A Saint-Lys (à l’Ouest de Toulouse), un projet de Centre de préparation au retour des migrants fait polémique. Le maire PS de la commune s’oppose à son implantation en l'état et appelle les habitants à se rassembler ce 30 septembre pour défendre un projet alternatif.
Pour le maire de Saint-Lys, ce "projet imposé par l’État" ne passe pas. Dans cette commune à l’ouest de Toulouse, l’État souhaite implanter un centre de préparation au retour (CPAR), qui a pour vocation d’accueillir 120 demandeurs d’asile dont les dossiers ont été rejetés et qui se disent volontaires au retour vers leur pays d’origine.
Un projet "disproportionné" pour le maire
Le maire de la commune Serge Deuilhé estime que "ce projet est disproportionné et incompatible avec les spécificités et capacités du territoire, tout en soulignant qu’il n’est pas question pour la municipalité de s’opposer à l’accueil de migrants". L'élu socialiste appelle les habitants à se rassembler ce vendredi 30 septembre à 18 heures sur le parking de l’école Tabarly pour dire non à ce centre.
Le centre d'accueil remplacerait l'actuel Ehpad "Joie de vivre", dont l’exploitant doit déménager sur une nouvelle structure fin 2022.
Dans un communiqué, le maire Serge Deuilhé affirme sa "fidélité aux valeurs humanistes d’aide et de soins aux populations opprimées". Pour autant, il s’oppose à l’ouverture du centre d’accueil sur sa commune. "Nous avons beaucoup de questions de la part des Saint-Lysiens et Saint-Lysiennes. L’inconnu peut faire peur, et nous pensons que tout le monde sera rassuré si la préfecture apporte des réponses sur l’installation et la gestion du centre. C’est pour cela que nous demandons une réunion publique depuis plusieurs mois, sans réponse", regrette Médélys Oberti, collaboratrice de cabinet du maire.
En tant que maire de Saint-Lys, j’ai tenté pendant plusieurs mois d’entamer le dialogue avec les services de l’État pour trouver un compromis acceptable par tous. Face à ce refus manifeste de concertation avec la mairie et les acteurs concernés, c’est donc en tant que représentant de la population Saint-Lysienne que je m’oppose fermement à ce projet. Mobilisons-nous !
Serge Deuilhé, maire de Saint-Lys
"Nous sommes inquiets quant aux conditions d’accueil de ces personnes, ajoute la collaboratrice du maire. On parle de familles qui seront enfermées dans un centre éloigné du centre-ville, les enfants non scolarisés. Nous avons proposé un projet alternatif de mixité sociale, qui consiste à répartir les familles de migrants dans d’autres logements, au milieu d’habitants, pour favoriser leur intégration et leur bien-être. Mais sans succès auprès de la préfecture."
Un centre "sans impact sur les services publics de la commune" pour la préfecture
Face à ces critiques, la préfecture de la Haute-Garonne, en charge du projet, précise que "le contour de ce projet a donné lieu à de nombreuses réunions d’échanges depuis juin 2021 entre les services de l’État, l'Office français de l’immigration et de l’intégration, l’opérateur Adoma et la mairie de Saint-Lys." Suite à ces échanges, le nombre de places d’accueil a été porté de 160 à 120, soit une trentaine de familles.
Les services de l’État soulignent également le fait qu’actuellement, les personnes qui ont épuisé leurs droits au séjour en France sont logées en Haute-Garonne dans des appartements diffus, qui courant 2023 n'auront plus vocation à être des logements. Le CPAR de Saint-Lys aurait pour objectif de préparer leur retour : obtention du laissez-passer consulaire, réservation des billets d'avion etc...
Ces publics n’auront pas d’impact sur les services publics de la commune d’accueil puisque la durée des séjours liée à l’obtention des laissez-passer consulaires et des titres de transport s’étale sur une durée de 15 jours à 1 mois en moyenne. En effet, durant cette courte période les enfants ne sont pas scolarisés, les personnes logées bénéficient de tickets service à utiliser dans les commerces proches pour leur repas ainsi que de titres de transport.
Préfecture de la Haute-Garonne
Un "refus de l'autre" pour la LDH
Pour la Ligue des droits de l'Homme (LDH) 31, cette situation traduit un "refus de l'autre" de la part de la municipalité. "Les arguments de la mairie, tout comme ceux avancés par la préfecture pour rassurer cette dernière, ainsi que la pétition lancée sur les réseaux sociaux semblent répondre à des personnes et un électorat qui flirtent dangereusement avec une idéologie de l’exclusion et du refus de l’autre ", estime la LDH.
La LDH 31 rappelle "qu’il convient de garantir un état de droit respectueux des droits fondamentaux et de la dignité des personnes en migration, ce que les Saint-Lysois.e.s soulignent également en exprimant leur désaccord avec la politique menée par l’équipe municipale." Reste à voir s'ils seront nombreux à se mobiliser ce vendredi soir.