Les bébés naissant avec un canal artériel persistant, une malformation cardiaque grave, peuvent bénéficier d'un nouveau dispositif médical à l'Hôpital des Enfants de Toulouse. Cet acte vient d'être réalisé pour la première fois grâce à la collaboration de plusieurs équipes de l’hôpital.
C'est une technique qui n’est pratiquée nulle part ailleurs dans le grand sud. Pour la première fois, un bébé prématuré a pu bénéficier de cette technique innovante. Le canal artériel persistant, une maladie cardiaque grave touche 20% des grands prématurés. En France, 2 000 bébés sont concernés chaque année.
Qu'est ce que "le canal artériel persistant" ?
Le canal artériel persistant est une malformation cardiaque congénitale qui se caractérise par la persistance, après la naissance, d’un vaisseau dénommé le canal artériel. Au cours de la grossesse, ce canal permet au fœtus d’être oxygéné. Le canal se ferme en principe spontanément à la naissance. Quand ce n’est pas le cas, cela entraîne une défaillance de la circulation sanguine altérant la fonction cardiaque. Le débit cardiaque de ces bébés est multiplié par quatre, comme s'ils faisaient en permanence un footing.
Quel traitement ?
Quand le canal ne se referme pas spontanément, le traitement consiste en première intention en un traitement médicamenteux. Si cela ne fonctionne pas, une chirurgie peut être indiquée afin de refermer le vaisseau défectueux. L'intervention nécessite une ouverture du thorax qui n’est pas sans conséquence sur la respiration du bébé.
Une nouvelle technique beaucoup moins invasive
Récemment, une nouvelle technique, sans cicatrice, a émergé. Le canal artériel persistant peut maintenant être refermé par cathétérisme. C’est un acte médical qui consiste à insérer un cathéter dans un vaisseau sanguin afin de remonter jusqu’au canal artériel. On peut alors refermer le canal avec une minuscule prothèse, déplacée grâce au cathéter, spécialement conçu pour les enfants prématurés.
Peu invasif, ce dispositif médical permet d’éviter de déstabiliser des bébés déjà très fragiles.
Le fruit d'une collaboration entre plusieurs équipes
Dr Clément Karsenty, spécialiste du cathétérisme cardiaque à l’Hôpital des Enfants a participé à cette grande première. Pour lui, tout repose sur une collaboration inter-équipes. Cette intervention a pu être réalisée grâce aux équipes d’anesthésie-réanimation pédiatrique, d’imagerie médicale et de néonatologie. Pour cette première, l'équipe a également bénéficié de l’expertise de Sophie Malekzadeh-Milani, médecin, responsable de l’unité de cathétérisme de l’Hôpital Necker.
La présence de l’équipe de néonatologie, qui se trouve à proximité immédiate, est essentielle car elle permet d’être réactif en cas de décompensation de l’enfant et assure son bien-être
Cette technique est moins agressive que la chirurgie, mais passer par des veines de taille millimétrique nécessite des experts et une salle spécialement équipée. En France, seuls six centres auraient la capacité de réaliser ce type d'opération.