Les enfants sourds peuvent demander à intégrer des classes spécialisées et suivre un enseignement bilingue en langue des signes. Seulement voilà, il n'existe que trois structures de ce type en France, dont une près de Toulouse. Et les places viennent à manquer pour la rentrée prochaine. Explications.
Des enfants sourds, dont les demandes de scolarisation au sein d'un pôle d'enseignement bilingue en langue des signes, pourraient bien être refusées. C'est ce que dénoncent depuis plusieurs semaines des parents comme Pamela Andrieu. Sourd de naissance, Ty, son petit garçon, se retrouve sur liste d'attente pour intégrer une classe de maternelle au pôle d'enseignement pour jeunes sourds à Ramonville-Saint-Agne.
"Ce sont des classes bilingues et c’est unique en France. Moi-même, j’ai grandi au sein des classes bilingues, ainsi que mes deux premiers enfants. Pour moi, c’était logique d’y inscrire le troisième", se lamente la maman de Ty.
Manque de places
Pamela Andrieu n'est pas la seule dans ce cas. Sur vingt demandes reçues pour intégrer de nouveaux élèves, seules trois ont été acceptées. Une situation que dénonce l'association de parents d'enfants sourds de Haute-Garonne.
"C'est vrai que ça inquiète beaucoup parce que les enfants qui vont être en intégration dans des classes d'entendants, au niveau cognitif et au niveau acquisition des apprentissages, ça ne va pas du tout fonctionner", estime Nathalie Bouchard de l'Apes 31.
Le PEJS, Pôle d’enseignement pour jeunes sourds, a été créé il y a quarante ans à Ramonville. Et c'est l’un des trois seuls en France à proposer une filière de la maternelle au lycée. Mais le nombre de places est fixé à 56 élèves sur l'ensemble des quatre classes primaires mises à disposition par la ville. Insuffisant, estime l'association qui entend saisir le tribunal administratif.
Trois structures sur toute la France
Augmenter à nouveau les effectifs nuirait à la qualité de l’enseignement, selon le maire de Ramonville-Saint-Agne qui pointe le manque de structures similaires dans d’autres académies. Trois PEJS sur tout le territoire national, ce n'est clairement pas assez.
"La loi de 2005 elle dit quoi ? Elle dit qu'il doit y avoir des Pôles d'enseignement pour jeunes sourds sur l'ensemble des académies de France, argumente le maire Génération.s, Christophe Lubac. Donc, le sujet n'est pas tant de savoir si l'académie de Toulouse a ou pas un PEJS et où il est situé, mais plutôt de savoir comment on fait pour que d'autres pôles se développent sur le territoire."
Le nombre de places est fixé par une convention signée entre la municipalité et l'Éducation nationale, qui décide aussi des affectations. Sollicité par nos soins, le rectorat n’a pas donné suite.
(Propos recueillis par Geoffrey Berg, Juliette Meurin et Eric Foissac)