18 personnes de nationalité bulgare comparaissent à compter de ce lundi 18 janvier devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Elles sont poursuivies pour traite d’être humain et blanchiment. Faute de salle suffisamment grande au palais de justice, l'audience se tiendra salle mermoz.
C’est le procès de la misère humaine dit l’un des avocats concernés par l’audience. "Ma cliente a toujours vécu dans cette situation de précarité", explique Maître Sylvain Rosenau. Sa cliente, une femme bulgare aujourd’hui âgée de 62 ans est incarcérée à la prison de Seysses. Elle ne parle pas français et a du mal à comprendre ce qui se passe. Elle doit être jugée devant le tribunal correctionnel de Toulouse à partir de lundi avec 17 autres prévenus, pour mendicité forcée. Au total, ce sont cinq familles bulgares qui sont poursuivies pour traite d’être humain et blanchiment.
Les faits se sont déroulés entre décembre 2015 et juin 2018. Les victimes et ceux qui les exploitaient vivaient dans le camp de Gabardie aux portes de Toulouse dans le quartier Gramont.
Cinq familles (des hommes et des femmes âgés de 21 ans à 62 ans), selon les enquêteurs, avaient organisé un trafic de mendiants. Ces derniers qui parfois présentaient un handicap physique étaient contraints de mendier et de donner l’argent récolté. Des clans pouvaient même s'échanger les mendiants, moyennant 500 euros environ.
Recrutés en Bulgarie et amenés à Toulouse pour mendier
Les chefs de ce "réseau" recrutaient leurs victimes en Bulgarie, leur promettant un travail ou en tous les cas un partage de l’argent issu de la mendicité. Mais une fois en France, à Toulouse, les cartes d’identité étaient confisquées et la totalité de l’argent récupéré. Les mendiants étaient amenés chaque matin dans un quartier toulousain pour se poster aux feux tricolores et demander de l’argent aux automobilistes. Ceux qui se rebellaient ou ceux qui ne gagnaient pas assez étaient de temps en temps frappés ou menacés. Les enquêteurs ont également découvert que l’argent était envoyé en Bulgarie grâce à des virements réalisés dans des entreprises de transferts de fonds.
"Je ne sais pas si on connaîtra le fin mot de l’histoire, dit un autre avocat, car peut-être avons nous seulement la partie émergée". Pour Maître Nicolas Raynaud de Lage, les responsables de l’organisation de ce système ne sont probablement pas là.
C’est quelque chose qui se pilote à distance, il faudra établir des hiérarchies mais ceux qui prennent des risques ne sont pas ceux qui en retirent les principaux subsides.
Il n’y a pas de parties civiles dans ce dossier, 32 mendiants parmi les 33 victimes sont retournés dans leur pays.
18 prévenus, 6 interprètes
Un seul prévenu comparait libre, les 17 autres sont en détention provisoire depuis près de deux ans et demi. Ces familles avaient été interpellées pour la plupart dans le camp de Gabardie en juin 2018. Tous nient les faits qui leur sont reprochés. Ils seront jugés à partir de lundi et jusqu’au 27 janvier devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Six interprètes de langue bulgare devraient être présents puisque la majorité des prévenus parle peu ou pas du tout le français. Pour l’occasion, en raison du grand nombre de personnes concernées, l’audience est délocalisée, elle se déroulera dans la salle Mermoz qui avait autrefois accueilli le procès de la catastrophe AZF.