Témoignage. "Aux heures de pointe, je ne peux pas sortir de chez moi" : handicapée, elle se sent en danger face aux bus qui frôlent les piétons

Publié le Écrit par Aude Cheron

Depuis 2018, une habitante de Toulouse dénonce les conditions de circulation dans sa rue. Trop étroite, les bus ne peuvent s'y croiser sans empiéter sur les trottoirs mettant ainsi en danger les piétons. Un calvaire pour cette mère de deux enfants qui souffre de handicap. Lors d'une audience devant le tribunal administratif, le rapporteur public vient de rendre des conclusions qui vont dans son sens.

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Lucie Lafabrie ose à peine sortir à pied de chez elle. Infirmière, elle souffre d'un handicap qui altère son équilibre et la stabilité de ses déplacements. Elle estime mettre sa sécurité en péril à chacune de ses sorties. "Les bus, les poids lourds rasent chaque jour mon portillon. Quand je dois sortir, j'écoute si j'entends l'arrivée d'un bus. La rue est trop étroite et les bus roulent sur le trottoir. Les piétons peuvent être renversés ou percutés par leur rétroviseur", explique-t-elle.

Une rue trop étroite

Cette mère de deux enfants dont une petite fille de 4 ans mène un combat depuis 2018. Après plusieurs courriers recommandés et requêtes, elle attend que la mairie de Toulouse et la Métropole prennent des dispositions.

"Lorsque j'ai emménagé dans le quartier en 2013, il n'y avait pas de problème. C'était un quartier pavillonnaire et puis des résidences ont été construites. La circulation s'est densifiée et notamment celle des bus", précise Lucie Lafabrie. Mais la rue ne s'est pas élargie.

Lucie a pris des mesures. "Devant chez moi, la rue mesure 4,70 mètres. Un bus a une largeur de 3 mètres. Deux bus ne peuvent donc pas se croiser sans rouler sur le trottoir !" 

Lucie Lafabrie a donc saisi la justice administrative et le rapporteur public vient de rendre des conclusions qui lui sont favorables. Son avocate, Me Léa Laffourcade précise : "Ses conclusions sont complètement favorables. Il constate la dangerosité de la circulation. Et cela implique qu'il faut y mettre fin. Il donne un délai de six mois à la mairie et la métropole pour effectuer des aménagements." Il demande aussi un accès voiture à la propriété de ma cliente. Ce n'est pas systématique, mais le tribunal dans la grande majorité des cas suit le rapporteur."

Lucie Lafabrie et son avocate y voient une première reconnaissance des difficultés subies. Ce qu'elles dénoncent, c'est le fait que l'urbanisation du quartier se soit amplifiée sans tenir compte du contexte de la voirie. Et la situation pourrait encore s'aggraver avec l'arrivée d'une ligne de bus supplémentaire dans cette même rue.

120 bus par jour

Dans ses conclusions, son avocate s'appuie sur les horaires du bus Tisséo 19 et comptabilise 120 passages entre 5h30 et 22h. Elle cite également un rapport d'huissier qui constate en une heure le passage de 19 bus, 1 poids lourd et 146 véhicules légers.

Un enfer pour Lucie et sa famille.

J'adapte mes heures de déplacement à la circulation. J'évite les heures de pointe pour aller faire mes courses. Si je me déplace avec un sac de courses, c'est sûr, je vais me faire renverser.

Lucie Lafabrie, habitante handicapée de la rue du chemin de l'Hers

Ce qu'elle affirme avoir déjà vécu : elle a été percutée par le rétroviseur d'un bus.

Lucie Lafabrie espère que la justice lui donnera raison. "Je ne demande aucun dédommagement. Juste la réalisation d'aménagements. Des choses ont été faites pour ralentir la circulation, mais rien pour sécuriser les déplacements des piétons."

Dans l'attente de la décision de justice, Maître Laffourcader se veut confiante : "Ce n'est pas systématique, mais le tribunal dans la grande majorité des cas suit le rapporteur", conclut-elle.

De leur côté, la mairie et la métropole de Toulouse ne souhaitent pas s'exprimer avant la décision du juge attendue d'ici trois semaines.

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