"Ils s'assoient sur le droit de scolarité des enfants sourds" : des parents se battent pour l'apprentissage en langue des signes

À Toulouse, le Pôle d’enseignement des jeunes sourds propose un enseignement en langue des signes aux enfants sourds. Ce mercredi 15 mai, devant le rectorat, les parents élus et l'Apes 31 appellent à la mobilisation pour s'opposer à une décision de limiter le nombre d'enfants acceptés.

À Toulouse, les enfants sourds peuvent recevoir un enseignement bilingue LSF (langue des signes française) / français, grâce au Pôle d’enseignement des jeunes sourds (PEJS). Ces pôles ont été créés pour répondre aux textes législatifs notamment l’article L112-3 du Code de l’éducation qui pose le principe de "la liberté de choix entre communication bilingue (LSF et langue française) et une communication en langue française", tout en restant dans le cadre de l’école inclusive comme définie dans la loi pour la refondation de l’École de la République (loi n°2013-595).

Le PEJS, hébergé au sein des écoles Gabriel Sajus pour la maternelle et Jean Jaurès pour l’élémentaire, existe depuis presque 40 ans. C'est un dispositif unique sur l’académie et qui reste très rare en France. Le PEJS de Ramonville accueille donc des enfants de la commune, mais aussi de la région toulousaine.

"Cette intégration isole les enfants sourds"

Aujourd’hui, les parents élus des écoles Gabriel Sajus et Jean Jaurès de Ramonville-Saint-Agne tirent la sonnette d’alarme. En 2022, le rectorat et la mairie de Ramonville ont décidé une "convention" qui fixe désormais une limite du nombre d’enfants sourds pouvant être accueillis. Elle est de 56.

"Ce n’est pas possible de rajouter cette limitation, les parents n’ont que cette solution sur le secteur. Il n’y a pas besoin de fixer une limite : le fonctionnement mis en place est respecté par les parents, les effectifs sont stables depuis plusieurs années, il n’y a pas de problématique qui nécessite que ce quota soit diminué", souligne Valérie, membre du conseil administratif de l’Apes 31.

Pour elle, il est difficilement acceptable de mettre cette condition en place, sans proposer d’autres solutions, si ce n’est une intégration inclusive dans une école avec des élèves entendants. "À partir du moment où ces enfants communiquent en LSF, ils ne sont plus dans un accueil au mieux. Cette intégration isole les enfants sourds, et c’est inacceptable", martèle-t-elle.

"L’inclusion, ce n’est pas une solution"

Cécile Chevailler est parente élue à Jean Jaurès et maman de deux enfants sourds. Elle explique que déjà en 2022, lorsque six enfants n’avaient pas été acceptés à cause de cette nouvelle "convention", une mobilisation avait eu lieu pour qu’ils puissent être acceptés.

"Cette année, ils comptent vraiment l’appliquer. Et au vu des dossiers présentés, que l’on connaît, une dizaine d’enfants ne seraient pas acceptés. Et on ne leur propose pas d’autre solution, souligne-t-elle. L’inclusion, ce n’est pas une solution. On parle d’enfants sourds qui s'expriment en langue des signes, qui n’entendent pas, et on veut les inclure dans une classe d’entendants, dans le meilleur des cas avec un interprète. Sauf que ça existe peu, voire pas du tout."

Ils s’assoient sur le droit de scolarité des enfants sourds alors que c’est un droit fondamental.

Cécile Chevailler, parente élue à Jean Jaurès et maman de deux enfants sourds

De son côté, Valérie s’indigne : "On ne propose pas d’école à ces enfants, alors qu’on est obligé de les scolariser jusqu’à 16 ans."

Que tous les enfants soient acceptés

Pour se faire entendre, parents élus et membre de l’Apes 31 se sont donné rendez-vous devant le rectorat de Toulouse ce mercredi 15 mai. "On aimerait comprendre cette limite de 56", poursuit Cécile Chevailler. "C’est une aberration de se dire que ces familles peuvent être mises sur liste d’attente. Pour aller où ? Quand ? Quelles solutions on leur propose ?, s’interroge Valérie de l’Apes 31. On ne comprend pas pourquoi on nous met des bâtons dans les roues. Le parcours est déjà compliqué d’intégrer une école, il faut que les parents qui souhaitent choisir ce type d’enseignement adapté à leur enfant soient respectés. S’ils ont la notification de la MDPH, il ne doit pas y avoir d’autre barrière."

Par cette mobilisation, ils espèrent dénoncer cette convention et faire en sorte que tous les enfants soient acceptés. 

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