Comme les personnels sanitaires, les forces de l’ordre sont en première ligne dans la lutte contre la propagation du virus Covid-19. Chargés de faire respecter les mesures de confinement, les policiers dénoncent les conditions dans lesquelles ils doivent assurer cette mission.
A Toulouse, Montpellier, Carcassonne, un peu partout en Occitanie, des voix de policiers s’élèvent pour dénoncer les conditions d’insécurité dans lesquelles ils travaillent depuis le début de l’épidémie de Coronavirus. Difficile d’obtenir leur témoignage. Beaucoup hésitent à parler par « peur pour leur carrière ». D’autres le font sous couvert d’anonymat. Mais tous relatent les mêmes scènes.
A 10 dans 20 mètres carrés
Alors que les premières mesures barrières étaient mises en place, il y a une semaine, les policiers continuaient de travailler à plusieurs dans le même bureau. Hier encore (jeudi 19 mars), alors que la France était en confinement, une dizaine de policiers se sont retrouvés dans la même pièce de travail dans un commissariat de la région, une pièce d’à peine 20 M2.Une aberration pour David Layraud, secrétaire régional adjoint du syndicat Alliance Police Occitanie. « Aujourd’hui en France, 10.000 policiers, soit 10% des effectifs sont en arrêt. Si on expose ceux qui restent en poste, on va doubler, voire tripler ce chiffre au risque d’ajouter une crise sécuritaire à la crise sanitaire, car les délinquants ne prennent pas de vacances.
Une situation d’autant plus incompréhensible qu’une note de service adressée à tous les commissariats par la DGPN (Direction Général de la Police Nationale) le 16 mars dernier, définit deux types d’actions. Celles qui relèvent de l’utilité publique et qui nécessitent la mobilisation d’agents en nombre suffisant et celles qui se limitent à assurer le service et pour lesquelles la DRPJ préconise de limiter le nombre d’agents à 4 afin éviter les risques de propagation du virus ».
Un sentiment d’insécurité
"On demande aux citoyens de respecter une distanciation sociale et dans nos services, ces consignes ne sont pas appliquées. Notre hiérarchie ne met rien en place pour nous protéger", dit un policier qui ne souhaite pas que son identité soit dévoilée.Un autre raconte que des agents reconnus comme personnes à risque en raison de leurs antécédents médicaux continuent d’être planifiés alors qu’ils devraient être mis à l’isolement comme le préconisent les services de médecine de prévention. On peut comprendre qu’il y a des raisons de service qui font que nous devons répondre présent mais pas au détriment de notre sécurité.
Bas les masques
Pour les policiers, la promiscuité dans laquelle ils sont appelés à travailler dans les commissariats n’est pas la seule source de mécontentement. Ils craignent également pour leur santé dans le cadre de leur mission de contrôle des autorisations de sortie. Des contrôles qui se font sans masque de protection sur ordre de leur hiérarchie. Comme ce fut le cas il y a quelques jours au Perthus où les policiers français qui effectuaient les contrôles n’avaient pas de masque quand leurs collègues espagnols, situés à quelques mètres en portaient.David Layraud, secrétaire régional adjoint du syndicat Alliance Police OccitanieLes consignes données aux équipes sur le terrain sont claires : pas de masque pour ne pas effrayer la population. De toute façon, même si on nous demandait d’en porter, nous n’aurions pas les stocks nécessaires. Sur Narbonne et Carcassonne, nous avons un stock de 140 masques pour un effectif de 250 agents.
Selon le syndicat Alliance, les Directions Départementales des Services de Police auraient recommandé aux agents de porter un masque uniquement en présence d’un cas avéré de Coronavirus. Une directive qui met les policiers en danger dénonce le syndicat qui cite l’exemple de ce contrôle d’attestation de sortie effectué le 18 mars à Millau. "Lors de ce contrôle, un homme a craché au visage de 8 fonctionnaires de police qui ont dû être placés en confinement. A ce rythme-là, il n’y aura bientôt plus de policiers pour faire appliquer la loi".