Le déménagement de Sciences Po Toulouse au quai Saint-Pierre semble aujourd'hui au point mort. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc a redit son opposition au projet. Il propose aujourd'hui deux solutions alternatives. Consternation de l'Université qui travaille depuis deux ans à ce déménagement.
Après deux ans d'études et de nombreuses polémiques, les travaux pour le déménagement de Sciences Po Toulouse au quai Saint-Pierre devaient commencer cet été. Mais il y a aujourd'hui peu de chances que les étudiants de l'IEP y fassent leur rentrée comme prévu en septembre 2016. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc est fermement opposé à ce déménagement en bord de Garonne, qui "mettrait en péril le patrimoine de Toulouse". Il l'a redit jeudi lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a dressé un bilan de ses 100 premiers jours au Capitole. Les riverains opposés au projet ont aujourd'hui le sentiment d'avoir été entendus. Du côté de l'Université Toulouse 1 Capitole en revanche, c'est l'incompréhension qui domine.Un avis défavorable au permis de construire
"Nous soutenons le développement de l'IEP" a dit Jean-Luc Moudenc "et nous sommes conscients de la nécessité de trouver une solution rapide vu l'état de vétusté des locaux actuels mais l'emplacement qui a été choisi est de nature à rendre les choses très difficiles, notamment parce qu'il est situé dans un quartier remarquable". Le maire de Toulouse a donc donné "un avis défavorable au permis de construire" des nouveaux bâtiments quai Saint-Pierre, tout en soulignant qu'il ne "souhaite pas aller au rapport de force".Deux alternatives au Quai Saint-Pierre
Jean-Luc Moudenc indique avoir proposé deux autres pistes à Bruno Sire, le président de l'université Toulouse 1 Capitole et à Philippe Raimbault, le directeur de l'IEP de Toulouse.- Première option : construire les nouveaux bâtiments de Sciences Po sur l'actuel parking de la cité administrative "qui a vocation à accueillir un bâtiment universitaire et qui aurait l'avantage d'avoir moins de contraintes architecturales".
- Deuxième option : que l'IEP déménage dans les locaux libérés par l'ENSICA à la Roseraie, sous réserve que l'Etat, propriétaire des lieux, accepte un transfert d'activités. "Je les ai visités", dit le maire de Toulouse, "ils sont dans un état impeccable. Il y a 18 000 m2 utiles alors que Sciences Po a besoin de 6 000 à 7 000 m2 et le site est desservi par le métro". Une solution rapide et au coût réduit, souligne la mairie qui indique qu'à terme, Sciences Po pourrait revenir au centre ville quand la Toulouse Business School aura déménagé de son site de Compans Cafarelli...
Un coup dur pour l'Université
Philippe Raimbault, le directeur de l'IEP, accueille ces nouvelles propositions avec scepticisme : " l'ENSICA est un beau campus certes, mais il est trois fois trop grand pour nous. Qu'est-ce qu'on fait du reste ? Il faut trouver un partenaire pour le louer ou l'acheter. Rien ne nous dit que l'Etat sera d'accord. On ne sait rien de la soutenabilité de ce projet-là". Quant à une construction à la cité administrative, il souligne que pour l'instant, le parking appartient lui aussi à l'état et que sa situation en centre ville pose des problèmes similaires au quai Saint-Pierre : "on va retomber sur une zone protégée, on aura les mêmes problèmes que pour le quai Saint-Pierre sur l'intégration du bâtiment". Pour lui, le projet initial "reste à l'heure actuel le plus abouti, celui pour lequel on a un plan de financement et le plus facile à mettre en oeuvre". Philippe Raimbault souligne bien sûr la volonté de l'IEP de dialoguer avec la mairie "s'il s'agit de modifier l'esthétique du bâtiment, on est d'accord, s'il faut revoir la façade, on est d'accord, pourvu que le projet aboutisse." Il s'en remet désormais à l'avis du Préfet sur le permis de construire. Un avis qui devrait être connu dans la semaine à venir.Bruno Sire, le président de l'université est moins mesuré, au micro de France Bleu Toulouse : "c'est un coup dur pour nous, ce sont des projets sur lesquels nous avons travaillé depuis deux ans et pour lesquels nous avons dépensé un peu plus de 910 000 euros. On n'arrête pas un truc de 23 millions d'euros qui s'est engagé depuis deux ans sous prétexte qu'il y a quelques riverains qui trouvent que c'est pas beau".