Entre colère et désarroi, malgré le confinement, à Toulouse les librairies poursuivent leur activité

Depuis l’annonce du confinement ce jeudi 29 octobre, les libraires indépendants sont contraints de fermer leur commerce. Un véritable "coup de massue" pour la profession qui tente de poursuivre son activité en développant la livraison, le drive ou le click and collect.
 

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Les libraires indépendants à nouveau secoués par la crise de coronavirus dénoncent l’injustice de leur fermeture. "C’est laisser le champs libre à notre premier concurrent Amazone" explique Bruno Lamarque, de la librairie de la Renaissance. Des libraires à nouveau contraints de baisser le rideau mais qui résistent en proposant des solutions alternatives à leur clientèle.
Commandes en lignes via les réseaux sociaux et sites internet ou encore par téléphone, les libraires indépendants toulousains s’organisent. Ce matin, la librairie Ombres Blanches à Toulouse était submergée d’appels et de commandes, un signal positif même si toute la profession espère obtenir l’autorisation de rouvrir très prochainement.  

Livraisons, drive, click and collect dans le respect des gestes barrières

A Toulouse, comme un peu partout en France, les librairies indépendantes poursuivent leur activité en mettant en place des drives, du click and collect ou encore la livraison. Via leur site internet ou Facebook, la clientèle peut passer commande. Aucun client n’a accès au magasin, les livres sont à retirer après commande et paiement sur internet, sur rendez-vous les clients récupérent l’ouvrage sur le pas de porte de la librairie, c’est le "click and collect". En France de nombreuses librairies proposent le retrait des commandes comme on peut le voir sur cette carte.

Un système qui se répand un peu partout ces derniers temps, utilisé par de nombreux commerces de proximité pour faire face à la crise. 

[ Infos Confinement - Commandes - Drive ] Chers amis, chers clients, La librairie a à nouveau fermé ses portes jeudi...

Publiée par Librairie Privat sur Vendredi 30 octobre 2020

Les livres peuvent aussi être commandés par téléphone ou internet et livrés par la poste. Certaines librairies de quartiers effectuent des livraisons de commandes groupées, comme la librairie de la Renaissance. Ici aussi ce matin le téléphone n'a pas cessé de sonner "aujourd’hui, on tente de sauver ce qui peut l’être", explique Bruno Lamarque. La librairie la Renaissance a été créée en 1944 à la libération, c’est la plus ancienne librairie indépendante de Toulouse installée dans le quartier du Mirail.

Ses fondateurs ont remis en vente des livres brûlés ou interdits sous l’occupation, on porte cet héritage depuis 77 ans alors voir écrit sur des banderoles l’interdiction de vendre des livres, des rayons bâchés...ça rappelle des jours sombres.
 

Le drive ou le click and collect ou encore la livraison ne sont que des solutions de services, une alternative pour résister à la concurrence, Anne Bougerol, président de la librairie Privat, est pessimiste :

On enregistre entre 800 et 1000 euros de commandes par jour via internet alors qu’en vente magasin on est sur du 5000 euros en moyenne, le drive ou le click and collect c’est toujours ça mais vous le voyez cela ne suffit pas, déjà la moitié de nos salariés sont au chômage partiel.


 

Notre librairie est à nouveau fermée au public pour une période indéterminée…mais les libraires seront là pour vous...

Publiée par Librairie de la Renaissance sur Vendredi 30 octobre 2020

 

Fermeture injuste, entre "colère et désarroi"

Le cri d’alarme des libraires indépendants la semaine dernière semble avoir été entendu par le gouvernement. A l’annonce du confinement, alors que les librairies avaient l’obligation de fermeture, la vente de livres dans la grande distribution ou à la FNAC, elle, était toujours autorisée. Une concurrence déloyale dénoncée par la profession, une activité suspendue par les autorités depuis samedi pour une durée de quinze jours. Cependant comme dans les librairies, le retrait de commandes passées en ligne restera la norme.
Une décision incompréhensible pour Anne Bougerol, présidente de la librairie Privat à Toulouse :

au lieu de nous laisser poursuivre notre activité tout en respectant les mesures sanitaires obligatoires, le gouvernement interdit la grande distribution à vendre des livres !


Soutenues par la critique littéraire, journalistes, écrivains, lecteurs, le gouvernement pourrait lacher du lest, les librairies pourraient rouvrir d’ici une quinzaine de jours sous protocole sanitaire. Le dispositif de fonds de solidarité a été réactivé et renforcé.

Le mois de novembre est un mois très important, ne parlons pas du mois de décembre… rouvrir ce sera toujours mieux que le drive et autres alternatives mais comme on doit limiter le flux des entrées, on ne pourra pas effectuer le même chiffre d’affaires que l’an passé.

Anne Bougerol

 

Amazon, "fléau" des librairies indépendantes et commerces de proximité


Fermer les librairies indépendantes, un coup de massue pour les librairies et le monde du livre en général, "pour les éditeurs, les auteurs c’est une catastrophe", déclare Bruno Lamarque. "On est partenaire du festival Toulouse Polars du Sud 2020, on est irréprochable sur l’application des mesures sanitaires, on maîtrise, je ne comprends pas cette décision de fermeture".
 

C’est laisser libre champs à Amazon, notre plus gros concurrent qui depuis le début de la crise enregistre une augmentation de 37% de son chiffre d’affaires. Amazon tue tous les petits commerces de proximité, comment peut-on laisser la place à ce géant qui livre en une heure à peine, des livres, des fruits ou des fleurs, on nous assassine ! On n'a pas les tarifs postaux à 10 centimes, nous.

Publiée par Librairie de la Renaissance sur Jeudi 29 octobre 2020

Bruno Lamarque semble avoir été en partie, entendu. La ministre de la culture Roselyne Bachelot, vient d’annoncer que les tarifs postaux seront "considérablement diminués" pour les envois de livres commandés en librairies.

N'achetez pas des livres sur les plateformes numériques …Oui, Amazon se gave, à nous de ne pas les gaver.

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture


Une pétition appelant à laisser les librairies ouvertes a été mise en ligne par le journaliste François Busnel, il avait déclaré sur Franceinfo que fermer ces établissements "c’est nous priver du meilleur bataillon pour affronter l’obsurantisme."

Bruno Lamarque, le dit avec conviction, "pour lutter contre le géant Amazon, qui nous dévore petit à petit, il faut un réveil de conscience des citoyens."

A Toulouse, de nombreux libraires indépendants restent mobilisés. En Belgique, les librairies ont été classées " commerces essentiels, le  gouvernement de Croo souhaite " préserver la santé mentale des Belges".

 
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