Des chercheurs de l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier) ont décrypté le lien entre l'obésité et l'un des cancers le plus fréquent chez l'homme, celui de la prostate. Ces résultats ouvrent des pistes pour le traitement de la maladie.
Que l'obésité ait des conséquences directes sur la santé et soit associée à l’apparition de cancers agressifs n'est pas une nouveauté.
En revanche, jusqu'à la récente découverte des chercheurs toulousains de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPSB - CNRS/Université Toulouse III - Paul Sabatier), on ne comprenait pas les mécanismes à l’origine de cet effet, notamment dans un des cancers le plus fréquent chez l’homme, le cancer de la prostate.
Or, ces chercheurs viennent de montrer comment en cas d’obésité, le tissu graisseux qui entoure la glande prostatique facilite la propagation des cellules tumorales en dehors de la prostate. Leurs résultats, qui ouvrent de nouvelles pistes pour le traitement du cancer de la prostate, font l’objet d’un brevet et ont été publiés dans la revue Nature Communications mardi 12 janvier 2016.
La prostate est en effet entourée d’un dépôt graisseux appelé tissu adipeux périprostatique (TAPP). Au cours de l’évolution d’un cancer de la prostate, les cellules tumorales peuvent infiltrer ce tissu adipeux. C’est alors une étape clé de la progression de la maladie qui signale le début d’un cancer localement localement avancé et il peut progresser vers les organes voisins, phénomène qui est plus fréquent dans les cas d’obésité.
Chez les patients obèses, la taille et le nombre de certaines cellules (les adipocytes) de ce tissus adipeux sont augmentés. Ces cellules sont capables de sécréter de nombreuses molécules bioactives comme les chimiokines, de petites molécules capables d’attirer d’autres cellules. Les scientifiques de l'Université Paul Sabatier ont donc cherché à savoir si cette modification du tissu adipeux était responsable de l’agressivité du cancer de la prostate chez les sujets obèses.
Et ils ont montré que les sécrétions des adipocytes sont capables d’attirer les cellules tumorales prostatiques. L’analyse des chimiokines sécrétées par les adipocytes a ensuite permis d’identifier les acteurs impliqués. En clair, en cas de surpoids, les tissus graisseux envoie un signal vers les cellules cancéreuses et vont servir de porte d'entrée à la tumeur vers le reste du corps.
Selon la Ligue contre le cancer, avec chaque année 71 000 nouveaux cas estimés, le cancer de la prostate est en France le cancer le plus fréquent chez l'homme, devant le cancer du poumon (27 500 cas) et le cancer colorectal (21 500 cas).
EN VIDEO, LE REPORTAGE DE STEPHANE COMPAN ET DE THIERRY VILLEGER :