la période de préparatifs, -environ deux ans- car la grande difficulté était de rentrer dans l'établissement "sans trop de violence".
Le coup avait été réalisé "de façon quasi militaire" avec moult détails comme le déguisement en gendarmes équipés d'une Renault 4, leur voiture de l'époque. C'était une telle réussite que ce travail a été d'abord attribué au grand banditisme, a dit le président.
"Seul le partage du butin qu'on espérait très important n'avait pas été prévu. Ni la fuite", a précisé Bertin.
La rédemption
L'ancien chanteur punk du groupe Camera Silens, concurrent à l'époque sur la scène bordelaise de Noir Désir de Bertrand Cantat, encourt 20 ans de réclusion criminelle pour ce braquage commis avec sa dizaine d'amis musiciens. Il a écopé par défaut de 10 ans de réclusion en 2004.
C'est finalement la venue de son petit garçon, âgé de sept ans maintenant, qui a poussé l'ex-punk à se rendre le 17 novembre 2016 à risquer sa liberté pour retrouver, affirme-t-il, sa dignité.
Voir le reportage d'Amélie Poisson et Nathalie Fournis