Un des fondateurs de La France insoumise, Liêm Hoang-Ngoc, a reproché vendredi à Jean-Luc Mélenchon sa volonté d'"hégémonie" sur la gauche et sa "posture électoraliste" sur l'Europe, avec sa "comédie du plan B" jouée lors de la dernière présidentielle.
Les plébéiens interpellent leur leader"Les plébéiens demandent à leur tribun (Jean-Luc Mélenchon, NDLR) de clarifier ses discours: faut-il renoncer à +fédérer le peuple+ et à appliquer la stratégie +plan A/plan B+ pour changer l'Europe ?", interroge dans une tribune au Monde le
fondateur des Socialistes insoumis qui ont suspendu au début de l'été leur participation à LFI.
Plan A / plan B : un système attrape tout
Lors de la dernière présidentielle, LFI s'adressait au peuple français en lui proposant un "plan A" sur l'Europe ("désobéir" aux textes européens et engager "un bras de fer" pour obtenir leur modification) doublé d'un "plan B" prévoyant une sortie de l'euro, voire de l'Union européenne en cas de refus des autres Etats, rappelle l'économiste, alors que le parti tient à Marseille son université d'été.
"D'un point de vue rhétorique, l'épouvantail du plan B permettait de s'adapter à tous les auditoires", en rassurant à la fois "la base souverainiste du Parti de gauche", "les électeurs +anti-européistes+" et les "proeuropéens".
Mais "aucune évaluation d'une sortie de l'euro n'(avait été) commandée par le candidat" Mélenchon et ce chiffrage "fut intégralement réalisé dans le cadre de l'euro", souligne-t-il.
Posture électoraliste ?
Dès lors, "LFI avait-elle réellement l'intention, en cas de victoire, d'appliquer ce plan B ? (...) Le discours +plan A/plan B+ n'était-il qu'une posture électoraliste ?", interroge l'ex-eurodéputé PS, notant qu'à l'heure où s'ouvre la campagne pour les européennes de 2019, le parti est "favorable à l'euro". "Le plan B est donc devenu caduc".
Pour lui, "derrière cette posture désinvolte et inoffensive à l'endroit de l'Europe se cache l'unique obsession du tribun de LFI: asseoir son hégémonie sur ce qu'il reste de son ancien camp". C'est "le retour de la +vieille politique+", critique-t-il: la "rhétorique de l'unité, dérivée de la stratégie d'union de la gauche, dont usait jadis François Mitterrand pour réduire l'influence du Parti communiste".
La holding Mélenchon
En parallèle, M. Mélenchon "consolide le noyau dur de sa holding afin d'en conserver le contrôle", poursuit Liêm Hoang-Ngoc, en critiquant de nouveau la composition de la liste LFI pour les européennes.
M. Hoang-Ngoc, conseiller régional d'Occitanie, avait annoncé début juillet que les Socialistes Insoumis, membres fondateurs de LFI s'estimant insuffisamment représentés sur cette liste, suspendaient leur "participation à l'espace politique" du parti.
LFI avait alors assuré que le mouvement était bien représenté, et que le comité électoral avait privilégié pour les premières places les candidats ne disposant pas déjà d'autres mandats.