Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, le Gifas a dévoilé son bilan 2023 ce mardi 23 avril. Bonne nouvelle, le secteur a retrouvé ses effectifs d'avant la crise du Covid et les commandes se multiplient. Seul bémol, la filière spatiale.
Le secteur aérospatial français a dévoilé son bilan 2023 ce mardi 23 avril à Paris. Quatre ans après la crise sanitaire, la filière se porte beaucoup mieux, mais il reste encore quelques tensions pour suivre la cadence de la production. Voici les 4 points clés à retenir de ce bilan.
De nouvelles embauches
"La filière française a retrouvé ses effectifs d'avant la crise sanitaire" a affirmé mardi l'organisation professionnelle du secteur. Fin 2023, elle représentait 210.000 salariés, contre 202.000 au début de la pandémie due au Covid-19. Quelque 28.000 personnes ont donc été embauchées, avec 14.000 créations nettes d'emplois.
"On n'a jamais fait autant en une année", s'est félicité Guillaume Faury, le patron d'Airbus et président du GIFAS, le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales.
En 2024, il prévoit même 25.000 à 30.000 nouvelles embauches, dont 6.000 à 7.000 alternants, avec toutefois un point noir : les difficultés de recrutement dans les métiers d'opérateurs et de techniciens.
Hausse du chiffre d’affaires
En 2023, la filière aérospatiale a connu un bond de 9% de son chiffre d’affaires qui s'établit désormais à 70,2 milliards d'euros. Les 3/4 de ce chiffre d’affaires ont été réalisés dans le domaine civil. Le secteur est d'ailleurs le premier contributeur positif à la balance commerciale française avec plus de 30 milliards d'euros.
Vu la vitesse de croissance dans laquelle on est inscrit en ce moment, il est assez probable que l'année 2024 sera celle où on devrait retrouver le niveau de chiffre d'affaires de 2019.
Guillaume Faury, PDG d'Airbus et Président du GIFAS
Toujours plus de commandes
Pour le secteur aéronautique, la crise Covid est clairement passée. Les compagnies aériennes sortent des turbulences et les commandes d'avions se multiplient. La demande est aujourd'hui plus importante qu'elle ne l'était en 2019. Elle représente 65,1 millions d'euros. 2094 avions ont été commandés à Airbus en 2023, soit une hausse de 65%.
In March 2024 we delivered 63 aircraft and added 137 gross orders to our books welcoming @KoreanAir_KE and @starluxairlines as new customers across our widebody #A350, #A350F and #A330neo aircraft!
— Airbus (@Airbus) April 9, 2024
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Une hausse des commandes, qui est aussi en partie due aux accumulations d'ennuis pour le principal concurrent, le constructeur américain Boeing. Mais si le carnet de commandes est bien rempli, la filière rencontre des difficultés pour la construction des appareils.
Il faut reconstituer les compétences, l'outil industriel, la performance qu'on avait avant le Covid, tout cela prend beaucoup de temps.
Guillaume Faury
Le spatial en panne
Dans le domaine spatial, le bilan est beaucoup plus mitigé. À l’inverse des commandes civiles, les commandes de défense ont été divisées par deux. Le secteur spatial français, qui représente près de la moitié du secteur en Europe, a connu une année difficile avec un chiffre d'affaires en baisse de 11,6%, marqué par les retards d'Ariane 6.
[Annonce des résultats]
— GIFAS (@GifasOfficiel) April 23, 2024
La filière spatiale française fait face à de grands défis de transformation et une vive concurrence internationale.
En 2023, le CA de la filière spatiale française était de 4,8 Md€, près de la moitié du CA consolidé de l'industrie spatiale européenne. pic.twitter.com/AaV7sTkT9q
Les fabricants traditionnels de satellites Airbus et Thales Alenia Space ont également été confrontés à l'arrivée de nouveaux entrants. Mais Guillaume Faury a tenu à rassurer : "Cela reste une bonne année pour la défense, après une année 2022 exceptionnelle, marqué par le contrat mammouth pour 80 avions Rafale destinés aux Émirats arabes unis". a-t-il souligné.
Pour 2024, la filière aérospatiale a de nouveaux défis à relever. Il faudra encore tenir compte de l'augmentation des coûts de l'énergie, de l'accès difficile aux matières premières, des investissements et des formations, lancées en sortie de crise. Autant d'éléments qui pourraient encore engendrer des difficultés chez les fournisseurs en 2024-2025.