Beaucoup l'attendent avec impatience mais pour d'autres, le déconfinement du 11 mai ne génère que de l'inquiétude et du mal-être. En Occitanie, psychologues et psychiatres se préparent à accompagner beaucoup de patients.
Dans les bureaux de la plateforme d'écoute médico-psychologique régionale, mise en place à Toulouse au début du confinement, les appels ont été réguliers pendant deux mois. Et ils augmentent ces derniers jours avec l'arrivée du déconfinement. Car si pour certains, le 11 mai annonce une forme de libération et de retour à la vie normale, pour beaucoup d'autres, il est source de stress et d'angoisses. Les psychologues et les psychiatres se préparent à accompagner beaucoup de personnes fragilisées par cette crise sanitaire inédite.
explique Anne Payet psychologue de la cellule d'urgence médico-psychologique de Toulouse. Elle le constate au fil des appels depuis deux mois, le confinement a exacerbé les vulnérabilités. Et elle sait que dans les prochains jours, "il faudra être attentif, pour aider les plus vulnérables à franchir le cap du déconfinement". Car pour eux, de multiples questions se posent à la veille du 11 mai :Pour la plupart des gens, le déconfinement sera une libération, on va se remettre à faire des projets, à entrevoir un avenir beaucoup plus positif puisqu'on a l'impression qu'on va retrouver une vie normale. Pour d'autres, qui ont déjà eu du mal à s'adapter au confinement, il va falloir se réadapter progressivement à quelque chose qui pourra être vécu avec la même brutalité que la mise en confinement.
Est-ce qu'on va être en capacité de respecter tous les gestes barrière que cette crise sanitaire impose ? Est-ce qu'on va être capable d'entrevoir l'autre de la même façon, sans le rejeter, sans être suspicieux ? Est-ce qu'on pourra avoir à nouveau la même façon d'échanger, d'être dans le partage ? Est-ce qu'on va aller voir sa famille sans crainte ? Retrouver ses amis, ses collègues de travail, son rythme ? Sans que cela génère des crises paroxystiques majeures, à minima, les gens vont se retrouver dans des situations qui vont les stresser pendant quelques jours. Cela va nécessiter une adaptation, de la même façon que le confinement.
Un stress chronique
Barbara Combes, psychiatre et référente de la cellule urgence médico-psychologique régionale (CUMP) va dans le même sens. "Pour certains, c'est une espèce de liberté qui arrive tout d'un coup mais pour d'autres, le déconfinement, ça signifie continuer à se remettre au travail comme avant alors qu'ils ont déjà fait un "sur-travail" pendant deux mois" dit-elle. "Pour d'autres, c'est la catastrophe depuis quelques temps avec des endettements. Il y a énormément de problématiques différentes et il y a vraiment des publics qui ont vécu le confinement de façon différente."
Des problématiques différentes selon chacun mais un point commun au départ : le stress généré par la crise sanitaire et le confinement est très particulier.
Ce qui est très particulier, c'est qu'on n'est pas devant un stress aigu, un évènement unique. On est devant une exposition permanente à du stress et c'est très particulier à soigner, à soutenir. Ce n'est pas réellement un psycho-traumatisme aigu devant une énorme catastrophe, c'est quelque chose de continu, dont ont ne connaît pas la suite, dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants, c'est quelque chose de l'ordre du stress chronique. Pour certains, ça va être le déclencheur d'un véritable stress aigu avec possiblement des séquelles psychotraumatiques.
Une cellule d'écoute régionale
Les cellules d'urgence médico-psychologiques (CUMP) sont présentes dans chaque département. Elles sont habituées à gérer les catastrophes ou des accidents impliquant un grand nombre de personnes et interviennent dans l'aide médicale d'urgence. Mais pour cette crise sanitaire inédite, la CUMP 31 a décidé de créer une plateforme d'écoute, destinée aux soignants et au grand public. Elle a très vite été élargie aux 13 départements d'Occitanie, à la demande de l'agence régionale de santé (ARS).
Depuis le début du confinement, 600 appels y ont été traités par des psychologues et psychiatres bénévoles. Un numéro unique permet de la joindre : le 05.34.39.33.47.