Assommés et délaissés. C’est le sentiment partagé par les gérants de salles de sports à l’annonce du report de la réouverture des établissements au 20 janvier prochain par Emmanuel Macron. Une décision que les professionnels du secteur contestent, ils devraient déposer une plainte .
Hier soir, le président Emmanuel Macron a détaillé les mesures d’allègement du confinement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Si les commerces vont pouvoir rouvrir dès ce samedi 28 novembre, les salles de sports, elles, comme les cafés et restaurants devront encore attendre. La date d’une réouverture est donnée au 20 janvier 2021 mais rien n’est certain.
L'exécutif validera cette date "si le nombre de contaminations demeure en dessous de 5000 cas par jour" a déclaré le président lors de son allocution. Et c’est bien ce point d'incertitude qui inquiète les professionnels du secteur. Déçus, certes, de ne pas profiter de cette "embellie sanitaire"
Ca va être dur de tenir jusqu’à fin janvier beaucoup ne se relèveront pas.
Incertitude réelle sur la date du 20 janvier
Miguel Mestre est responsable de deux salles de sport à Toulouse. Effectivement déçu par cette annonce, pensant rouvrir le 15 décembre prochain, il ne fait désormais plus confiance au gouvernement.On n'y croit plus. C’est incohérent. Il y a les fêtes de Noël et de fin d’année et le gouvernement a décidé de « lâcher » à nouveau les Français comme au printemps et en janvier - à nouveau le nombre de contaminations va exploser c’est certain. On nous dira alors vous ne pouvez pas rouvrir le 20 janvier. Ce n’est plus possible !
Thierry Doll président du syndicat FranceActive se dit abasourdi par l’annonce :
"Nous avons un conseil d’administration extraordinaire cet après-midi, rien n’est encore décidé, mais je peux vous dire que les professionnels du secteur sont sonnés par cette annonce, on a pris un nouveau coup de massue".
Certains ne se relèveront pas, le secteur fitness en France a perdu 1,3 milliards d’euros cette année, soit 200 000 euros de perte d’exploitation par structure en six mois. On estime à 20% le nombre de dépôt de bilan à venir.
A Toulouse sur les 130 salles de sports et fitness, "6 ont déjà fermé et dans six mois, 40% devraient déposer le bilan", précise Miguel Mestre
Un secteur abandonné par l’Etat
Sous le coup de l’annonce les professionnels du secteur ne comprennent pas cette décision et se sentent délaissés par le gouvernement. "Nous avons mis en place des protocoles sanitaires drastiques, très efficaces, il n’y a jamais eu de clusters détectés dans nos établissements, pourquoi nous contraindre à nouveau", s’indigne Thierry Doll.Miguel Mestre parle d’effets d’annonce concernant les aides aux entreprises fermées administrativement en raison de la crise sanitaire. Le président Emmanuel Macron a indiqué hier lors d’une allocution télévisée que les entreprises pourront obtenir une aide correspondant à 20% de leur chiffre d’affaire annuel, au lieu des 10000 euros déjà proposés.
Cela fonctionne pour les cafés et restaurants mais cela s’applique mal à la gestion de nos salles de sport, c’est très disparate, j’ai touché au deuxième confinement 6900 euros par club, pas de quoi payer au moins le loyer. Cela ne colle pas du tout à la réalité du terrain. J’ai perdu 55% de ma clientèle en 6 mois, tous les jours je reçois des résiliations de mes adhérents, c’est 6 ans de travail parti en fumée.
"Délaissés nous le sommes vraiment, la ministre des sports vient demain après-midi à Toulouse et nous n’avons même pas été invités, comme lors de sa dernière visite d'ailleurs", rajoute Miguel Mestre.
Action en justice pour une réouverture le 4 janvier prochain
Douchés mais pas coulés, les professionnels du secteur s’organisent et demandent impérativement au gouvernement une réouverture le 4 janvier prochain. A Toulouse, ils ont sollicité la préfecture et les élus. Le syndicat FranceActive a recueilli la signature de plus de 300 salles de sports et fournisseurs qui vont déposer plainte contre le gouvernement d’ici la fin de la semaine. Une page Facebook pour "une réouverture le 4 janvier quoi qu’il en coûte " a été créée.A Marseille, une manifestation est prévue ce jeudi.
A Toulouse rien n’est encore décidé, mais demain jeudi 26 novembre, de nombreux responsables de salles de sports pourraient s’inviter en préfecture et demander un entretien avec la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, en visite à Toulouse.