La découverte a eu lieu à Villeneuve-lès-Avignon dans le Gard, alors que la mairie souhaitait réhabiliter un palais cardinalice du Moyen Âge. La partition retrouvée gravée dans le marbre suscite l'intérêt de scientifiques venus du monde entier pour étudier ces notes uniques.
Un trésor du Moyen Âge, qui refait surface 700 ans plus tard. Des notes anciennes, des symboles intrigants, et même des inscriptions de chants remplissent une fresque murale d'une salle oubliée de La Livrée de la Thurroye, palais des cardinaux à l'époque papale d'Avignon.
Guy de Boulogne, cardinal et oncle du roi de France, y a séjourné jusqu'en 1373. C'est de cette époque que daterait la partition.
Partition étonnante
La mairie rachète l'ensemble de l'édifice en 2021. Stupéfaction chez les experts quand ils tombent sur cette fresque, c'est la première fois qu'ils voient une partition de ce genre comportant notes et chants entremêlés. Même son de cloche chez les musicologues dépêchées sur place, il s'agit bien d'une partition unique en son genre qui date selon eux du 14e siècle.
Face à la découverte inopinée, la mairie décide de réunir un comité exceptionnel de scientifiques venus du monde entier pour se pencher sur la partition, nous raconte Pascal Crépin, conseiller municipal chargé du patrimoine. "Cette aile-là du palais a servi successivement au fil des siècles à des menuisiers, ébénistes, et dernièrement à une vendeuse de chaussure. Elle n'avait jamais été restaurée ou inspectée", confie l'élu.
"Je rendrai le mal pour le bien"
La partition comporte l'inscription "Boulogne", du nom du cardinal, mais également des symboles de têtes de chien. Les paroles, écrites en vieux français, ont pu être déchiffrées. "Je rendrai le mal pour le bien" signifie l'une d'entre elles. "C'est le témoin d'une fin de 14e siècle agitée et incertaine pour le royaume, les paroles sont tristes" analyse Caroline Kuczynski, responsable du patrimoine pour la mairie également.
Le témoin d'une fin de 14e siècle agitée et incertaine pour le royaume
Caroline Kuczynski, Responsable du patrimoine
Selon les spécialistes, le chant serait une poésie à trois voix. "Signe d'une grande érudition de la part du ou des auteurs", avance la responsable du patrimoine.
Beaucoup de mystères encore non élucidés
Autre fait pour le moins surprenant, la partition relate des paroles profanes, au sein même d'une bâtisse religieuse où les plus grands Hommes d'Église résidaient. "Nous devinons mal l'utilité de cette salle aujourd'hui, bien qu'il puisse s'agir d'une salle d'accueil et d'apparat située au même étage que les appartements du cardinal" explique Pascal Crépin.
Pourquoi ici ? Pourquoi ce chant et ces symboles ? Pourquoi l'inscrire dans un mur ? Les historiens et scientifique du comité ont bien du mal à répondre à toutes ces inconnues pour le moment. La mairie a de son côté annoncé qu'elle garderait l'œuvre telle quelle pour les futurs visiteurs.
Ironie du sort, ou signe du destin particulier de cette salle, la mairie avait prévu avant même la découverte d'y déplacer l'École de musique de la ville.
En parallèle, la municipalité espère inscrire l'ensemble de l'édifice aux Monuments historiques.