Plusieurs fédérations de la restauration demandent à la ville de Toulouse de pouvoir élargir leurs terrasses, afin de compenser les pertes indues par la distanciation sociale dans leurs établissements. Et ce, alors qu'ils ne connaissent toujours pas la date à laquelle ils vont pouvoir rouvrir.
Ils ne savent toujours pas à quelle date ils vont pouvoir rouvrir mais les restaurateurs se préparent à "l'après".
Ce qui est sûr, c'est que rien ne sera comme avant. Il va falloir s'adapter aux mesures strictes de distanciation sociale, au sein des établissements. "Cela va être compliqué", reconnaît Guy Pressenda, le président de l'UMIH (union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Occitanie, "car respecter les règles de distanciation, cela veut dire perdre 50 % des tables puisque qu'il faut séparer les tables d'un mètre".
La solution des terrasses élargies
Pour cette raison, plusieurs fédérations parmi lesquelles l'UMIH 31 et la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) 31 demandent à la ville de Toulouse l'autorisation de pouvoir élargir les terrasses au-delà des limites autorisées jusqu'à maintenant. "Cela ne veut pas dire plus de monde", plaide Guy Pressenda, "mais plus d'étalement. C'est une bonne idée, il y a des possibilités de s'étendre, et plein d'endroits où cela est possible".Le problème, pour Guy Pressenda, va venir des riverains. Certaines associations se sont opposées fermement à ces élargissements de terrasses, bien avant la crise sanitaire du coronavirus. Le président de l'UMIH 31 craint qu'elles ne se fassent entendre à nouveau, même si la demande d'élargissement est provisoire. "Les gens ont besoin de sortir, Paris a accepté ce principe, Lyon est en train de dire oui, j'espère que ce sera le cas à Toulouse".Et puis, Toulouse est une ville du sud, les gens aiment manger en terrasses
"On ne comprend pas bien cette focalisation sur notre profession", explique Benjamin Serra, vice-président de la CPME 31. "On peut être 500 clients dans un grand magasin et pas 50 dans un restaurant ? C'est peut-être une question de psychologie car qui dit restaurant dit fête. On est un peu la variable d'ajustement".
Et de poursuivre : "On ne veut pas de problème avec le voisinage mais l'élargissement des terrasses ne serait que provisoire. Et puis, si on n'a pas de place pour travailler, ça va être le recours au chômage massif. On se doit de prendre des mesures avant".
A quand la réouverture des restaurants ?
"Pas en mai, c'est quasi certain", affirme Guy Pressenda. "Une réunion a lieu le 14 mai qui sera sans doute décisionnaire mais nous avons eu des échos d'autres régions et il semble que le gouvernement redoute la fête de la musique. Il pourrait proposer une réouverture le 22 juin".Pour le président de l'UMIH 31, les restaurateurs ne sont de toute façon pas "complètement prêts". "C'est compliqué, il faut nettoyer, enlever les tables, prévenir les personnels. Nous, on a déjà envoyé aux restaurateurs des fiches techniques mais il y a beaucoup de travail en amont".
Et puis, il y a cette incertitude : la clientèle sera-t-elle tentée de fréquenter les restaurants si les contraintes sont fortes. "Soyons honnête, on n'en sait rien".
"Tout le monde travaille à la petite semaine", ajoute Benjamin Serra. "Personne ne sait quand on va pouvoir rouvrir. Et tout peut changer d'une semaine à l'autre. Regardez ces pays qui ont rouvert les restaurants, pour les refermer ensuite..."
Quel bilan après deux mois de fermeture ?
A Toulouse, aucun restaurant n'a mis la clé sous la porte, selon l'UMIH. "Il n'y a pas de dépôt de bilan mais ce ne sont pas loin de 30 % des établissements qui ne vont pas rouvrir à Toulouse. Imaginez tous ces petits restaurants, comme il y en tant à Toulouse. Ils font 20 couverts habituellement et là, ils ne pourront en faire que 8 ou 10 par service, ils ne vont pas tenir", déplore Guy Pressenda.L'UMIH 31 et la CPME 31 ont rendez-vous avec la mairie de Toulouse mercredi 13 mai pour amorcer la discussion autour de l'élargissement temporaire des terrasses des restaurants.