Documentaire. Sculpture d'ivoire, Joconde de la préhistoire, le mystère de "La Vénus de Lespugue" enfin dévoilé

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Au musée de l'homme à Paris, Nathalie Rouquerol, préhistorienne, observe la Vénus de Lespugue, statuette que l'on aperçoit de dos, à droite.
Depuis sa dernière apparition au centre Georges Pompidou en 2019, seules deux restauratrices, Juliette Lévy et Agnès Cascio, ont eu le privilège de tenir la Vénus de Lespugue dans leurs mains. C'était au Musée de l'Homme à Paris. ©La voie lactée / France Télévisions

Une statuette de femme en ivoire de mammouth est retrouvée en 1922 près du village de Lespugue, en Haute-Garonne. Devenue la "Vénus de Lespugue", celle qui a fasciné tant de scientifiques, d’artistes ou d’écrivains, de Malraux à Picasso, compte aujourd’hui parmi les plus célèbres représentations féminines de la préhistoire. L'historienne Nathalie Roquerol lui a dédié sa vie. Elle nous révèle ses secrets.

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"La Vénus de Lespugue, Joconde de la préhistoire". Un film écrit par Nathalie Rouquerol et Anaïs Enshaïan à voir le jeudi 1er février 2024 à 22h50 et en replay sur france.tv. Une coproduction France 3 Occitanie et La voie lactée. 

La Vénus de Lespugue est aujourd’hui l’une des plus célèbres représentations féminines de la préhistoire. L’auteur de cette fabuleuse trouvaille s’appelle René de Saint-Périer et nous sommes le 9 août 1922, à quelques mètres de la grotte des rideaux, dans les gorges de la Save, près du village de Lespugue en Haute-garonne. Une découverte qui bouleverse le monde de la préhistoire. Mais, comme le suggère l’historienne Nathalie Rouquerol, comment parler de cette Vénus sans s’imprégner d’abord des lieux exceptionnels où elle a été retrouvée ?

Lespugue : naissance d’une muse

En Occitanie, la Save, affluent de la Garonne, a creusé son lit dans les falaises calcaires. Tout autour de ce paysage escarpé de la Haute-Garonne, on peut profiter d’une nature sauvage et admirer les collines de Gascogne jusqu’aux Pyrénées. Le village de Lespugue (nom qui vient de Spulga, grotte fortifiée en occitan), est implanté dans ce décor. Dans ces imposantes falaises, existent de nombreuses cavités. Des abris ou grottes, où habitaient les populations préhistoriques, qui ont laissé derrière elles, les traces d’un lointain passé.

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La région des gorges de la Save en Haute-Garonne, est un lieu truffé d'abris et de grottes où vivaient les populations préhistoriques, qui ont laissé de nombreuses traces de leur passage. ©La voie lactée / France Télévisions

Amélie Vialet, est paléoanthropologue au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), une spécialité qui étudie l'évolution humaine et qui s'intéresse au mode de vie des populations préhistoriques. Dirigeant un chantier de fouilles dans la grotte de Coupe-Gorge de Montmaurin près de Lespugue, elle explique sa pratique : "Ici, on va du paléolithique supérieur, autour de 50 000 ans, à plus de 350 000 ans. Et nous, ensuite à la fouille, on dégage chacun de ses niveaux".

Les strates sont associées à différentes époques : "sur le haut de la stratigraphie, on va sur une période très froide. On retrouve beaucoup de rennes, un peu de mammouths et de rhinocéros laineux. On est dans un cortège de faune d'animaux du froid" poursuit la spécialiste. Les vestiges trouvés donnent une indication sur le comportement des hommes et le passage des carnivores. 

C'est dans un contexte semblable, que la Vénus de Lespugue, considérée aujourd’hui comme "La Joconde de la préhistoire", a été extraite de terre, le 9 août 1922, à 15 cm de profondeur. 

Figurine énigmatique

Sculptée dans un fragment d’ivoire d’une défense de mammouth, la précieuse statuette est datée d'environ 25 000 ans. "En préhistoire, on sait que l'ivoire était une matière hors du commun, toujours utilisée pour des éléments symboliques ou des objets un peu exceptionnels" raconte Roland Lespoulet, en charge des collections de préhistoire au muséum (MNHN). 

Dégradée, noircie par le temps et les dépôts d’oxyde métallique, la Vénus de Lespugue fait 14 cm de hauteur et 6 cm de largeur. Ses formes sont amples et spéciales, son visage est lisse. Elle n'a ni yeux, ni nez, ni bouche, ni oreille. Ses cheveux sont plaqués sur le visage et elle est dénudée. Des proportions hors du commun, mais une construction mathématique particulièrement bien pensée.

Une femme tour à tour, si petite, si vivante. Surprenante par ses formes généreuses et menues, puissantes et retenues. Au visage sans regard mais néanmoins expressif.

Nathalie Rouquerol, préhistorienne

Nathalie Rouquerol, préhistorienne passionnée, habite à côté de la grotte des rideaux. Elle s’est rapprochée de cette sculpture énigmatique. Elle le dit haut et fort : c’est la plus belle découverte de sa vie. 

Joconde de la préhistoire

La Vénus a façonné son destin. Elle l'a ramené à ses premières amours de petite fille : l’archéologie. La précieuse sculpture est aujourd’hui conservée et exposée au musée de l’homme à Paris.

Tandis que la question se pose : mais qui est réellement cette femme, étrange et minuscule, qui a suscité tant de controverses et fasciné tant de scientifiques, d'historiens et même d’écrivains ou artistes, de Malraux à Picasso ? 

Nathalie Rouquerol s’entoure de plusieurs personnalités, spécialistes de l’histoire, de la science ou des arts, pour percer le mystère et nous révéler, enfin au grand jour, les secrets de la dame de Lespugue.

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